USS Greyhound: La bataille de l’Atlantique

(Greyhound)

2020

de:  Aaron Schneider

avec: Tom HanksStephen GrahamElisabeth Shue

C’est d’abord une promesse. En retrouvant Tom Hanks en tête d’affiche d’un film retraçant une bataille de la Seconde Guerre mondiale, le bon souvenir du “Soldat Ryan” se rappelait à nous. Même en gérant ses attentes, la nostalgie se faisait sentir et c’est avant tout aussi un plaisir de retrouver l’acteur impliqué dans ce type de performance.

C’est ensuite un choix économique intriguant: un des derniers gros poissons venus sur le marché de la SVOD, Apple+, rachète cher le film pour occuper un espace laissé relativement libre jusque là par les autres acteurs du secteur: la fresque de guerre. L’idée n’est pas mauvaise, jouer la carte de l’originalité est souvent payant et le film est fatalement intéressant sur le papier.

Puis c’est un parti-pris de cinéaste: vivre l’escorte d’un convoi maritime de ravitaillement parti des États-Unis vers l’Angleterre, en pleine guerre, alors que les bateaux allemands veillent au grain. Mais plus courageux encore, la volonté d’immersion avec une unité de lieu restreinte, le cadre strict du navire gouverné par Tom Hanks. Les explosions et échauffourées sont souvent vécues à distance alors que le comédien s’affaire à coordonner les efforts de représailles tout en essuyant les tirs.

Ce choix n’est pas anodin et laisse une pression intense qui plane tout le long du film. À coup sûr haletant, “Greyhound” rappelle par son principe “Dunkerque” en plus humble. Le spectateur est au plus proche des soldats, il vit parmi eux temps forts et temps calmes, souvent à peine une simple respiration entre deux affrontements.

« Merci d’écouter les consignes des hôtesses de bord »

C’est aussi un peu le principe du célèbre “Das Boot” et son aspect presque claustrophobique. Dans les coursives étroites du navire, on étouffe et on se cogne aux autres soldats, l’immersion est totale.

Le sens du rythme est lui plus laborieux, la faute notamment à des dialogues trop poussés. On est noyé sous un jargon militaire avec relativement peu de didactique et leurs flots ininterrompus agacent fortement. Seul le débit et l’intonation de parole aiguillent vraiment car dans la forme, on est proche du beuglement sans fond. N’est pas marin qui veut, et le film semble l’oublier.

En directe conséquence, le mal qu’a le long-métrage à imposer des véritables rôles secondaires. Seul le personnage de Tom Hanks a une vraie consistance. Autour de lui, les quidams se succèdent malgré les tentatives scénaristiques pour créer de l’attachement. En les rendant remplaçables, on tue dans l’œuf toute affection.

Dommage car visuellement, “Greyhound” n’a pas spécialement à rougir de la comparaison. Le pari graphique est réussi et quelques plans vraiment iconiques restent en tête dans ce fouillis verbeux. On regrette que le long-métrage n’ait pas réussi à proposer plus de situations intéressantes, et à les poser plus lisiblement pour nous faire voyager encore plus.

Le résultat n’en est pas moins tout à fait correct. Apple+ voulait exister dans ce genre et c’est réussi même si la reconnaissance est encore loin. Plus d’offre pour plus de diversité: l’idée est alléchante et on attend les réponses des autres gros bonnets de la SVOD.

Le cahier des charges est assez visible dans ce film, mais il est respecté. Quelques propositions permettent de faire vivre le tout même si on nourrit quelques regrets dans la structure.

Nicolas Marquis

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