Perfect Blue
Perfect Blue affiche

(パーフェクトブルー)

1997

Réalisé par: Satoshi Kon

Avec: Junko Iwao, Rica Matsumoto, Shinpachi Tsuji

Film vu par nos propres moyens

L’idole de J-Pop Mima annonce sa décision en plein concert d’arrêter sa carrière de chanteuse pour se lancer dans celle de comédienne au cinéma. Naturellement, cette annonce surprend et déplait à ses fans. Mima peut néanmoins compter sur ses deux agents très protecteurs avec elle. Mais peu à peu, les deux s’opposent. Le premier est prêt à casser son image de petite fille et à la faire jouer dans des films « matures » la poussant même à se découvrir et accepter des scènes de nu, voire de viol tandis que la seconde n’a aucune envie de voir Mima se « dégrader » et refuse de continuer à la suivre sur cette voie. 

Perfect Blue illu 1

Troublée, Mima fait face à ses doutes. A-t-elle fait le bon choix ? Ce petit rôle à la télévision qu’elle a accepté la rendra-t-il célèbre ? Lorsqu’elle accepte de tourner des scènes de nu, elle s’interroge sur la direction que prendra sa carrière, comme le font toutes les actrices évidemment. Mais il y a aussi l’attitude de ses fans qui l’inquiète. Surtout l’un d’eux qui semble la suivre partout et se montre menaçant. Soumise à toute cette pression, Mima apprend que quelqu’un tient un blog à son nom sur internet, quelqu’un semblant tout connaître de sa vie et détestant sa carrière de comédienne.

Premier long métrage d’animation de Satoshi Kon, Perfect Blue est produit par l’emblématique studio Madhouse. Ce film lui est commandé par le producteur Maruyama très enthousiasmé par son travail sur Jojo’s Bizarre Adventure, un manga culte ayant connu plusieurs adaptations en OAV avant la série passant actuellement sur Netflix. Le projet est d’adapter le roman Perfect Blue : Métamorphose d’une idole, de Yoshikazu Takeuchi. Satoshi Kon envisage d’abord un film en live, avec des prises de vues réelles et des comédiens de chair et de sang avant de se raviser. En effet, étant donné certaines scènes choquantes du film, il était plus facile d’en faire un film d’animation. 

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Ce qui devait être un simple OAV connaît un succès inattendu. D’autant plus que Satoshi Kon s’est largement éloigné du script original, très proche du roman, pour livrer une œuvre qui flirte entre la folie et le réel, et sort du cadre du thriller plus classique. À dire vrai, Perfect Blue se situe certes dans l’univers tristement réel des idoles victimes de leurs fans (certaines ont subi des agressions sexuelles ou meurtrières), mais on ne peut s’empêcher de penser aux giallos de Dario Argento, aux thrillers Hitchcockiens et surtout à Mulholland Drive de David Lynch tant il y règne, au-delà de l’intrigue de base, une atmosphère de glissement entre la réalité et le rêve donnant un sentiment d’irréalité et surtout de folie.

En effet, l’histoire de base semble pour le moins assez commune : une chanteuse qui abandonne sa carrière montante pour celle de comédienne n’a rien de très original, et celle d’une petite star traquée et harcelée par ses fans est tristement réelle, plus encore au Japon. Le film débute comme un thriller classique mettant l’accent sur les difficultés auxquelles est confrontée l’héroïne, mais bientôt le doute s’insinue. Et si la touchante héroïne n’était pas aussi saine d’esprit qu’il n’y paraît ?

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Le film laisse planer le doute sur sa santé mentale, voire celle du spectateur. Tout ce qu’on voit est-il bien réel ? Où commence le l’histoire et où s’achève-t-elle, tout ce qu’on nous montre existe-t-il vraiment ? Le sentiment de glissement est d’autant plus saisissant que le choix de l’animation vient le renforcer. Le dessin confère en lui-même un sentiment d’irréalité et d’étrangeté et rend possible ce décalage. L’autre intérêt du choix de l’animation est ce dessin presque enfantin qui vient trancher avec l’atmosphère qui devient de plus en plus sombre et poisseuse. Renforçant la différence entre le rêve entourant les idoles et la réalité plus triste pour ne pas dire malsaine et lugubre.

Véritable réussite, le film va avoir son petit succès à l’international et ainsi lancer la carrière de son auteur. S’en suivra Millenium actress qui s’intéresse à une actrice arrêtant brutalement sa carrière au faîte de sa gloire. Des thématiques semblables à Perfect Blue y seront abordées, mais surtout, le succès au rendez-vous confirmera le lancement de la carrière de Satoshi Kon qui continuera ensuite avec Tokyo Grandfather et puis Paprika en 2006. Malheureusement, il nous a quittés en 2010 suite à un cancer du pancréas.

Perfect Blue est édité par Kazé

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