Quand on était des petites brutes
When We Were Bullies affiche

(When We Were Bullies)

2021

Réalisé par: Jay Rosenblatt

Avec: Mark Athitakis, Wendy Newman, Richard J. Silberg

Le documentaire de 33 minutes Quand on était des petites brutes (When We Were Bullies) par Jay Rosenblatt est un objet étrange à plus d’un titre.

Le film commence par une tirade du cinéaste nous expliquant que pour un de ses projets précédents, il cherchait une voix off car il déteste son propre timbre. Et c’est la rencontre avec le comédien qui a fait cette voix off il y a 30 ans qui est à l’origine de When We Were Bullies. En effet, fruit d’un hasard extraordinaire, ce comédien n’est autre qu’un ancien camarade de classe dans une école publique de Brooklyn, il y a plus d’un demi-siècle (1965) et cette rencontre fortuite fait ressurgir des souvenirs douloureux pour les deux hommes, à savoir ce moment ou ils ont harcelé puis brutalisé un de leur camarade de classe. Oui vous avez bien lu, cet évènement est traumatisant pour les bourreaux.

Jay Rosenblatt, grâce à un travail de détective du dimanche va tenter de comprendre ce qu’il s’est passé ce jour ou toute une meute d’élèves s’est jetée sur Dick pour lui faire payer une punition de classe collective

Jay Rosenblatt remonte dans le passé et contacte ses anciens camarades de classe un à un. Leurs souvenirs de l’attaque sont pour le moins flous. Par contre ils se souviennent tous que Dick était un élève bizarre et non intégré. L’institutrice de l’époque une certaine Madame Bromberg, toujours en vie, affiche également à 92 ans passés une mémoire défaillante sur le sujet et ne dit pas grand-chose d’autre sur le sujet que les filles sont des pestes entre elles alors que les garçons sont plus faciles à partir du moment où ils savent lancer et recevoir une balle de baseball. Tous ces témoignages complètement inutiles nous font dire que ça n’est pas en voyant When We Were Bullies qu’on comprend le mécanisme qui se cache derrière le harcèlement scolaire. Ce qui est sûr c’est que Jay Rosenblatt est très à l’aise avec l’idée de se mettre en scène essayant de comprendre comment lui, cet homme si sensible a pu tomber dans ce travers, bien malgré lui (vous la sentez mon ironie ?)

When We Were Bullies Illu 1

Car oui, When We Were Bullies est gênant. Et le comble de l’histoire c’est que le cinéaste ne juge pas utile de donner la parole à sa victime. Il préfère interroger un à un TOUS ses anciens camarades de classe et même face caméra, laisser parler son ami comédien  qui explique que très probablement ils se sentent coupables pour rien puisque ce Dick a très certainement oublié l’incident et a vécu une belle vie.

Sur un plan formel, le film oscille entre images d’archives filmées en super 8, probablement issues des archives personnelles de Jay Rosenblatt, de petites illustrations animées assez réussies pour symboliser les différents appels téléphoniques qu’ il effectue et des plans (assez laids) filmés à l’iPhone lorsqu’il interroge des personnes de visu. Amateurs de grand cinéma et de belles images, passez votre chemin.

Au final, si le film se veut être un outil de compréhension des mécanismes derrière le harcèlement scolaire, c’est un échec total. Le sentiment qui prédomine une fois le court métrage terminé est celui d’une tentative de dédouanement personnel de la part du cinéaste au mépris de sa victime elle-même. Le film se conclut même par une lettre à Dick dans laquelle Jay explique que derrière ce projet, ce n’est pas lui le sujet mais eux, les bourreaux. Merci, on avait compris.


Quand on était des petites brutes est disponible sur le site d’Arte et est nommé aux Oscar (pourquoi?) dans la catégorie Meilleur court métrage documentaire

Car le 10/10 est réservé à Barry Lyndon selon le barème de Grey

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