Le Mystère Andromède

(The Andromeda strain) 

1971

Réalisé par : Robert Wise

Avec : Arthur Hill, David Wayne, James Olson, Kate Reid

Film vu par nos propres moyens

Robert Wise est un réalisateur multirécompensé à la carrière riche de films ayant marqué l’histoire du cinéma. Il s’est brillamment illustré dans des genres différents comme, la science-fiction, le fantastique, la comédie musicale, et tant d’autres. Après une décennie de succès critique et public ainsi qu’une pluie de récompenses pour West Side Story et La Mélodie du bonheur, le réalisateur aborde les années 1970 en retrouvant le scénariste de La maison du diable, Nelson Gidding. Le duo décide d’adapter le roman de science-fiction de Michael Crichton, The Andromeda strain. 

Le livre raconte l’étude d’un mystérieux virus retrouvé dans une capsule américaine chargée d’étudier l’espace. Crichton ayant étudié la médecine, l’histoire de cette invasion microscopique est tournée vers la science, plutôt que l’action. Ce concept attire le duo qui commence à travailler sur l’adaptation en 1969. Ils restent assez fidèles à l’œuvre dans l’ensemble. Le plus gros changement intervient sur le personnage du docteur Leavitt, interprété par Kate Reid. Dans le roman, ce protagoniste est masculin, Gidding trouvait intéressant d’ajouter une présence féminine à l’histoire mais Wise n’était pas d’accord. Lorsque Gidding lui présente son idée, celle d’une vraie scientifique et pas du cliché de la belle plante qui ne sert à rien, Wise donne son accord. De son côté, le metteur en scène travaille avec Douglas Trumbull sur la conception des effets visuels. Le but était de faire des économies tout en étant efficace. Trumbull propose d’utiliser une palette de couleurs qui permettent ainsi de ne construire qu’un décor qui serait repeint dès que l’on passerait à un autre étage de la station. L’idée sera également utilisée par Wise dans sa mise en scène. Lors de sa sortie, Le mystère andromède n’est pas un grand succès sans être un échec cuisant.

les couleurs du danger

La brillante idée du Mystère Andromède est l’utilisation d’une palette de couleurs ayant chacune une fonction différente. Le rouge indique le danger, le bleu la maladie , le jaune le conflit , le vert le virus et le blanc la science. Tout au long du récit, Wise les fait apparaître dans le cadre en utilisant les vêtements et les accessoires. Le spectateur a ainsi continuellement une idée de la tension subie par les personnages et du niveau de danger dans lequel ils se trouvent. 

Le film tient ainsi en haleine le public dans une atmosphère oppressante où chaque détail de l’image a une signification.  

Le film est découpé en 3 journées et chaque partie ajoute une couleur qui progressivement domine les autres. Tout comme les hommes de science, nous nous rapprochons du danger. Pas besoin de scène d’horreur ou très spectaculaire pour ressentir l’impact de ce virus. D’ailleurs le long métrage n’utilise jamais d’effet gore et la mise en scène reste assez pudique lorsqu’il faut montrer les victimes. Même sans les voir, nous devinons que cette maladie pourrait conduire à la fin du monde.

Les héros de la science.

Le Mystère Andromède met au centre de son histoire une équipe de scientifiques. Ceux-ci nous sont clairement présentés comme les gardiens de la paix les seuls capables de comprendre la menace et de l’éliminer. Le metteur en scène place son public dans leur peau grâce à la construction du récit et la mise en scène.  Nous sommes dans une expérience dont les étapes doivent être respectées pour avoir une chance de réussite comme l’explique le chef de l’équipe: observation, apprendre à connaître le virus puis recherche d’un moyen de le vaincre. 

La structure narrative du film utilise la même approche scientifique. 

Comme évoqué précédemment, le film est construit en 3 étapes: le premier jour est consacré à l’observation de la menace, le deuxième à l’apprentissage de son fonctionnement et le troisième à la lutte contre celui-ci.

Pour prolonger ce travail de connexion entre le public et les savants, Wise utilise la technique du Split Screen. Grâce à ce moyen les pensées des personnages sont illustrées tout comme les détails qui les marquent et le cheminement de leurs réflexions en plus de l’utilisation d’une voix off. Le public découvre une manière de penser froide qui s’en tient au fait pour émettre des hypothèses. Être du côté de la science est assez original et change des autres films d’invasion extraterrestres. Malheureusement, cette idée fait s’écrouler le récit dans sa dernière partie. Un enchaînement d’expériences et de termes scientifiques  rendent les dialogues pesants et surtout incompréhensibles. Il est dommage de sortir littéralement d’un film dont la tension tient en haleine depuis le début. Les scènes d’action ne peuvent sauver cette faiblesse. Le spectateur ne sait plus quels sont les enjeux et n’a plus d’empathie pour les personnages. De plus, le film est coupé dans sa progression par des scènes de témoignages devant une commission. Celles-ci ne sont pas claires, le public ne sait jamais si ces scènes se passent avant ou après l’incident. Pire encore à la fin du film, la dernière scène devant le comité laisse penser que toute cette histoire n’était peut-être qu’une simulation et que rien ne s’est passé. Le Mystère Andromède porte bien son titre 

L’homme la vraie menace?

L’un des derniers aspects du film, qui se révèle finalement assez intéressant, montre que malgré une approche scientifique, celle-ci ne pourra pas fonctionner par la faute de l’homme. L’humanité est le bug dans la machine. Pour illustrer cette défaillance humaine, le réalisateur utilise le plan politique. Il nous montre des dirigeants incapables de prendre une décision, surtout si celle-ci peut mettre en danger leur avenir et influence l’opinion des électeurs. Les scientifiques qui attendent des accords pour poursuivre leur travail sont ignorés et stoppés dans leur avancée.

Il en est de même avec le pouvoir militaire qui prend de haut les consignes de santé et traite les hommes de science comme des incapables . Le personnel de la base Andromède s’ennuie devant des tâches jugées idiotes. Les employés ne sont pas vigilants et ratent les pannes du système. Même si ce sont des êtres de raison, les scientifiques restent des humains. Ils se mentent entre eux et ne peuvent faire taire leurs sentiments. Tous ces facteurs permettent à Robert Wise de partager avec le spectateur une vision plutôt pessimiste de l’humanité qui préfère la course aux profits personnels plutôt que le bien de tous. Mis en parallèle avec notre situation actuelle, il est permis de constater que le réalisateur possédait une part de raison et que peu de choses n’ont changé depuis les années 70. 

Le Mystère Andromède propose une invasion extraterrestre microscopique plutôt originale et sous tension. Cependant, c’est l’humanité qui est étudiée sous le microscope de Robert Wise pour aboutir à une réflexion plutôt pessimiste sur son avenir et sa capacité à gérer des crises. Bien que le film soit rempli de qualité, une grande partie de son dernier acte perd le spectateur dans les méandres de la science. Le Mystère Andromède reste tout de même un film de qualité qui devrait plaire aux amateurs de science-fiction.

Le Mystère Andromède est disponible en DVD et Blu-ray chez BQHL, avec en bonus :
Livret de 20 pages
Interview de Simon Brean, Maitre de conférence en littérature française 34′
Making-of en VO sous-titrée
Portrait de Michael Crichton 12′
Bande-annonce

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