Tesla

2020

réalisé par: Michael Almereyda

avec: Ethan HawkeEve HewsonEli A. Smith

Avec les années, le nom de Nikola Tesla s’est presque ancré dans la pop culture. Pionnier de l’électricité, son patronyme est désormais le nom d’une société qui entend envoyer des millionnaires dans l’espace et construire des voitures qui se conduisent seules: tout le côté précurseur et visionnaire de Tesla résonne encore aujourd’hui. Autre exemple? Sa présence au cinéma, avec notamment en tête l’apparition de David Bowie dans le rôle de l’inventeur pour “Le prestige” de Christopher Nolan, un des geeks en chef de notre génération. Tesla est synonyme de futur, peu importe l’époque, et aujourd’hui grâce au film de Michael Almereyda, on tente d’en découvrir un peu plus sur celui qui se cache derrière ce nom.

Dans ce pur biopic, on va donc à loisir pouvoir suivre la vie de Nikola Tesla (Ethan Hawke), sa terrible rivalité avec Thomas Edison (Kyle MacLachlan) mais aussi ses amours avec notamment Anne Morgan (Eve Hewson), la fille du milliardaire JP Morgan.

À l’évidence, si le nom de Tesla résonne encore aujourd’hui dans l’imaginaire collectif, c’est avant tout grâce à ses propres inventions. À une époque où l’électricité se démocratise et où on remplace les chandelles par des ampoules, le film permet de remettre en perspective le personnage de Tesla avant tout à travers son travail. Le long-métrage ne va pas se contenter que de cela et va aller chercher quelques éléments romanesques dans l’existence du génie, mais c’est avec habileté que l’oeuvre reste à l’équilibre entre biographie et trouvailles de l’inventeur.

Comme les deux faces d’une seule pièce, ce procédé intelligent pour délimiter un personnage hors-normes va malheureusement trouver son contrepoids dans des élans verbeux trop prononcés. Tesla est un discret et un taciturne, un caractère qui peut parfois le rendre méprisant. Pour compenser cet aspect de l’homme et pour amener les éléments liés à sa vie personnelle, le film va avoir recours à des dialogues parfois trop étirés et qui manque un peu de naturel.

Heureusement, ils sont servis par un casting rempli de talent. Le trio HawkeMacLachlan et Hewson est non seulement complètement investi dans cette histoire dans l’Histoire mais également en parfaite adéquation avec la patte du réalisateur Michael Almereyda. Dans les attitudes les plus volatiles transparaissent les traits de caractère de personnages pris dans le tourbillon de leur époque et déjà les premiers signes de la société moderne. Un bon point.

« Modernité donc. »

Mais en évoquant le style Almereyda, on pense avant tout à sa manière de casser le quatrième mur pour interpeller directement le spectateur. Ça n’est pas nouveau si vous connaissez le cinéaste, il réutilise ici ce qu’il avait mis en place pour le très sympathique “Experimenter”, un autre biopic. À intervalles réguliers, le narrateur (ou la narratrice) devient apparent à l’écran et apostrophe le public. En début de film, on évoque ainsi des “nombres de résultats sur Google” avec culot et ça fonctionne! “Tesla” est encore associé au futur et le long-métrage peut se permettre cette audace.

Autre marque de fabrique de Almereyda: ces scènes où les personnages se retrouvent face à un décor projeté. Là aussi, on retrouve les méthodes d’“Experimenter” qui s’accordent efficacement avec cette nouvelle histoire. Une façon de rétrécir le décor malgré les paysages affichés: le spectateur est déstabilisé par la petitesse de la pièce et la grandeur du panorama. Un sentiment presque contradictoire et difficile à verbaliser s’en ressent et appuie une narration déjà très stylisée.

Si vous ajoutez à cela un montage courageux, qui ne cherche pas forcément un fil conducteur dans la vie de Tesla mais plutôt dans ses idées et ses travers, vous obtiendrez un film à l’identité unique et pertinente. Faire une œuvre consensuelle sur un homme aussi hors du commun n’aurait aucun sens et Almereyda est conscient qu’il ne peut se reposer sur la forme habituelle d’un biopic. 

Mais son dosage est parfois mauvais. Dans certaines scènes, les plus lunaires, le cinéaste va trop en mettre et va tomber dans le grotesque. Il va en fait rabâcher ce qu’il avait pourtant mis en images efficacement. La dissonance des sentiments que faisaient naître les scènes projetées qu’on évoquait plus tôt est mal retranscrite dans la mise en scène qui n’est pas toujours du meilleur goût, tout spécialement à la fin du film.

Avec ses forces et ses faiblesses “Tesla” est un biopic différent, au style particulier. Un peu trop pompeux? Sûrement, mais tout un tas de petites idées permettent au film de résonner dans l’esprit de chacun.

Nicolas Marquis

Retrouvez moi sur Twitter: @RefracteursSpik

Laisser un commentaire