Tastr Time: Spider-Man: New Generation

(Spider-Man: Into the Spider-Verse)

2018

réalisé par: Bob PersichettiPeter Ramsey

avec: Shameik MooreJake JohnsonHailee Steinfeld

Chaque samedi, Les Réfracteurs laissent le choix du film au sympathique générateur de conseils culturels “tastr.us”, en prenant la première recommandation proposée, sans limite d’époque. Cette semaine, Tastr a sélectionné pour nous “Spider-Man: New Generation” de Bob Persichetti et Peter Ramsey.

On aurait tendance à l’oublier mais loin du MCU canonique, l’une des toutes dernières oeuvres estampillées Marvel fut un film d’animation. En 2018 débarquait sur nos écrans “Spider-Man: New Generation”, une petite bombe colorée qui dépoussiérait le mythe de l’homme-araignée. Un succès auprès du grand public mais aussi critique qui portera le film jusqu’aux Oscars, le récompensant de la statuette du meilleur film d’animation. On enfile notre combinaison en spandex et on réfracte tout ça pour vous!

Miles Morales est un ado des bas quartiers qui a du mal à trouver sa place. Profitant d’une bourse scolaire, il rejoint une école dans laquelle il ne se sent pas à sa place. Alors que Peter Parker succombe dans des conditions tragiques, le jeune héros va à son tour être mordu par une araignée mutante qui lui confère les pouvoirs de Spider-Man. Il va faire connaissance avec une ribambelle d’autres Spider-Man (et Woman) extirpés de leurs dimensions respectives par un terrible et dangereux engin et ensemble, ils vont essayer de sauver New-York de la destruction pour regagner leurs univers.

« Spider-Man: New Generation” c’est déjà une volonté de remettre au goût du jour une “origin story” bien connue en portant à l’écran un personnage introduit il y a plusieurs année en Comics. On quitte la petite maisonnette individuelle de tante May pour se propulser dans un New-York plus urbain. La famille Morales vit dans un appartement un peu miteux au coeur de Brooklyn. On oublie souvent que les origines de Peter Parker étaient à l’époque très humbles et que sa destinée a été tracée il y a plusieurs décennies. En offrant un nouveau cadre social, on modernise une histoire pour toucher un nouveau public.

Le New-York de Miles Morales est bien plus urbain que celui de Peter Parker. Le film embrasse totalement la philosophie de Brooklyn, entre Hip-Hop et tags. C’est parfois un peu facile dans l’exécution mais c’est aussi une façon bienvenue de descendre des gratte-ciel pour revenir au niveau de la rue et de sa culture. Même ville mais univers différent, le mélange fait la part belle à la grosse pomme et à la mixité culturelle de ses quartiers.

Pour retranscrire la mégalopole américaine, le film s’appuie sur un graphisme bien tranché. Il faut le dire, le parti pris visuel peut être clivant. Personnellement, nous avons totalement adhéré à cette volonté de transposer l’esprit des BD sur grand écran, notamment en appliquant un grain sur l’image d’habitude réservé aux Comics. C’est d’autant plus pertinent que le film joue de cette filiation pour s’amuser de son rendu. Des onomatopés apparaissent en grosses lettres, les réflexions de Miles dans des petites bulles, l’image se segmente en trois pour épouser les codes du Comics: plein de petites idées qui s’avèrent agréables.

« Envie de tisser collective »

Pour autant, le film n’oublie pas sa mission de grand spectacle. L’action est franchement pêchue et prenante (même si parfois très légèrement brouillonne). Le duo de réalisateur Bob Persichetti et Peter Ramsey utilise l’animation pour offrir des mouvements de caméra impossibles dans la réalité sans débauche de grands effets spéciaux. Cette volonté n’est d’ailleurs pas que la panache des scènes de bagarre mais également appliquée à l’oeuvre dans son ensemble.

En s’appuyant sur une bonne dynamique de groupe entre tous les différents Spider-Man, le film délivre également une bonne dose d’humour qui semble d’ailleurs s’adresser par moment aux adultes plutôt qu’aux enfants. Bien sûr, les Kids sont les premiers servis mais régulièrement, une petite phrase ou un Easter Egg bien placé font s’esclaffer les plus âgés des fans de Marvel (comme vos Réfracteurs). Venus d’autres dimensions, un Peter Parker bedonnant et looser ou un Spider-Man porcin appuient ce sentiment de folie.

Alors on ne va pas se mentir, le déroulé de l’histoire est un peu cousu de fil blanc et sa morale facile, sans doute afin d’être plus digeste pour les plus jeunes, mais la réalisation réussit à transcender cet esprit parfois bateau. On est ici face à un film pop-corn qui ne va pas révolutionner la pensée moderne mais qui va tout de même parfois subtilement rénover dans son approche un mythe connu. “Spider-Man: New Generation” est un trait d’union entre vieux geeks (on se compte dans cette catégorie, rien de péjoratif) et public plus enfantin. Un vrai partage s’instaure et non seulement les bonnes bases d’une nouvelle licence sont jetées, mais les sourires se font également communicatifs entre toutes les générations.

Quelle bonne surprise que cette nouvelle itération de l’homme-araignée. Une vraie pellicule acidulée qui réunit autour d’elle tous les publics et qui n’a pas volé son succès.

Nicolas Marquis

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