Les Promesses
Les promesses affiche

2022

Réalisé par: Thomas Kruithof

Avec: Isabelle Huppert, Reda Kateb, Naidra Ayadi

Film fourni par Wild Side

Comment traiter la cause politique en art ? Au cœur d’une des périodes électorales les plus houleuses qu’ait connu la France dans ces dernières années, Thomas Kruithof s’est saisi en 2022 de la politique locale en banlieue comme toile de fond de son 3e long-métrage, Les Promesses. Un film prometteur, bien loin du manichéisme dont le cinéma français nous avait habitué sur ces sujets ces derniers mois, à en croire sa bande-annonce. Essai transformé ?

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Mettre des visages sur des causes, telle semble être la mission qui investit Thomas Kruithof. D’entrée, Les Promesses dressent le tableau de deux mondes qui s’entrechoquent. D’un côté la sphère politique, superficielle et vaniteuse ; de l’autre, la précarité des banlieues, à dimension plus humaine (l’antithèse d’un BAC Nord en somme). Dans l’optique d’une subvention vitale, ces deux univers vont malgré eux devoir s’unir et mettre de côté les intérêts personnels pour parvenir à leurs fins. 

Ce qui pourrait être une trame de feel good movie sert à Thomas Kruithof à construire son drame en ôde contre l’individualisme (qui condamnera systématiquement les personnages à l’échec) et le mensonge. Animé d’une volonté brute d’écorcher les statures, le réalisateur ne ménage pas ses personnages, Clémence et Yazid (interprétés par Isabelle Huppert et par un brillant Reda Kateb) en tête. D’une grande messe sociale, Les Promesses confronte l’honneur et l’humanisme pour dresser un portrait acerbe de la politique locale et nationale, rappelant assez justement la vacuité des engagements dans le milieu lorsqu’ils s’opposent aux intérêts. L’héroïsme est ici affaire de légende, seuls comptent les actes qui font des personnages des êtres plus ou moins bons.

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Si l’on ne peut qu’attester la richesse thématique de l’œuvre, il n’en reste pas moins que le film souffre de nombreux écueils. Voguant de sujet en sujet, esquissant le contour sans jamais aller au bout de ses (bonnes) idées, laissant en bouche un goût d’inachevé. La portée de ses promesses est grande ; néanmoins, on ne ressent jamais dans le métrage ce petit quelque chose qui peut l’élever au-dessus de la masse, alourdi inutilement par un amoncellement d’idées jamais pleinement exploitées. S’il a le mérite de s’ouvrir avec humilité sur certaines thématiques rares au cinéma (les marchands de sommeil par exemple), le film est alourdi par une sensation de traitement jamais complet de ce qu’il propose, avançant par soubresauts plus que par fluidité vers un final “facile”. Ni vraiment drame, ni vraiment thriller, Les Promesses, s’il reste digeste et même agréable par moments, a des airs de fourre-tout, plein de bonnes intentions mais handicapé par une exécution maladroite.

C’est là que le bât blesse ; Les Promesses ne peut pas être rangé dans la case des mauvais films. Il appartient à ces métrages plein de promesses, ceux que l’on a envie d’aimer malgré leurs défauts, ceux qui nous touchent avec un message juste mais maladroit. On aurait aimé que le film de Thomas Kruithof nous transporte au-delà de nos espérances ; malgré la déception, on essaiera de se rappeler du message et de quelques moments de bravoure.

Les Promesses est à retrouver chez Wild Side, le 26 mai en achat digital, et le 8 juin en Blu-ray, DVD, et VOD, avec en bonus:

  • Une interview du réalisateur
  • Les bandes annonces

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