The Thing

1982

réalisé par: John Carpenter

avec: Kurt RussellWilford BrimleyKeith David

Alors qu’Halloween pointe le bout de son nez et que tout un tas de marmots autour du globe se prépare à se faire péter le bide à grands coups de bonbons, les Réfracteurs décident de vous offrir en une semaine un coup d’oeil de certains de nos films d’horreur favoris. Et attention pétochards de tout poil, aujourd’hui on touche au fin du fin, au somptueusement sanguinolent, au magnifiquement affreux, au génialement horrible: “The Thing”. Tout simplement l’un de nos films préférés, un chouchou pourrait-on dire, un long-métrage qui transcende son genre pour s’imposer comme une oeuvre fondatrice de la fameuse “pop culture”. Cramponnez-vous à vos sièges, préparez votre petit coussin à placer devant vos petits yeux apeurés, on vous embarque pour une virée en enfer.

Perdue au milieu de l’Antarctique, une équipe de chercheurs américains va être confrontée à l’horreur pure alors qu’une entité extraterrestre capable de reproduire à l’identique toute forme de vie s’amuse à les imiter un par un pour mieux les dévorer. Kurt Russell et ses amis vont plonger dans une profonde paranoïa alors que le danger peut survenir n’importe où, n’importe quand, et de n’importe qui.

C’est sans doute ça l’idée de génie du film d’ailleurs: sa proportion à brouiller les pistes pour mieux vous surprendre lorsque le virus venu d’ailleurs apparaît et frappe froidement l’équipe de scientifique. “The Thing” est un malin jeu de cache-cache où vous ne pourrez vous reposer sur personne. Dans la lignée des autres films d’horreur de Carpenter, le mal n’a pas de visage et peut sévir à tout instant.

Autour du cinéaste, une réunion de talents fantastiques où chacun joue sa partition avec une maîtrise déconcertante. Il y a bien sûr en premier le metteur en scène qui affirme son style en même temps qu’il repousse ses limites. Carpenter ne se repose pas seulement sur ses acquis, il se met lui-même au défi pour appuyer son ambiance claustrophobique. C’est affreux à dire mais le concept même de “The Thing” est presque amusant de malice.

Son décor exacerbe ce sentiment: dehors, le désert de glace n’offre aucune échappatoire à nos héros, à l’intérieur, les couloirs et pièces communes étroites affirment une promiscuité synonyme de danger permanent. “The Thing” prend à la gorge, vous plante violemment ses crocs dans la carotide et ne vous lâche pas une seule seconde pendant près de deux heures. Une épreuve pour les nerfs, un plaisir pour le cinéphile qui sommeille en vous.

« Burn Baby, burn! »

Dans l’assemblée de génies du septième art qui sont convoqués dans le film, appuyons également le casting. Chacun est au diapason d’un scénario savamment pensé. Tous ont leur petit truc: la désinvolture d’un cuisinier en roller, la lassitude d’un vieux responsable de la sécurité qui joue de la gâchette, la proportion aux substances illicites d’un pilote d’hélicoptère… l’ensemble des personnages se reposent sur le charisme qu’offre le script avec en tête de file un Kurt Russell habité en anti-héros typique de ses collaborations avec Carpenter.

Mais ce qui rend “The Thing” si intemporel est probablement le génie de ses effets spéciaux. Chaque apparition affirmée de l’entité extraterrestre est l’occasion d’étaler des assemblages de chair aussi incohérents qu’horrifiants. Venu d’une époque où les images de synthèse sont encore à leur balbutiement, “The Thing” offre plutôt un travail de trucages concrets et de maquillages totalement géniaux. Pas une ride n’est à signaler sur cet aspect de l’oeuvre qui traverse l’épreuve des années avec brio.

Plus subtil et pourtant omniprésente est la musique d’Ennio Morricone: alors que les films de Carpenter sont en général l’occasion de se ravir des compositions du cinéaste, il passe ici la main au plus grand des musiciens de cinéma de manière humble et complice. Morricone comprend le film, il l’absorbe et restitue une musique oppressante en épousant le style de Carpenter. C’est la panache des grands artisans du cinéma: savoir où l’on va et vous guider dans ce parcours.

Monumental est l’héritage que laisse “The Thing” derrière lui. Au-delà de la scène culte du test sanguin, maintes fois référencée au fil des années, c’est toute une œuvre qui a marqué et continue de fasciner encore aujourd’hui. Peut-être n’avez-vous jamais vu le film et pourtant avez déjà été interpellés par des hommages, sans le savoir. Halloween est l’occasion parfaite de rattraper vos lacunes. Pour les autres, inutile de vous secouer pour raviver la flamme de ce pur chef-d’œuvre: si on a bien fait notre boulot, ces quelques lignes devraient avoir suffi à vous donner envie de replonger de cette épopée horrifique.

Le mot culte semble avoir été inventé pour “The Thing”. Une œuvre majeure d’un génie du film d’horreur et à coup sûr un exemple splendide de travail de groupe pour confectionner un long-métrage intemporel.

Nicolas Marquis

Retrouvez moi sur Twitter: @RefracteursSpik

Cet article a 2 commentaires

Laisser un commentaire