Cérémonie Mortelle

(Mortuary)

1983

Réalisé par : Howard Avedis

Avec : Mary Beth McDonough, Bill Paxton, Lynda Day George, Christopher George

Film fourni par Rimini Éditions

Christie n’arrive pas à se remettre du décès de son père. Elle est persuadée qu’il n’est pas mort par accident. Aidée de son petit ami, la jeune femme se lance dans une enquête qui la mettra face à un tueur pervers.

La mode du slasher

Au début des années 1980, le slasher fait partie des genres populaires auprès du public. Popularisé par les succès d’Halloween et Vendredi 13, beaucoup de réalisateurs et de petites sociétés de production tentent leurs chances. Avec leurs petits budgets et le boom de la vhs, tout est réuni pour gagner beaucoup d’argent.

Howard Avedis est l’un de ces cinéastes ayant flairé la bonne affaire. Américain d’origine irakienne, il commence sa carrière dans les années 1960 à Bagdad avec des mélodrames. Dans les années 1970, il rentre aux USA pour se spécialiser dans les thrillers érotiques, avec des œuvres comme The Stepmother ou bien encore The Teachers.

En 1981 il rencontre celle qui devient son épouse, Marlène Schmit. Ensemble, ils écrivent et produisent un slasher : Cérémonie Mortelle. Une grande partie des 250 millions du budget part dans les poches du couple star de la télé Christopher George et Linda Day George.  On retrouve également un jeune Bill Paxton au générique de cette histoire de meurtre. Le film n’est pas un succès au box office, ne rapportant que 2,2 millions de dollars. L’équipe s’en moque car ils savent que ce sont les vidéo-clubs qui permettent de vendre et d’assurer la renommée de ce type de film.

Possession et perversité

Cérémonie Mortelle contient tous les ingrédients pour attirer l’adolescent en recherche de frissons. Une belle jeune femme en détresse, un peu d’érotisme et des meurtres bien sanglants. Le tueur est un personnage en recherche d’affection, il ne supporte pas d’être abandonné ou même d’être contredit. Il est possessif et obsessionnel. Lorsqu’il choisit Christie comme objet de tous ses fantasmes, il met tout en œuvre pour l’isoler de son entourage, et ensuite l’attirer à lui. Le plan machiavélique de l’antagoniste commence par le meurtre du père de la jeune femme.

Le réalisateur introduit cette menace toxique tout d’abord comme une ombre qui petit à petit vole toute la lumière autour de sa proie, avant de fondre sur elle dans une forme démoniaque, contrastant avec l’éclat paradisiaque de la maison de Christie. Le mal a pénétré dans le paradis pur de sa victime. Cette référence à une entité diabolique est présente tout au long du film. Le maquillage blanc et noir du tueur rappelle fortement celui porté par un prêtre vaudou. La jeune fille fait des cauchemars, devient somnambule et enfin lors d’une scène de meurtre, le pervers ira jusqu’à écraser de tout son poids la mère de Christie, comme dans le célèbre tableau Le Cauchemar de Füssli.

La peur de l’héroïne et sa difficulté à faire son deuil sont deux armes qu’exploite également le mystérieux pervers. Christie est perçue comme hystérique et ainsi rejetée par son entourage. Le réalisateur accentue cet effet en isolant souvent son héroïne, que ce soit dans le cadre ou bien encore en l’entourant  de couleurs chaudes et de lumière, pendant que les autres personnages portent des teintes fades.

Le tueur ne laisse jamais Christie en paix. Le metteur en scène utilise la caméra subjective, le son, les variations de lumière et enfin les ombres pour personnifier la menace pesant sur les épaules de Christie. Ces idées permettent de cacher le faible budget du film et sont très efficaces. Le public ressent la peur et le stress permanent de l’héroïne. Les intentions du tueur sont également parfaitement perçues.  Nous pouvons ressentir sa colère ainsi que ses pulsions sexuelles. La mort de la mère de Christie est filmée comme un viol. Le pic en métal ne fait qu’entrer et sortir au niveau du bas ventre pendant que la silhouette se délecte de cet acte barbare. Le réalisateur cadre pour la première fois en gros plan l’antagoniste dans une grimace de plaisir, le meurtre lui procure un orgasme.

Si le long métrage possède de bonnes idées de mise en scène, Cérémonie Mortelle n’exploite pas complètement son potentiel. Le film rencontre quelques problèmes qui le tirent vers le bas. La mise en scène, malgré certaines séquences marquantes, est assez plate et dans son dernier acte, Howard Avedis semble perdre le contrôle de son ambiance, sombrant dans la farce. Les acteurs sont dans le surjeu le plus complet, rendant le coup de théâtre final ridicule. La tension disparaît lorsque la fameuse cérémonie commence. L’antagoniste est dans la lumière et celle-ci supprime tout son mystère. Il n’est qu’un pantin ridicule vite éliminé par Christie et son petit ami. Le film se finit alors dans un dernier twist rappelant le dénouement de Vendredi 13. 

Lorsqu’il se concentrait sur la perversité de la menace sans nous en donner de justification, Cérémonie Mortelle était très efficace. Christie était oppressée et la menace apparaissait aux yeux du public comme permanente. Il est dommage de perdre ça dans une conclusion qui ne tient pas sur le papier et devient ridicule à l’image et dans sa tentative de suivre la mode.

Cérémonie Mortelle n’est pas un film parfait mais un slasher honnête qui vous divertira lors d’une soirée au coin du feu. Il possède des scènes de morts et d’ambiances plutôt intelligentes qui permettent de faire oublier le petit budget du film. Bien que son dernier acte casse un peu l’atmosphère pesante, le long métrage reste quand même plaisant à regarder.

Cérémonie Mortelle est disponible en DVD et Blu-ray chez Rimini Éditions, avec en bonus :
– un livret de 20 pages écrit par Marc Toullec
– Secrets d’embaumement : les coulisses du film par Gilles Penso, réalisateur et écrivain

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