The Guest

2014

de: Adam Wingard

avec: Dan StevensSheila KelleyMaika Monroe

Que notre sémillant logo (imaginé par notre pote Shyrian) nous en soit témoin, chez Les Réfracteurs on a l’esprit vidéo-club jusqu’au bout des doigts. On a connu et aimé cette période qui paraîtra étrange à expliquer à nos enfants, où l’on arpentait les rayons d’un magasin pour “choisir une cassette qu’on devait rendre”. Alors quand “The Guest” se pointe et nous promet de convoquer tout le cinéma qui a fait la gloire de ses lieux de culture, avec des ambitions larges dans les influences allant de “Halloween” à “Commando” on frémit (ND Oracle: surtout quand y a Dan Stevens). En route pour l’enfer de l’Amérique rurale.

Lorsque David (Dan Stevens) se présente à la famille Peterson comme un ancien frère d’arme de l’armée de leur défunt fils, il est accueilli à bras ouverts. Utilisant son ascendant émotionnel en comblant le vide laissé par le fils aîné Peterson, il va peu à peu envahir leur quotidien et se montrer bien inquiétant.

Première remarque: l’effet Rambo. À l’image du film de Stallone, on utilise ici le soldat perdu de retour chez lui pour amener cette idée d’une Amérique ingrate qui n’a de compassion que de façade pour ses GI’s. C’est presque l’influence première, cette idée d’une menace intérieure et presque légitime. Dans “Rambo”, c’était tourné en drame, avec John Rambo qui finissait par crapahuter dans sa montagne. Ici, c’est fait de manière bien plus vicieuse et inquiétante. Une idée commune qui apparaît d’une manière très différente ici car “The Guest” reprend les codes du film d’horreur so 80’s.

En s’appuyant sur une musique rétro électronique complètement azimutée et en jouant de plans allongés aux accents ténébreux, “The Guest” se maquille en une espèce de bon vieux film “à la Carpenter” qu’on aurait retrouvé dans sa pile de VHS. Dès lors, et c’est un peu triché, tous les petits défauts inhérents à ce style particulier s’excusent par l’envie de reconstitution, même les plus fortuits.

« Vu comme ça, on dirait un garçon attachant »

Et l’horreur n’est pas la seule à être conviée. En lançant une théorie de super soldat fou en cavale, sortie de nulle part, le film vient traîner sur les plates bandes d’un “Commando”. Toujours avec une certaine facilité et une superficialité assumée, mais assez soigneusement pour ne pas ressembler à un “Home Alone” pour adulte.

Le rôle principal colle bien à Dan Stevens (ND Oracle enfin…). Toujours efficace pour jouer la folie latente, celui qui employait déjà ce registre dans “Legion” y retombe avec naturel. À surveiller pour le reste de sa carrière afin de s’assurer qu’il a plus d’une corde à son arc, mais toujours est-il que le barjot sévère, il le joue parfaitement.

Son rôle est si important pour le film que celui des autres en devient effacé. Certes, le film tourne autour de Dan Stevens et en changeant plusieurs fois de grammaire, on n’aide pas les rôles secondaires à s’épanouir mais on aurait apprécié plus d’implication, des substories plus satisfaisantes que le psychodrame familial éculé.

Et pourtant, difficile de qualifier “The Guest” de plaisir coupable tellement il n’est honteux de rien. Ce qu’il veut convoquer, il le maîtrise et l’agence avec suffisamment de respect pour faire s’émouvoir le bon vieux vidéo clubber qui vous envoie ces quelques lignes.

Dans un film polymorphe, sans cesse changeant de peau, Dan Stevens livre une prestation saluable qui valide ce bon petit moment de ciné rétro.

Nicolas Marquis

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