Ma belle-famille, Noël, et moi

(Happiest Season)

2020

réalisé par: Clea DuVall

avec: Kristen StewartMackenzie DavisAlison Brie

Devinette: quel est le point commun entre Ben Affleck, James Mangold, David Fincher, Robert Rodriguez, Alejandro González Iñárritu et John Carpenter? Réponse: ils ont tous fait tourner devant leurs caméras Clea DuVall. Pas forcément le nom le plus connu du grand public et pourtant une actrice talentueuse qui a longtemps été un second rôle de choix dans des registres très variés. Cette comédienne, on a chez Les Réfracteurs une certaine affection pour elle et pour son parcours. Son visage nous a marqué et elle a su nous émouvoir jusqu’aux larmes comme dans “21 grammes” notamment. Pourtant, c’est aujourd’hui une autre facette de cette artiste totale que l’on va découvrir puisque c’est en tant que réalisatrice qu’on l’évoque aujourd’hui, avec “Ma belle-famille, Noël, et moi”.

Un film de Noël dans la plus pure tradition, aux accents de comédie romantique: Abby et Harper (Kristen Stewart et Mackenzie Davis) sont deux femmes follement amoureuses l’une de l’autre qui vont à l’occasion des fêtes de Noël passer une semaine dans la famille bourgeoise de Harper. Seul souci: tout le monde ignore l’homosexualité de la jeune femme qui va demander à sa moitié de se faire passer pour sa colocataire pour ne pas réveler le secret qui les unit. S’ensuit toute une avalanche de gags, de pitreries et de quiproquos de plus en plus énormes et qui vont précipiter le couple au bord du gouffre.

Déco de Noël

Le premier ressenti de l’œil est plutôt agréable. Clea DuVall épouse pleinement les couleurs qui font la féerie de Noël et s’épanouit totalement dans ce cadre. “Ma belle-famille, Noël, et moi” scintille, brille, étincelle. Du rouge des guirlandes au vert des sapins, on retrouve un certain fil conducteur visuel entre ornements, décors et costumes qui font du long-métrage une œuvre très marquée qui s’inscrit parfaitement dans la période actuelle, celle des fêtes de fin d’année.

Autre point fort du film: son aspect chorale qui fonctionne plutôt bien. On passe d’un personnage à l’autre avec facilité et on s’imprègne de tous ces caractères différents. Certes, certains protagonistes paraissent un peu inutiles mais on ne criera pas au scandale tant le film impose un rythme soutenu. Il faut dire que Clea DuVall a su s’entourer d’un casting particulièrement savoureux. On retrouve derrière Kristen Stewart et Mackenzie Davis des noms connus comme Alison Brie ou Victor Garber qui permettent de donner de la cohérence à l’ensemble.

L’ennui, c’est que passé ce constat, Clea DuVall semble se reposer sur ses acquis pour ne pas montrer grand-chose en termes de réalisation. Le film est frappé par une forme de timidité dans la mise en scène qui le condamne à rester un divertissement relativement déjà-vu. Il manque un peu de folie, un brin de créativité à “Ma belle-famille, Noël, et moi” pour que le long-métrage gagne en épaisseur et trouve un second souffle.

« Oracle à la patinoire »

Événement annuel

 On ne criera pas pour autant au scandale: “Ma belle-famille, Noël, et moi” reste un bon moment qui n’a rien d’une torture mais qui ne laissera malheuresement pas non plus une trace indélibile dans nos coeurs. Vite absorbé, vite oublié et place au suivant: c’est le sentiment qu’on a éprouvé au fond de nous. Un film qui trouverait assez aisément sa place dans les programmations de Noël des chaînes de télévision tant il est parfois consensuel.

Globalement, on sourit devant le long-métrage mais on ne peut s’empêcher d’être par instants gênés devant certains gags un peu creux qui ne fonctionnent pas franchement. Quand Clea DuVall les accompagne d’une virgule musicale pour forcer le rire, on soupire. Une lourdeur certaine qui entache également la morale du film et son dénouement couru d’avance. “Ma belle-famille, Noël, et moi” ne veut faire de mal à personne et ses coups de baguette magique le rendent parfois cucul, soyons honnêtes.

Et c’est franchement dommage car à certains tournants du scénario, la réalisatrice semble trouver du souffle dramatique et pourrait tendre durablement vers un propos plus poussé et salvateur. Toute la thématique du “coming-out” est plutôt intelligemment apportée et on espère durant ces parenthèses pertinentes que le salut viendra de cette problématique plus moderne que la grammaire du film de Noël. Malheureusement, on passe par trop de raccourcis pour s’imprégner vraiment de cette dimension de l’œuvre.

Malgré toute l’affection qu’on a pour Clea DuVall et le message de fond qu’elle tente d’amener, “Ma belle-famille, Noël, et moi” reste un film convenu et bien trop bancal.

Nicolas Marquis

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