(Moneyball)
2011
réalisé par: Bennett Miller
avec: Brad Pitt, Robin Wright, Jonah Hill
En guise d’intro, on a quelques comptes à régler entre nous: alors qu’on vous avait concocté un édito sympa autour du sport il y a quelques temps, Yamaneko avait décrit le baseball comme un sport “ennuyeux”. Et bien trois fois zut à toi Yamaneko! Moi j’aime le baseball! Oh certes, un match équivaut à 1/5ème de mon espérance de vie et les horaires font souvent en sorte que je m’endorme avant la 4ème manche. Mais tout de même, le baseball fait partie du folklore américain. La ferveur, les hot-dogs, les rivalités, les hot-dogs, les légendes, les hot-dogs et les destins me fascinent. Et les hot-dogs aussi. Plongeons ensemble dans cette univers avec “Moneyball”.
L’histoire vraie des Oakland Athletics qui après une saison plutôt réussie sont contraints de lâcher la plupart de leurs stars pour des raisons financières. Billy Beane (Brad Pitt) va alors faire appel à Peter Brand (Jonah Hill), un simple employé de bureau d’un autre club, mais convaincu de la fiabilité de ses outils statistiques. Ensemble, ils vont orienter le recrutement vers des joueurs peu côtés mais efficaces selon Peter, et accomplir un exploit qui va changer la face du baseball moderne.
Si on a clamé notre amour du baseball, on va immédiatement calmer les ardeurs des fans: le film ne montre qu’extrêmement peu de baseball. L’une des superstitions de Billy étant de ne jamais regarder les matchs de son équipe, le réalisateur Bennett Miller fait le choix de renforcer l’identification au personnage en jouant de cet artifice. Ce que l’on entrevoit d’un match de baseball, ce sont presque exclusivement les images que voit Billy. C’est plutôt bien vu et ça permet de tirer le film un peu plus haut, vers une réflexion plus universelle. En somme, un film de bureau davantage que de sport et c’est culotté de la part du cinéaste.
« À la pointe de la mode. »
Ces deux hommes se retrouvent dans une situation cauchemardesque. Celle où ils ont tous les deux raisons mais tout le reste du monde (du baseball) a tort. Leurs outils statistiques, ils n’en doutent pas un instant, ils ont d’ailleurs fait le pari de ne se fier qu’à eux. Mais alors que les début sont chaotiques, ils doivent lutter pour s’affirmer, et pour ne pas perdre la face.
Ce tandem fonctionne terriblement bien. Brad Pitt est le héros du film mais Jonah Hill est presque sur le même niveau d’importance. Malheureusement, on ne voit qu’eux et c’est dommage. Quelques rôles supplémentaires plus impliqués dans la gestion humaine de l’équipe auraient pu apporter quelque chose (Philip Seymour Hoffman est d’ailleurs au casting).
Car si l’histoire est vraie, elle reste un peu romancée. Elle fait indéniablement partie de la légende, souvent plus importante que la vérité en matière de sport US. Reste tout de même une interrogation: peut-on vraiment gérer des hommes uniquement avec des chiffres, sans soutien psychologique pour les tirer vers le haut? On en doute et le film est peut-être un peu trop marqué sur cette question. Appliquée à des ouvriers d’une ligne de fabrication, la méthode Beane/Brandt serait pour le moins inhumaine.
Parmi les points forts du film, notons son attrait pour les néophytes. Comme le disait ce salaud de Yamaneko, « Moneyball » rend intéressant un monde que personne ne connaît en dehors des américains. Une réalisation propre, des situations simples, des problématiques claires: le film est didactique et permet de mettre un premier pied dans le monde du baseball.
D’autant plus que le long-métrage ne s’encombre pas de superflu. La famille de Billy par exemple, et tout particulièrement son rapport avec sa fille qu’il ne voit que rarement, est bien présent mais sans en faire trop, et surtout sans que cela parasite l’intrigue. Le sujet n’est pas le même si la situation devait être expliquée. En un mot: justesse.
Pour étayer le tout, un excellent montage, toujours pourvoyeur de rythme. Les scènes s’enchaînent à bon rythme, mais toujours avec beaucoup de clarté, les préparations sont bonnes et les concessions au cinéma grand public peu nombreuses (ou bien maquillées).
“Moneyball” se vit comme un vrai match sportif. On vibre, on s’emporte, on soutient ou on maudit: toutes ses émotions qui sont le cœur des joutes sportives sont merveilleusement bien présentes dans le film.