(D’Artacán y los tres mosqueperros)
2021
Réalisé par: Toni García
Avec: Miguel Ángel Pérez, Gloria Cámara, Eduardo Jover
Qu’il est parfois bien difficile de transmettre à nos enfants les séries qui nous ont marquées. Outrage du temps et effet de mode passé font de nos classiques des objets lointains dans l’imaginaire de nos marmots. Heureusement, il reste des projets nouveaux qui se montent autour de ces œuvres du passé. “D’Artagnan et Les Trois Mousquetaires” coche cette case: le souvenir lointain de nos matinées “Nesquick & dessins animés” nous revient en tête dans cette adaptation de la série des années 80, comme une madeleine de Proust, et l’envie de faire découvrir cette épopée à notre Tsuyu était présente. Alors est ce que le pont générationnel se fait pour cette remise au goût du jour du roman d’Alexandre Dumas où les hommes prennent ici des traits d’animaux? Réponse en quelques lignes.
Avant même d’analyser l’œuvre qui nous intéresse aujourd’hui, il convient de rendre hommage à sa mission de service public. Cette époque de l’Histoire de France semble être tombée en désuétude sur grands et petits écrans, et les projets autour d’elle se comptent sur les doigts d’une main. “D’Artagnan et Les Trois Mousquetaires” aura au moins permis de prendre la continuité de l’école pour aller un peu plus loin, tout en faisant découvrir un récit classique à notre complice de 8 ans. Mine de rien c’est déjà beaucoup et essentiel pour son enrichissement personnel.
À notre grande surprise, l’intrigue politique inhérente aux aventures de D’Artagnan semble avoir été assimilée par Tsuyu. Certes elle ne connaissait pas Richelieu (encore un bon point pour la culture générale) mais il apparaît assez nettement que les tenants et aboutissants de l’épopée ont été digérés. La menace de la guerre avec l’Angleterre, la place du roi et de la reine, le destin personnel de la famille D’Artagnan Tout cela le film réussit à le restituer avec panache et simplicité.
La force du récit est établie, passons aux choix de mise en scène et à l’héritage de la série originelle. À l’instar du dessin animé de notre enfance, on retrouve graphiquement les personnages qui nous ont bercés, toujours sous les traits d’animaux, essentiellement de chiens. Un coup de crayon qui a traversé les âges. Le jeu de personnification à séduit notre mini-réfractrice, allant du chihuahua au massif molosse, et tant mieux! Il faut encourager l’imaginaire de nos enfants, leur expliquer qu’au cinéma tout est possible et entretenir la flamme de leurs rêveries.
« Un pour tous et tous pour un, bien sûr! »
Sans surprise, c’est le courageux D’Artagnan qui a ensorcelé le plus Tsuyu. Drôle, cool, courageux, le jeune cabot a tout du héros classique dans sa trajectoire ponctuée par des interventions pleines de témérité. Dans le même registre, Les Trois Mousquetaires ont su la conquérir aussi. Si on a trouvé qu’ils étaient trop en retrait dans le long métrage, cela ne semble pas avoir perturbé notre petit bout de Réfractrice qui a parfaitement su les différencier dans le style graphique mais aussi dans leur personnalité.
Mais il est un aspect du film qui a particulièrement interpellé Tsuyu: la place des femmes. Il est franchement intéressant de constater que du haut de ses 8 ans, elle sait déjà remettre en question certains poncifs. Sans qu’on lui souffle un mot, notre mini-réfractrice a déploré que les personnages féminins soient réduits aux simples rôles de victimes ou d’antagonistes. C’est incontestablement une erreur du long métrage, mais sur laquelle on a pu rebondir et prolonger le débat. Il n’est jamais trop tôt pour encourager l’esprit critique de nos enfants.
Autre point de divergence avec la proposition filmique du jour: ses décors. Si certains intérieurs de palais s’avèrent séduisants, la plupart des environnements apparaissent simplistes, froids, et sans vie. Un manque de mouvement et de charme qui constitue pour Tsuyu et nous le principal problème du film et l’entraîne un peu vers le bas. Assez étonnement, notre complice a associé ça à une cible d’âge plus jeune que la sienne: dommage de ne pas avoir su être plus universel pour fédérer tous les enfants autour d’un classique de la littérature adapté.
Reste le rythme du film qui a tenu en haleine Tsuyu. L’humour ne l’a pas convaincu (La caution comique Pip l’a même agacée), l’action seulement moyennement, et pourtant l’histoire l’a emportée sans qu’elle ne regarde la montre. L’œuvre de Dumas traverse les âges et se transforme, mais elle captive toujours autant les esprits aventureux.
La note de Tsuyu:
Il manque un peu de vie à “D’Artagnan et Les Trois Mousquetaires” pour contrecarrer son aspect froid visuellement. Une pointe de folie qui donnerait une identité plus affirmée à l’œuvre, de quoi se démarquer. Reste la force de l’histoire du roman, toujours aussi prenante si vous en doutiez encore.
Super dessin animé !