John Ford : Premiers Westerns
John Ford : Premiers Westerns affiche

Films fournis par Rimini Éditions, dans un coffret regroupant trois réalisations de John Ford:

Le Ranch Diavolo

(Straight Shooting)

1917

Avec : Harry Carey, Duke R. Lee, George Berrell

À l’assaut du boulevard

(Bucking Broadway)

1917

Avec : Harry Carey, Molly Malone, L.M. Wells

Du sang dans la prairie

(Hell Bent)

1918

avec : Harry Carey, Duke R. Lee, Neva Gerber

Quand on parle de John Ford, on ouvre un immense chapitre de l’histoire du cinéma américain, couvrant cinquante années et certaines des plus belles heures du western, le genre que le cinéaste marqua sûrement le plus de son empreinte. On connaît ses incontournables, tels que La Prisonnière du Désert (1956), La Chevauchée Fantastique (1939), ou encore L’Homme qui tua Liberty Valance (1962), pour ne citer qu’eux. Mais comme toute histoire, celle-ci connut un début, et c’est à cette époque, aux premières heures du cinéma, que Rimini Éditions nous propose de revenir, avec John Ford : Premiers Westerns.

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Nous voici transportés plus d’un siècle en arrière, en 1917, lorsqu’un jeune cinéaste encore nommé Jack Ford, passa à la réalisation. Le cinéma était loin de lui être étranger, car il avait déjà intégré ce monde, notamment guidé par son frère Francis, dont il suivait les traces depuis quelques années. Mais en cette année 1917, Jack a l’opportunité de voler de ses propres ailes et de réaliser son propre film. Déjà à l’époque, il tourne des westerns, avec l’acteur Harry Carey, figure du cinéma américain de l’époque, qui allait devenir le binôme du cinéaste pendant quelques années.

Si les tous premiers films de de John « Jack » Ford sont perdus, certains ont survécu à l’épreuve du temps, comme Le Ranch Diavolo (Straight Shooting), son plus ancien film à avoir été conservé, et présent dans cette édition. Sorti le 27 août 1917, ce film d’une heure raconte les oppositions entre colons et cowboys, entre monde civilisé et harmonie avec la nature. Le carton d’introduction semble décrire les colons comme étant un problème, mais se sont en réalité certains cowboys devenus hors-la-loi qui viendront semer le trouble. Au cœur de tout ce tumulte, le personnage de Cheyenne Harry, campé par Harry Carey, tiraillé entre les deux mondes, emprunte progressivement le chemin de la rédemption.

John Ford : Premiers Westerns illu 2

Là, déjà, le spectateur qui connait un minimum John Ford y trouvera certaines composantes essentielles et récurrentes de son cinéma : grands espaces, composition réfléchie des plans qui s’inspire souvent de la peinture, opposition entre le monde de la campagne et celui de la ville, vision d’un monde où tout semblait possible, héros ambivalents et fragiles, avec leurs défauts mais une beauté intérieure indéniable. Bien sûr, il est encore bien trop tôt pour que le cinéma naissant de John Ford puisse faire preuve de maturité, mais on sent dans ce « premier » film un potentiel indubitable.

Et cela vient se confirmer avec À l’assaut du boulevard (Bucking Broadway), un autre film de 5 bobines où l’on retrouve Harry Carey, incarnant à nouveau Cheyenne Harry, sans qu’il s’agisse du même personnage que le film précédent, celui-ci s’avérant plus brave, avec moins de part sombre. Ici, l’opposition entre monde de la ville et campagne est au cœur de l’intrigue, laquelle nourrit une tension grandissante, explosant notamment au détour de la fameuse scène d’invasion des cowboys sur Broadway. Tout est une question de contrastes, et John Ford appuie son discours via l’image, qui entretient un dialogue silencieux mais éloquent avec le spectateur.

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Le triptyque s’achève avec Du sang dans la prairie (Hell Bent), où John Ford s’essaie à de nouvelles choses, comme le montre cette introduction originale et inattendue, qui établit un lien direct entre la peinture et le cinéma de John Ford, très lié à cette dernière. On y trouvera davantage de burlesque, mais des personnages souvent plus pathétiques aussi, avec, encore et toujours, Harry Carey dans le rôle de Cheyenne Harry, qui est ici un vaurien au grand cœur, nouveau antihéros qui ne demandera qu’à prouver sa valeur dans un élan de courage.

Avec ces trois films, le spectateur ne découvrira pas des œuvres majeures du cinéma de John Ford en termes de qualité pure et de maturité, mais des œuvres essentielles dans leur capacité à, déjà, condenser les composantes majeures de l’un des réalisateurs majeurs du cinéma américain. En bonus, l’édition de Rimini Éditions a intégré des interviews de Nachiketas Wignesan, professeur d’Histoire du cinéma et d’Analyse de films à Paris III, qui viennent apporter des réflexions complémentaires et très pertinentes, agrémentées d’anecdotes, pour mieux comprendre l’apport de ces premiers films au cinéma de John Ford. Un retour aux sources qui donne envie de s’évader dans les grands espaces américains, et d’en découvrir plus sur l’un des cinémas qui racontait le mieux notre monde et son histoire.

John Ford : Premiers Westerns est disponible chez Rimini Éditions, avec en bonus:

  • Analyse de chaque film par Nachiketas Wignesan, enseignant de cinéma
  • Livret sur les débuts de John Ford

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