My Kid
My Kid Affiche

(הנה אנחנו)

2021

Réalisé par: Nir Bergman

Écrit par Dana Idisis

Avec Noam Imber, Shai Avivi

Film fournit par Sandrine Hivert pour Blaq Out

Sélectionné à Cannes

Aaron et son fils autiste Uri vivent ensemble, coupés du reste du monde. Mais vient le jour où la mère de Uri veut revenir dans la vie de celui-ci et surtout que ce dernier soit placé en institut spécialisé où il pourra être avec des jeunes de son âge et gagner en indépendance. Aaron, convaincu que ce n’est pas ce qu’il faut pour son fils, décide, lors d’une crise de ce dernier ,de prendre la fuite avec lui. Ce qui bien sûr va les mener à entamer un road trip dans les paysages israéliens. 

La scénariste Dana Idisis s’est inspirée de la relation entre son père et son frère autiste pour écrire My Kid. Si elle a songé dans un premier temps à le réaliser, c’est finalement Nir Bergman qui s’en est chargé. La cinéaste s’est senti particulièrement concerné par la paternité car il venait d’avoir un fils. Bien sûr, le documentaire que la scénariste a réalisé sur la relation entre son père et son frère, Seret Bar Mitzvah, en 2013 a influencé le film mais pas seulement. Ils ont rencontré d’autres familles avec un enfant autiste afin d’avoir d’autres sources d’inspirations.

My Kid illu 1

De nos jours, le choix d’un comédien principal non autiste surprend, mais en Israël les personnes atteintes de TSA ne suivent pas de cours de théâtre contrairement à l’occident, et  Dana Idisis et Nir Bergman ont donc dû choisir un comédien neurotypique. Toutefois le choix s’est porté vers un acteur familier avec l’autisme. En effet, le père de Noam Imber était directeur d’un établissement pour personnes avec un TSA et a pu observer leur manière d’être. Cependant ils ont construit le personnage d’Uri avec ses propres gestes, sa propre histoire. Lui et Shai Avivi ont cherché à investir personnellement l’élaboration de leur protagoniste en puisant dans leur expériences passées.

Le réalisateur s’est lui aussi éloigné de la réalité, souhaitant offrir un mélodrame comme seule la fiction en donne. Il a lorgné du côté du cinéma indépendant américain, notamment du film Manchester by the Sea, en laissant les personnages se construire et vivre à travers les scènes qui se veulent réalistes mais possédant toute la force dramatique de la fiction. C’est assez remarquable dans la séquence de la gare où Uri entre en crise. Cette scène est d’autant plus crédible qu’on y voit les difficultés d’Uri, de son père mais aussi le regard dur des gens autour. Un instant qui s’étire jusqu’à devenir insupportable pour le spectateur comme elle l’est pour les personnages.

My Kid illu 2

Peu à peu, alors que le long métrage avance, le film découvre un peu plus les couches profondes des protagonistes. On comprend que Uri est un jeune adulte et non plus un enfant, il s’émancipe de plus en plus de son père, démontre un désir sexuel, une envie d’être seul, d’être avec des jeunes filles. voire avec une femme adute. C’est à ce moment-là qu’on atteint les limites du père. Ce dernier affiche une certaine lâcheté, dès la moindre difficulté, il prend la fuite. Il s’accroche à son fils pour ne pas affronter ses propres échecs, et le fait qu’il ait renoncé, ou pas réussi, dans son art. On sent chez lui la même amertume envers son ami riche que chez un Walter White dans la saison 1 de Breaking Bad qui inévitablement va le pousser à déraper. Heureusement cependant, Aaron apprend de son fils et évolue.

L’image quand à elle est chargée de couleur et de chaleur, nul doute que le cinéma indépendant américain a servi d’inspiration pour donner un ton plus léger par le visuel, plus poétique aussi. La caméra cherche à capter les instants de rêveries et de sensorialité de Uri, la splendeur du paysage marin alors que leur fuite prend des allures de course sans fin. Le rythme du montage adopte également le style du cinéma indépendant américain, laissant le temps aux plans, aux comédiens, aux scènes pour déployer toute leur intensité dramatique. 

My Kid illu 3

Et puis, à la musique, le son très disco de la chanson Gloria de Umberto Tozzi qui revient à plusieurs reprises dans le film donne une touche de nostalgie qui mâtine tout le film. Cette nostalgie est soulignée également par l’omniprésence de Charlie Chaplin, dont Uri regarde les films en boucle sur un petit lecteur DVD portable, et dont la gestuelle inspire les comédiens qui nous offrent des instants d’humour burlesque et poétique. Un autre humour s’ajoute, celui assez typique de la culture juive, à savoir un humour basé sur des instants gênants, comme la scène de la piscine. Ce n’est pas sans rappeler le ton de Larry et son nombril. Tout cela allège un peu le film de son aspect mélodramatique et rend sa vision moins difficile pour le spectateur.


Nous avons eu entre les mains le DVD sorti par Blaq Out: la copie est vraiment très belle et rend justice aux couleurs du soleil israélien. Deux pistes sonores sont disponibles pour du stéréo ou 5.1, en revanche, pas de version française disponible. Enfin, en bonus figure un entretien avec le réalisateur qui explique les choix artistiques et l’élaboration du film, ce qui est toujours chérissable.

My Kid est disponible chez Blaq Out.

Laisser un commentaire