Josey Wales hors-la-loi

(The Outlaw Josey Wales)

1976

réalisé par: Clint Eastwood

avec: Clint EastwoodSondra LockeChief Dan George

Avez-vous déjà remarqué à quel point certaines époques de l’Histoire s’accordent idéalement avec le 7ème art? On pourrait aisément évoquer l’Antiquité et les péplums qui ont connu un âge d’or indéniable sur grand écran, ou encore le Japon féodal et ses samouraïs prêts à sortir leurs katanas. Mais aujourd’hui, c’est une fois de plus sur le western qu’on va s’attarder. Le cadre historique qu’il propose est toujours propice au cinéma de tout genre tant la situation politique du pays de l’oncle Sam est singulière durant ces années troubles. Entre bandits à la gâchette facile, soldats pris dans la guerre de sécession et demoiselles esseulées, de nombreux longs-métrages se sont placés dans ce contexte historique pour développer des drames, des films d’action, et parfois même des comédies. Clint Eastwood figure sans conteste parmi les acteurs emblématiques de ce genre et on va poser aujourd’hui quelques mots sur l’une de ses pellicules pour laquelle il assume non seulement le rôle titre mais aussi le boulot de réalisateur: le film d’aventure “Josey Wales, hors-la-loi”.

Son personnage, qui donne son nom au film, est un paisible fermier qui vit du travail de la terre avec son fils et sa femme jusqu’au jour où une bande de fous de la gachette viennnent décimer sa famille. Josey décide alors de vivre une vie de bandit mais il va rapidement découvrir que ceux qui sont à l’origine du drame ont rejoint les rangs de l’armée Yankee en échange d’une amnistie. Alors qu’ils vont se lancer sur les traces de Josey Wales pour empocher la coquette prime qu’il a sur sa tête, ils vont devoir faire face à la soif de vengeance du personnage qu’interprète Clint Eastwood.

Hey Blondin!

Pouvoir compter sur Clint Eastwood pour interpréter le premier rôle d’un western est toujours un gage de qualité. L’acteur et réalisateur est totalement conscient de l’image qu’il a dans l’imaginaire collectif et il en joue à merveille dans “Josey Wales, hors-la-loi”. On retrouve avec un certain délice un de ces héros taciturnes et diablement charismatiques qui ont fait la renommée du comédien. Sa cicatrice sur la joue, les dents serrées et la mine patibulaire qu’arbore Josey Wales aident à construire un anti-héros qui ne peut rappeler que de bons souvenirs.

C’est d’autant plus efficace que les dialogues du film sont plutôt efficaces. Les répliques fusent et claquent comme des coups de fouet: Josey a la répartie facile et chacune de ses saillies verbales fait mouche. On ne va pas crier au génie d’écriture mais alors qu’on dresse la liste des points forts du film, cet aspect a su nous séduire.

Clint Eastwood n’est pas qu’acteur du film, il assume également le rôle de metteur en scène. Si son style va se faire très, voire trop, académique, on peut tout de même mettre en avant son sens des couleurs qui restitue la pluralité des paysages américains. On passe du vert des forêts luxuriantes au jaune des terres désertiques en quelques minutes. Une façon de trouver du rebond dans une histoire qui va souffrir de plusieurs lacunes.

« Salut beau gosse! »

Une balle dans le pied

Ces soucis vont débuter dès l’entame du film. Alors que Clint Eastwood pose les bases de son histoire, en montrant le massacre de la famille Wales, on s’interroge devant la rapidité avec laquelle le cinéaste va expédier les origines du destin de Josey. Peut-être pire encore, jamais, passé cette minuscule poignée de minutes, le réalisateur ne semble vouloir jouer de ce drame. C’est un des moteurs de l’intrigue dans une certaine mesure certes, mais dans la psychologie du héros du récit, on ne trouve pas totalement d’écho à cette tragédie.

Le tempo de “Josey Wales, hors-la-loi” va quant à lui se faire franchement laborieux. On ne sent pas de rebond dans ce qui est sûrement un pur film d’action de l’époque: les temps morts manquent de tension, et les affrontements laissent eux relativement froid. Ce n’est pas la musique du film banale à souhait qui viendra rehausser ce sentiment de film un peu futile.

Car il est là le principal défaut de “Josey Wales, hors-la-loi”: on ne s’imprègne de rien dans le long-métrage, rien ne marque de manière durable, on se contente d’être passif devant un divertissement qui accumule les facilités, on se désintéresse. N’est pas Sergio Leone qui veut et on éprouve ici un sentiment étrange, celui de voir le héros anonyme du “Bon, la brute et le truand”, qui aurait troqué son cigare contre du tabac à chiquer, dans une version un peu ratée de ses aventures.

Le nouveau continent

Sauvons tout de même quelques idées scénaristiques plus profondes dans le film de Clint Eastwood qui viennent nous tirer de notre torpeur pour nous interpeller. Il y a par exemple la volonté affirmée d’attaquer frontalement les mythes de la construction américaine pour en donner une image plus conforme à la réalité. C’est toujours intéressant de voir un western, un genre qui a pourtant contribué à la réécriture de l’Histoire, dépeindre les tuniques bleus comme des opportunistes sans cœur, les indiens comme un peuple opprimé et le climat ambiant comme violent à l’extrême.

Josey Wales, hors-la-loi” se pose également dans une époque qui signe la fin des grandes légendes du western. C’est le crépuscule des bandits de grands chemins qu’affiche le film, le terme d’une ère et le début d’une nouvelle où la société est plus structurée. On retrouve ce dogme dans les acolytes qui viennent se greffer autour de Josey: par exemple, un indien vieillissant et transformé par l’homme blanc, ou encore des femmes indépendantes prêtes à revendiquer leurs terres.

Le long-métrage a également su nous interroger sur notre rapport à la violence morale. Les valeurs humaines fondamentales sont bafouées dans l’œuvre, chahutées à plus d’une encablure du scénario. Si “Josey Wales, hors-la-loi” n’a pas bouleversé la philosophie moderne, son ton semble être relativement juste. À quelques instants, certes pas en permanence, la tension dramatique a pu s’appuyer sur ces fondations très réalistes pour que la pellicule gagne en envergure.

Josey Wales, hors-la-loi” n’est pas un grand film. Quelques notions interpellent mais globalement, le long-métrage ne laisse aucune trace durable chez le spectateur une fois le charisme légendaire de Clint Eastwood dépassé.

Nicolas Marquis

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