Le Gendarme de Saint-Tropez

1964

Réalisé par: Jean Girault

Avec: Louis De Funès, Geneviève Grad, Michel Galabru, Jean Lefebvre , Jean Marin

Film fourni par M6 Vidéo

Cruchot, un gendarme zélé, est muté à Saint-Tropez après avoir reçu une promotion. Il compte remettre de l’ordre dans cette ville synonyme à ses yeux de chaos. Lors de sa sortie en 1964, personne n’aurait parié sur un succès pour ce petit film fait sans prétention, né de l’expérience de Richard Balducci qui se fait voler une caméra lors d’un séjour à Saint-Tropez. Quand il fait sa déclaration de vol, il rencontre des gendarmes qui ont l’air mous et absolument pas intéressés par leur métier. Balducci parle alors de sa mésaventure à Jean Girault avec qui il a travaillé sur Pouic-Pouic.* Pensant qu’ils tiennent là une bonne idée, les deux hommes se mettent au travail. 

Tout d’abord réticents, les producteurs donnent finalement un financement à Girault mais celui-ci bataille pour imposer Louis De Funès dans le rôle principal. Les producteurs lui préfèrent Darry Cowl ou encore Francis Blanche. Finalement, après leurs refus, De Funès est engagé pour tenir le rôle de Cruchot. Le reste du casting est choisi, d’après une anecdote rapportée par Michel Galabru, sur le critère qu’ils doivent être ringards pour ne pas faire de l’ombre à De Funès. On comprend peut être mieux le refus de Pierre Mondy pour incarner le rôle de Gerber, tenue par Galabru

Lors de sa sortie, le film passa pratiquement sous les radars de la critique, mais toucha le cœur du public. D’année en année, le film a traversé différentes générations, laissant une grande nostalgie ainsi que des souvenirs de vacances d’été. Pourquoi Le gendarme de Saint-Tropez a t-il autant de succès ?

Douliou Douliou Saint-Tropez

L’un des premiers facteurs à prendre en cause, ce sont les thèmes abordés par le film. Peu importe son âge, nous avons tous été touchés par l’un de ces sujets. Le gendarme de Saint -Tropez représente le choc des générations ainsi que des milieux sociaux. Ces thèmes sont très bien illustrés par le personnage de Nicole Cruchot (Geneviève Grad). Venant d’un petit village, elle est immédiatement moquée par la jeunesse dorée de la côte d’Azur. Elle n’a ni le bon look, ni les bonnes origines, ni la bonne éducation. Nicole apparaît  mal à l’aise au départ, ayant reçu une éducation très stricte et religieuse à côté de cette jeunesse libre et qui pense avoir tous les pouvoirs. 

Elle se met alors à mentir sur son passé et change radicalement de look pour s’ouvrir à un groupe qui n’est peut être pas sincère envers elle. L’histoire de la nouvelle qui essaye de faire sa place est universelle, nous l’avons tous vécu et le cinéma s’en est beaucoup servi. Nicole rencontre également des problèmes avec son père. Comme beaucoup de parents, il voit sa fille comme une petite fille modèle,  Cruchot doit comprendre qu’elle devient une femme et qu’il doit l’accepter. Son refus de lui laisser un peu de liberté brise le dialogue entre le père et la fille qui semblaient pourtant complices au début de l’histoire.

Cruchot doit voir que la société évolue et que ses codes changent, pour son bien, ainsi que celui de sa fille. Il doit accepter cette vie plus moderne que celle de son petit village. Girault introduit d’ailleurs dés le début le thème du film en proposant la séquence d’ouverture en noir et blanc, puis passe à des couleurs éclatantes lorsque retentit le fameux Douliou Douliou Saint-Tropez, interprété d’ailleurs par Geneviève Grad, comme pour nous annoncer l’émancipation de Nicole.

La vie de Gendarme

L’autre point qui peut expliquer le succès du Gendarme de Saint-Tropez, c’est bien sûr sa critique de la société française de l’époque et surtout du pouvoir, incarné par les gendarmes. Encore une fois, même si le film se situe en 1964, la caricature continue toujours de vivre de nos jours. Lorsque l’on veut critiquer un gendarme, c’est ce cliché de l’officier bête, mauvais et feignant qui nous vient en tête. Pourtant le film n’est pas si méchant que cela avec ces figures d’autorités. Même si ils passent une grande partie du film à nous renvoyer une sensation d’incompétence, il en ressort quand même un grand sentiment de camaraderie, face à des ordres supérieurs qui ne sont parfois pas logiques, comme lors de la fameuse chasse aux nudistes, plutôt qu’à des actes plus criminels. D’ailleurs ce détail à été rajouté au moment du tournage car une vraie chasse avait été organisée à Saint-Tropez ce qui amusa l’équipe.

De Funès contribue également à ce portrait aigre-doux de la gendarmerie en amenant son style et ses idées. Sa spécialité est d’incarner un personnage que le public est censé détester. Fourbe, autoritaire et fayot, Le comédien représente la caricature du français très vieille France que beaucoup détestent, celui qui est intolérant et toxique. Pourtant De Funès réussit à chaque fois à rendre ce type de personnage attachant. Il y a toujours un moment dans ses films où une faiblesse apparaît ou bien encore son personnage comprend enfin le monde qui l’entoure et en ressort plus fort. C’est exactement ce qui se passe ici. L’amour de Cruchot pour sa fille, allant jusqu’à mettre sa carrière en danger pour elle, nous touche, et lorsqu’à la fin il montre à ses collègues qu’ils ont été injustes envers lui en ne l’aidant pas alors qu’il avait raison. Nous sommes à la fois heureux et agacés par ce côté prétentieux qu’il affiche. 

De Funès c’est celui que nous aimons détester, il représente l’archétype de ce qui nous énerve. Il nous permet ainsi de nous décharger de ce sentiment pour finalement en rire. Sa manière de faire est très théâtrale. Il vient du Music-hall, il est aussi fan de Molière dont il adaptera des années plus tard, l’Avare. Le comédien maîtrise très bien son sujet, de plus, le fait qu’il soit également musicien, lui permet de jouer parfaitement avec le rythme des gags. Il sait quand placer ses répliques et à quelle vitesse les dire. Il n’hésite pas également à proposer des scènes humoristiques en plus lorsqu’il sent que le film en a besoin. La scène culte de la bonne sœur qui prend Cruchot en stop vient de Louis De Funès, lui même.

Cet humour, mélange de théâtre et parfois d’absurde, comme la référence à la série Thierry La Fronde qui apparaît d’un coup sans raison lorsque Cruchot arrête le voleur de tableau, marchent encore très bien malgré ces citations un peu passées de mode. On en oublie les scènes qui peuvent faire grincer des dents maintenant. Le film est un instantané de son époque, un moyen de comprendre la jeunesse de ses parents ou grand parents et en même temps on arrive facilement à s’y retrouver. Beaucoup de comédies et d’acteurs ont essayé d’imiter le style De Funès, personne n’a réussi à l’égaler.

Le gendarme de Saint Tropez est un incontournable de l’été. Bien que parfois le rythme ne soit pas toujours bien contrôlé et qu’il paraisse décousu dans l’enchaînement de ses scènes humoristiques, le film reste une madeleine de Proust. Il est la carte postale nostalgique de notre enfance et ses thèmes universels en fond, le parfait spectacle à voir et revoir en famille autour d’une boisson fraîche.

Le Gendarme de Saint Tropez est disponible en Blu-ray et Blu-ray 4K chez M6 vidéo depuis le 22 juin.

Vous retrouvez en bonus une visite du musée de Saint-Tropez.

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  1. JustineSer

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