The Vast of Night

2019

réalisé par: Andrew Patterson

avec: Sierra McCormickJake HorowitzGail Cronauer

La science-fiction est forcément un genre en perpétuelle évolution. Les concepts qui nous semblaient futuristes il y a quelques années paraissent kitsch aujourd’hui. C’est le jeu, et il faut être en général un vrai génie visionnaire pour survivre au passage du temps. Ça n’empêche pourtant pas certains films de revenir aux codes aujourd’hui dépassés pour mieux se les approprier, souvent avec tendresse. “The Vast of Night” rentre complètement dans cette case: un film d’amoureux, pour les amoureux.

Son histoire est plutôt banale, mais c’est aussi cela qui permet à Andrew Patterson, le réalisateur, d’offrir une oeuvre aussi ludique. En pleines années 50, deux ados, Everett (Jake Horowitz), qui anime une émission de radio et Fay (Sierra McCormick), qui aide sa mère à tenir le standard téléphonique de la ville, vont tous deux découvrir une étrange perturbation sonore. Alors que les témoignages concernant son origine se font de plus en plus mystérieux à l’antenne pour répondre aux interrogations d’Everett, d’étranges objets volants non identifiés semblent parcourir le ciel.

De références, “The Vast of Night” ne manque pas. Le film fait d’énormes appels du pied à “Twilight Zone”, Spielberg ou Carpenter sans se camoufler. On le répète, on est aujourd’hui face à un long-métrage d’amoureux du genre et c’est tout naturellement qu’on savoure ces clins d’oeil, même lorsqu’ils sont un peu trop appuyés.

Mais la plus grosse référence qui nous est apparue est sans doute celle faite à Orson Welles et son fameux canular radiophonique autour de “La guerre des mondes”. À la manière dont le film s’enfonce dans la psychose, on pense volontiers à cette blague qui avait causé de nombreux accidents aux USA: le cadre est identique.

« RTL il est 8h! »

Sûrement un peu trop de clins d’oeil dans le film pour trouver de l’originalité. L’histoire est plaisante, la manière aussi, mais le fond n’apporte rien de neuf. On est ici face à un film relativement balisé, qui maîtrise sa montée en régime mais qui n’apporte aucun retournement de situation. On peut s’en passer, certes, mais un second souffle aurait pu être salvateur.

N’en reste pas moins qu’on s’attache volontiers au duo de personnages principaux. D’abord amusants puis ensuite plus graves, les deux jeunes acteurs offrent une belle interprétation autour d’une partition sur mesure. On rigole, on angoisse, on vibre: pari réussi.

Autre élément sur lequel on s’attarde: cette façon dont le long-métrage met en scène des parias, d’une manière logique. Alors que la plupart des habitants de la bourgade sont au match de basket de l’équipe locale, ce sont des oiseaux de nuit qu’on va côtoyer: nos deux héros jeunes et déjà marginaux, mais aussi tous les interlocuteurs auprès de qui ils cherchent réponse. Tous sont au ban de la société et leur quête de vérité qui ne se révèle qu’à eux intrigue.

La réalisation n’est pas en reste et va même avancer quelques effets sympas. D’accord, les plans séquence semblent parfois trop appuyés mais ils permettent de décrire en quelques secondes cette ville qui est presque un personnage à part entière. En quelques secondes, on comprend où l’on se trouve et le film peut dérouler tranquillement.

En s’appuyant sur un script léché: le plus grand tour de force de “The Vast of Night” est sans doute sa sobriété visuelle. Alors que le scénario justifiait une débauche d’effets spéciaux, on ne lève le mystère ici que par les monologues des gens qui reconnaissent ce bruit étrange. C’est franchement culotté à notre époque mais la qualité des dialogues permet à la pellicule de faire mouche.

The Vast of Night” est une pépite du passé mais vu par un prisme plus actuel. Une bonne dose de nostalgie pour les amoureux du genre.

Nicolas Marquis

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