Underwater

2020

de: William Eubank

avec: Kristen StewartVincent CasselT.J. Miller

On dit que 95% des fonds marins restent à explorer. Une immense majorité donc et pourtant, cette abyme inconnue n’est que rarement mise en avant au cinéma, qui lui préfère le vide spatial, plus propice à une science fiction grandiloquente. Il existe bien des exemples tout de même, notamment le très bon “Abyss”, mais ils se comptent sur les doigts d’une main. “Underwater” avait donc de quoi s’avérer alléchant pour le fan de SF en mal d’originalité. Génie profond ou coup dans l’eau? Réponse en quelques lignes.

Malheureusement, on ne va pas pouvoir faire durer le suspens bien longtemps, car l’éternel paragraphe dédié au résumé va être bien explicite. Kristen Stewart (ne nous demandez pas le nom des personnages, on les a oubliés, c’est dire) se brosse tranquillou les dents dans sa station sous-marine quand une série d’explosions entraîne l’effondrement d’une partie du bâtiment. Rapidement, elle va rejoindre une poignée d’autres rescapés, dont notre Vincent Cassel national qui après “Westworld” semble vouloir relancer sa carrière à coups de projets bancals. Ensemble, ils vont braver les dangers sous-marins mais aussi de mystérieuses créatures inconnues pour rejoindre une autre station. Voilà, point A, point B, et entre les deux péripéties: rentre chez toi Orson Welles.

D’accord, du calme, on fait preuve d’une méchanceté un peu gratuite, cette formule pouvant s’avérer efficace bien que peu risquée. D’autant plus que le début du film affiche un rythme sympathique. Seulement voilà, pour que le concept soit séduisant, il aurait fallu savoir faire preuve d’originalité, et pas seulement multiplier les clins d’oeil aux cadors du genre, et là c’est raté.

Déjà dans ses personnages: le seul qui semble à peu près bien délimité est celui de Kristen Stewart, mais qui rappelle furieusement Sandra Bullock dans “Gravity”. Les autres? Un ramassis de clichés et d’imbéciles, allons-y franchement. Ce premier clin d’oeil cinématographique s’avère être le plus discret, et la révérence ultime, “Underwater” va la faire à James Cameron.

« Mais où il est l’allume-cigare? »

En premier lieu, en reprenant certains codes de “Abyss” que l’on mentionnait plus haut. À la limite on pourrait comprendre, le film étant un des rares exemples d’aventure sous-marine. Encore faudrait-il y ajouter un peu d’originalité au lieu de se reposer dessus. Mais on a aussi perpétuellement penser à “Aliens”, et cette fois ça passe beaucoup moins bien. Déjà dans la manière dont les membres de la station disparaissent un à un sous la menace des créatures sous-marines. Quand l’une d’elle s’accroche au casque d’un protagoniste, pour essayer de lui bouffer la tête, le tout filmé par la caméra de la combinaison d’un comparse, on fait le deuil de l’originalité. On n’ose même plus parler de plagiat, mais plutôt d’hommages bien trop marqués tellement les gesticulations épileptiques de “Underwater” sont légion.

Mais si le film assume son hommage à James Cameron, il est bien plus sournois en ce qui concerne les jeux-vidéo. Un personnage qui emploie un outil futuriste comme arme et l’ambiance générale évoquent fortement “Deadspace”. Mais surtout, toute cette structure narrative, sous l’océan, et la plupart des rebondissements vont clairement aller copier “Soma”. Ça marche peut-être sur ceux qui ne suivent pas l’actualité vidéoludique, mais pas sur Les Réfracteurs ! “Underwater” est une version lourdingue et titubante de ces 3 jeux qui eux sont des chef-d’oeuvre.

Pire du pire: le film ne peut même pas se reposer sur sa réalisation, qui dès la deuxième moitié devient complètement illisible. Les affrontements avec les créatures sous-marines manquent cruellement de talent de mise en scène, et à force de ne pas bien comprendre visuellement, on se désintéresse complètement des enjeux (déjà peu passionnant) du film. Un sentiment de pure répétitivité qui va contaminer tout le dernier tiers du film comme un virus.

Underwater” tourne au naufrage et rien ne le sauvera de la noyade. Une formule qui montre dès les premières minutes ses limites et qui ne contentera que ceux qui se laissent encore bercer par ce schéma. Dans l’océan, personne ne vous entendra crier.

Nicolas Marquis

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