Le roi Arthur: La légende d’Excalibur

(King Arthur: Legend of the Sword)

2017

de: Guy Ritchie

avec: Charlie HunnamAstrid Bergès-FrisbeyJude Law

De temps en temps, il y a ces films: dans un coin de bar de country-club luxueux, des gros bonnets de la production qui débattent cigares aux lèvres. D’un coup l’un d’eux s’exclame: “Mais bien sûr! Revisitons la légende du roi Arthur! Je vais allonger les billets pour ça!”. Et voilà. L’idée est née et elle entame son chemin, sinueux périple durant lequel elle va cocher toutes les cases du mauvais goût.

Bon on vous fait quand même le topo: c’est le bordel dans le domaine du roi Pendragon, qui se fait fracasser la couronne par le méchant mage Mordred et par Vortigern (Jude Law), son frère qui l’a trahi. Avant de claquer, il réussit à foutre son nouveau-né, Arthur (Charlie Hunnam), dans une chaloupe et ainsi faire en sorte que son fils soit épargné. Un peu comme Moïse, ou Superman, selon vos croyances. Des années plus tard, Arthur fait le couillon dans les bas-fonds mais son destin va basculer lorsqu’il va se retrouver face à l’épée familiale enracinée dans le sol: Excalibur! Tadam!

Et c’est parti, première étape, et première bouffonade: l’écriture. Le fratricide, l’accomplissement du héros, les sidekicks: ça pue les années 90 à plein nez. Ha ça ils dépoussièrent bien un mythe centenaire, mais avec un chiffon vieux de 40 ans. Remarquez, ce serait en accord avec les effets spéciaux mais ne spoilons rien.

Même si le mythe ne permettait pas vraiment d’imaginer un space opera, on vous l’accorde, un minimum d’appropriation aurait été sympa. Là, on a l’impression qu’on a décidé de prendre Arthur, tourner des trucs, et les vendre, sans aucun esprit de cohésion, c’est usant. On tourne en rond, on vend des archétypes d’anti-héros vieux de mille ans. C’est simple, “Le roi Arthur” est un film d’il y a 5 ans qui a 30 ans.

Faut dire que derrière la caméra, on retrouve ce bon vieux Guy Ritchie, qu’on adore follement ici. Et notre vieux pote, malin comme un renard, il va faire quoi? Ben il va se dire “Pas de scénario? Pas de réal!” Absolument aucune intention, aucune envie ne traverse le film. C’est creux, mou, sans jamais un pet de sentiment épique que pourrait vaguement insuffler la réalisation.

« Moi je dis il bluff. »

Il y a bien quelques idées dans la direction artistique. On adhère ou pas, mais les costumes par exemple ont leur style, mais tout ce que doit régler un réalisateur sur le tournage semble aléatoire, jusqu’aux prises sélectionnées: assurément pas le niveau d’intensité dont sont capables les deux rôles principaux.

Conscient qu’il a pas foutu grand chose pendant le tournage, Guy Ritchie semble avoir tout gardé pour la post-prod, et là attention les potes, parce que notre tonton Ritchie il va nous en mettre plein la vue. Il va te pondre des effets visuels d’une folie démoniaque rarement égalée, beaux comme un jeu PS1 émulé sur une console nouvelle génération.

Les yeux c’est réglé, maintenant les oreilles. Allons-y pour la bonne musique totalement random épique ratée. Des sonorités aiguës limite guimbardes, entendues mille fois, que le réalisateur méprise de toute façon, trop occupé à massacrer le montage.

on retrouve tout le savoir-faire de notre ami Ritchie pour le sabotage industriel. Il va dicter dans les moments d’aventure les plus grandioses, une espèce de montage “piège à épileptique” insupportable. Un enchaînement de plans sur un rythme indigeste et où ne règne aucune idée motrice. Agaçant, inutile, poudre aux yeux et quasiment rien de plus.

En faisant le choix de ne revisiter que très superficiellement le mythe de base, “Le roi Arthur” se condamne lui-même à une belle carrière de cale table.

Nicolas Marquis

Retrouvez moi sur Twitter: @RefracteursSpik

Laisser un commentaire