Visiteurs extraterrestres

(Fire in the Sky)

1993

de: Robert Lieberman

avec: D.B. SweeneyRobert PatrickCraig Sheffer

« Salut Les Réfracteurs! Je vous confie ce film, vu when i was a child sur RTL9, Fire in the Sky (ndlr: Visiteurs extraterrestres en VF, tadam!) ! Il m’avait perturbé et a forgé ma fascination pour l’univers de la science-fiction en général ! Pressé de vous lire, je ne dis pas qu’il est génial mais il est très intéressant dans son genre ! »

Germain

Ha bordel! On rigolait bien la semaine dernière, en évoquant “Signes” avec nos blagues à deux euros et notre côté verbeux détestable. Et paf! Voilà que comme par hasard un autre film sur les invasions extraterrestres vient nous tomber dessus. Non non non, on mord pas à l’hameçon. Ils sont là parmi nous, ils observent, attendent leur heure, étudient tous nos faits et gestes. Mais heureusement, “Visiteurs extraterrestres” va venir nous prouver qu’on vit une gigantesque supercherie et que les petits hommes gris (et sans nez, allez savoir…) nous entourent.

On dit bien prouver parce que déjà le film l’écrit en lettres capitales, forcément vrai donc, mais aussi car le long-métrage reprend un célèbre fait-divers et c’est comme ça que le raconte Bob, un bon gros routier bien gras qui habitait dans le coin à l’époque et qui aime bien raconter son anecdote après quelques bières. En 1975, en Arizona, une bande de bûcherons bien foutue dans le film mais sûrement plus marquée par l’alcool en vrai, est témoin d’un halo lumineux dans les bois. L’un d’eux, qui a sûrement pas fait Math Sup’ décide d’aller voir par lui-même, et là zap! Il disparaît dans une espèce…ben une espèce de grand truc bleu et rouge. Et là, c’est le bordel, les médias débarquent, les flics les suivent et notre bande de joyeux coupeurs de bois va devoir répondre au scepticisme ambiant alors qu’ils disent vrai! Puisqu’on l’a vu que c’est écrit, c’est vrai !

D’autant plus que comme toi Germain, on a connu les programmations de RTL9, toujours avant 23h, promis maman. Ben les gars étaient pas les derniers à tenter de nous prévenir des dangers d’une invasion venue de l’espace. En diffusant 900 fois “La planète des singes”, les films de Steven Seagal ou encore “Les filles d’à côté”, ils nous envoyaient en fait un signal. Ils savaient! On ne les a pas écoutés! Et aujourd’hui ils diffusent du poker en ligne!

« Oh mon dieu! Nadine Morano! »

Y a forcément un message dans ce film on vous dit. On ne peut pas aussi mal jouer en ne faisant pas exprès. Les gentils amis de la forêt sont trop soudés pour qu’on doute une seule seconde. Chaque monologue que la caméra nous restitue est un avertissement clair: fermez à double tour, on vous le jure!

Une installation minimaliste totale, puisqu’à peu près tout ce qui est effets spéciaux est à jeter, même pour l’époque. Mais c’est normal! On ne peut pas parasiter un message si important avec des frivoles préoccupations esthétiques. Tant pis si c’est moche, du moment que c’est vrai!

Mais bordel! Ça explique aussi cette tendance bizarre au remplissage. Vite expédié le paranormal, le film bascule dans sa deuxième moitié dans une espèce de répétition plutôt désagréable, mais évidemment, maintenant on comprend mieux: on nous mettait en garde.

Loin de tirer froidement sur “Visiteurs extraterrestres”, on comprend davantage ce que le film peut apporter d’intriguant pour un oeil qui s’ouvre au cinéma comme toi Germain à l’époque. Un sujet accrocheur et mystérieux, une thèse du complot intrigante à la manière de X-files. Et aussi cette pression rurale, cette réflexion qui nous oriente vers toutes ces oeuvres qui interrogent: et si un seul homme, ou ici un seul groupe détenait une vérité si importante mais que personne ne les croyait, comment les jugerait-on?

Difficiles de défendre vraiment le film mais la mauvaise réputation, celle qui colle aux basques, on l’a ressentie. Le choc que la petite ville préfère tourner en ridicule on l’a compris aussi, la trajectoire des petits bûcherons de l’Arizona est claire: à une échelle très humble, cela fonctionne.

Alors tant pis la réalisation trop scolaire, tant pis les dialogues complètement cons, ils sont là pour nous mettre en garde. On le répète, ils sont parmi nous, ils vous observent, vous scrutent, et ils pourraient bien prendre le contrôle s’ils ne l’ont pas déjà…

Un film très moyen en réalité, qui n’a que peu de qualités et qui les met parfois mal en avant. Mais on devine assez bien ce qui a pu séduire un jeune cerveau comme le tien à l’époque Germain, et on partage volontiers ce feeling.

Nicolas Marquis

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