M-I:2 Mission: Impossible 2

(Mission: Impossible II)

2000

réalisé par: John Woo

avec: Tom CruiseDougray ScottThandie Newton

Deuxième arrêt dans notre rétrospective autour de la saga “Mission: Impossible”: on va aborder l’opus qui fâche. Après Brian De Palma, c’est cette fois-ci John Woo qui opère derrière la caméra. Sur le papier, le mariage est parfait entre le réalisateur chinois célèbre pour ses films d’action survitaminés et une licence qui permet d’offrir une bonne dose de pétarade. Malheureusement, on va rapidement se rendre compte que le langage cinématographique du cinéaste est parfois limité et installer l’intrigue va être un problème.

Dans ce deuxième volet, Ethan Hunt (toujours Tom Cruise) doit cette fois faire face à une menace bactériologique. Dans un laboratoire australien, des scientifiques mettent au point un puissant virus dans le but de commercialiser l’antidote. Dépassés par la puissance de leur création, ils vont être volés par un ancien agent secret devenu bandit, Sean Ambrose (Dougray Scott), qui menace de libérer cette dangereuse maladie. Ethan doit donc récupérer le tout, aidé (enfin “aidé” c’est un grand mot) par l’ancienne fiancée du vilain, Nyah Hall (Thandie Newton).

Incontestablement, John Woo est un maître de l’action et dans ce registre, “M:I 2” est plutôt réussi. Ça flingue, ça explose, ça bastonne sec: toute la panoplie du cinéaste y passe, avec ses fameux ralentis classieux sur un Tom Cruise qui mitraille dans le tas. Certes, certaines cabrioles sont un peu gratuites, et on voit ça et là ce bon vieux Thomas Croisière nous taper un salto inutile, mais c’est la nature du film: un cocktail décomplexé d’action et ça on l’admet.

Mais cette méthode un peu facile ne peut pas installer de vrai scénario. En imposant également les ralentis sur des scènes sans aucune dose d’action, on sourcille un peu. John Woo n’a jamais été un grand conteur d’histoires complexes, d’accord, mais de là à appliquer cette logique à l’installation de l’intrigue…

Autre exemple? Ces deux ou trois reprises où Ethan se met à parler tout seul pour qu’on assimile un peu mieux ses pensées. On ne saurait dire si John Woo nous prend pour des idiots ou s’il est incapable de traduire les sentiments uniquement par l’image, toujours est-il qu’on a là les stigmates des actioners les plus bêtes de l’époque.

« Le boulot »

On ne saurait blâmer uniquement le cinéaste tant le scénario est lui aussi complètement à la ramasse en imposant des personnages franchement mal travaillés. Nyah par exemple est l’archétype total de la femme potiche: faiblarde, un peu idiote, et totalement soumise, son rôle dans l’histoire atteste d’une époque presque révolue où la femme était un simple bout de chair pour Hollywood.

Oh rassurez-vous, on ne fait pas le procès du machisme à “Mission: Impossible 2”: ses personnages masculins ne sont pas meilleurs. Si Ethan est relativement fidèle à lui-même, le vilain que nous inflige la pellicule est franchement débile. On ne sait pas vraiment si au fond de lui il espère échouer ou s’il est simplement arriéré, toujours est-il que si les conspirations internationales se préparent comme le plan de Sean, on peut dormir sur nos deux oreilles.

Ces deux personnages trahissent un mal plus large: en réalité, avec ce deuxième volet, ce qui faisait le charme du premier opus est réduit à peau de chagrin. L’esprit d’équipe, avec chacun ses capacités personnelles, est presque entièrement sacrifié. Oui, il y a bien un pilote et le hacker du premier film, mais ils semblent ici plus soucieux de sortir les flingues que de proposer leur talent.

Un phénomène qui traduit des erreurs d’écriture franchement énormes, et ce dès les premières minutes. Sean est devenu un méchant pas beau, alors que vont faire les services secrets ricains? Lui envoyer le seul espion au monde dont le vilain connaît l’existence. Imaginez qu’on vous prévienne qu’on va vous voler votre bagnole en prenant un selfie devant la veille du forfait: c’est à peu près ce que propose le film.

En parlant de voiture, on met le doigt sur l’un des phénomènes le plus agaçants du film: le placement de produits agressif. C’est symptomatique de l’époque, mais c’est franchement horripilant. On se réjouit juste que pendant qu’on souffre devant le long-métrage, d’autres prennent leur pied: messieurs Nokia, Ray Ban et Porsche notamment.

On ne va même pas s’attarder sur la musique franchement grotesque de Hans Zimmer, loin du niveau du premier volet. On navigue entre flamenco, hard rock improbable et chants grégoriens de l’enfer. Vite, au film suivant, pitié!

Mission: Impossible 2” est un film qui répond bêtement à un cahier des charges mais qui ne saurait être élevé au-delà du rang de plaisir coupable. Un long-métrage qui a bien failli couler définitivement la licence avant qu’elle renaisse de ses cendres 6 longues années plus tard.

Nicolas Marquis

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