Balle perdue

2020

de: Guillaume Pierret

avec: Alban LenoirNicolas DuvauchelleRamzy Bedia

Tous les jours, partout dans le monde, il y a des cinéastes qui se réveillent et se disent: “À moi le nouveau Apocalypse Now”. Tous les jours, partout dans le monde, il y a des acteurs qui se réveillent et se disent: “Le nouveau James Stewart ce sera moi!”. Et jusque là c’est très bien. Le souci, c’est que tous les jours, partout dans le monde, il y a aussi des producteurs qui se réveillent et qui se disent: “Faites péter les biftons, on va faire notre Fast & Furious”. Quand en plus leur mauvais goût s’accompagne de moyens maigrelets, “Balle Perdue” a beau venir de chez nous, on peut pas vraiment le cautionner.

Bon, on va la faire courte: c’est l’histoire de Lino (Alban Lenoir) qui après un casse à la voiture bélier qui part en vrille va bénéficier d’une liberté anticipée à la condition de travailler avec la brigade anti go-fast. Une aubaine pour lui qui est un mécanicien de génie, mais on va rapidement découvrir que l’escouade ne compte pas que des enfants de coeur et Lino va devoir prendre la fuite.

Pour être tout à fait honnête, et parce qu’on va sans doute être plus méchant ensuite, reconnaissons qu’Alban Lenoir fait plutôt bien le taff. Son personnage est déjà-vu mais il fonctionne, et l’acteur réussit même à bien vendre quelques scènes de bastonnade joliment chorégraphiées. On est pas devant le nouveau roi du film d’action, mais au milieu des autres personnages, le sien surnage.

En même temps, il faut bien dire que si Lino est à peu près attachant, tout le reste du casting est d’une nullité sans pareille. C’est pas de leur faute, ils font avec ce qu’ils ont, autrement dit des personnages écrits n’importe comment, clichés prémâchés et recrachés. Le petit frère stupide, le flic compatissant, le ripou… Une “Balle Perdue”, c’est 10 relous qui reviennent.

« Il va tirer dans la tête à la main »

Et au beau milieu de ce bordel, on a Nicolas Duvauchelle, pas crédible trente secondes en antagoniste du film. Si les autres tentent de se débrouiller, lui n’essaye même pas, se contentant de lâcher ses répliques sans conviction, presque avec nonchalance. L’occasion de se rendre compte que Ramzy Bedia joue mieux que lui, au moins dans ce film.

Mais si on tire sur les personnages, il faut quand même bien reconnaître que le film bénéficie d’une cote de sympathie non négligeable. En terme de divertissement où on débranche totalement le cerveau, “Balle Perdue” amène même un côté vaguement fun dans son aspect “Over the top”. Des circonstances toujours plus tendues, une course contre la montre permanente, quelques franches empoignades: le film n’est pas un ratage total.

Il possède même un certain second degré vis à vis de sa provenance: imposer des Clios et des R21 en bêtes de l’asphalte, c’est franchement marrant. Le côté bien franchouillard du film serait même plutôt plaisant s’il ne se couplait pas avec un manque de moyens évident.

C’est particulièrement visible lors des scènes de courses poursuites, le cœur du film, alors que la tension doit être à son paroxysme. C’est dans ces instants que le long-métrage montre ses limites budgétaires. Constamment en tentative d’aller plus loin que ce que lui permet la technique, le film paye cash sa contravention pour excès de confiance.

Pourtant, à une certaine échelle, le film fonctionne. On ne saurait définir ce sentiment parfaitement mais c’est accrocheur et même si on en a un peu honte , on ne peut pas qualifier “Balle perdue” de navet total. Attachant est probablement le mot qui convient le mieux, malgré tous les boulets que traîne le long-métrage.

Un film comme “Balle perdue” ne peut être considéré autrement que comme mauvais long-métrage au premier degré. Mais son vague fun et quelques instants plaisants lui confèrent un potentiel “plaisir coupable”.

Nicolas Marquis

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