(دری سندری د بینظیر لپاره)
2021
Réalisé par: Gulistan Mirzaei, Elizabeth Mirzaei
Film vu par nos propres moyens
Concourant dans la catégorie “Meilleur court métrage documentaire” aux Oscars 2022, Trois chansons pour Benazir est une courte pastille d’environ 20 minutes, présente sur Netflix.
Durant un bref instant, à travers des instantanés de la vie de Shaista, un jeune homme afghan, et plus implicitement de sa femme Benazir, les cinéastes Gulistan Mirzaei et Elizabeth Mirzaei nous plongent en immersion dans le quotidien de ce couple, résidant au sein d’un camp de réfugiés, dans une précarité qu’on devine oppressante.
Shaista a un rêve, celui de servir son pays face à la résurgence des talibans, en devenant soldat, et c’est là que réside le cœur du propos de Trois chansons pour Benazir. Si la ferveur du protagoniste principal semble sincère, elle s’oppose à de nombreuses barrières: d’une part, la grossesse de Benazir le rappelle à son futur devoir de père. D’autre part, l’opinion de sa famille sur sa vocation se veut critique. Tous craignent la vengeance des barbares si Shaista s’engage dans la voie qu’il espère, à tel point qu’il lui interdisent d’aller plus loin dans ses démarches, alors que leur aval est nécessaire. Le documentaire nous interroge également sur le bien fondé de l’ambition du jeune homme: dans un pays où l’éducation est souvent contrariée par la guerre, Shaista y voit une opportunité de s’instruire. Plus subtilement, Trois chansons pour Benazir expose le spectre des conflits sur l’Afghanistan: perpétuellement, un dirigeable militaire plane au-dessus du camp de réfugiés, comme le symbole d’un danger imminent.
Pourtant, le court métrage propose également des instants de vie, où la pauvreté s’efface devant la joie. Si le ton est majoritairement pessimiste, la naissance du fils de Shaista et Benazir, ou une fête improvisée dans laquelle la musique résonne, font de Trois chansons pour Benazir une œuvre au regard doux-amer, ni misérabiliste ni joyeuse. Le court métrage se veut authentique, cohérent avec le quotidien des personnes qu’il met en lumière, une véritable chronique sincère.
Pour y parvenir, Gulistan Mirzaei et Elizabeth Mirzaei utilisent la retenue: aucune narration intempestive, pas de musique extradiégétique, aucune image d’archive de l’Afghanistan… C’est dans le minimalisme que s’épanouit Trois chanson pour Benazir qui se permet tout juste de tricher à travers deux ou trois plans plus installés. Cependant, une question essentielle se pose devant ce parti pris: quelle est la mission profonde du court métrage ? Donner une vision exacte du quotidien d’un afhgan dans un pays en plein tumulte ? Il semble que oui, mais le choix de rester perpétuellement fixé sur Shaista, au détriment des autres intervenants, fait de Trois chansons pour Benazir tout au plus un portrait intime d’une personne en particulier, loin de caresser la vérité générale espérée et l’exhaustivité des points de vue. Probablement le format visé, ne dépassant pas la demi heure, nuit également à la profondeur. Certains élans du documentaire, comme sa dernière portion plus dramatique, passe à la trappe devant trop de précipitation.
Trois chansons pour Benazir est disponible sur Netflix et nommé aux Oscars 2022 dans la catégorie « Meilleur court métrage documentaire ».
Trois chansons pour Benazir apparait intéressant mais ne survit pas à la courte séance proposée. On peut s’attacher un temps à son héros et à son parcours, mais on n’atteint jamais un degré réflectif supérieur.
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