БоксБалет
2022
Réalisé par: Anton Dyakov
Film vu par nos propres moyens
Le sentiment amoureux est un thème inépuisable à la recherche duquel se sont lancés des milliers de cinéastes, parfois très tôt dans leur quête artistique. Au moment de nous présenter BoxBallet, Anton Dyakov n’a d’ailleurs à son actif que deux courts métrages, à peine plus de dix minutes de filmographie au total, et c’est dans la passion qui unit deux êtres qu’il puise l’inspiration de cette nouvelle proposition animée, d’environ un quart d’heure. Hasard du jeu des Awards, BoxBallet concourt dans la même catégorie que The Windshield Wiper aux prochains Oscars, celle du meilleur court métrage d’animation, en partageant un même sujet: l’amour.
Pourtant, bien que les deux œuvres aient également la particularité commune d’être presque entièrement muettes, leur approche diverge radicalement. Là où The Windshield Wiper joue la carte du film choral qui collecte les instantanés de vie de multiples protagonistes, BoxBallet s’attarde sur la trajectoire de deux personnages. Un couple inattendu puisqu’il réunit une ballerine et un boxeur, opposés en presque tout point, mais animés d’un même désir d’apprendre à se connaître, dans la Russie des années 90. Sur le chemin de leurs sentiments s’imposent les embûches de leur vie respective, alors que la danseuse entrevoit l’espoir de devenir star, tandis que le sportif semble lui voué à recevoir inlassablement une pluie de coups de poing, chaque soir.
En mariant le fond et la forme habilement, Anton Dyakov revisite presque ouvertement le conte de La Belle et la Bête. La première sensation est visuelle, et le cinéaste souhaite y imposer une rupture. Dans les traits proposés, et dans l’animation, le boxeur et la ballerine se confrontent: lui est rugueux, ramassé, ventripotent, et l’économie de mouvement le rend presque robotique; elle est gracieuse, tous ses traits sont allongés, y compris ceux de son visage, et le réalisateur épouse langoureusement chacun de ses gestes.
C’est davantage dans le scénario que se développe le but commun qui réunit ces deux êtres. Tous deux sont enfermés dans une vie codifiée, faites de répétitions inlassables. Ils sont une respiration l’un pour l’autre, une parenthèse, un libre espace d’existence. À travers des instants suspendus, comme pris sur le vif, Anton Dyakov inscrit l’amour dans le quotidien, sur un rythme particulièrement syncopé. Son montage est sec, son utilisation de la musique résonne parfois comme un coup de fouet, sa structure est sévère.
Pourtant, BoxBallet invite dans son dénouement à s’affranchir de ses chaînes. Les deux héros du récit refusent obstinément de tricher, et choisissent la saveur d’une vie simple. Une option salvatrice mais dans laquelle les personnages ne sont pas exposés comme parfaitement épanouis: dans un dernier mouvement gracieux du pied, la danseuse percute un mur. L’amour c’est parfois l’abandon à l’autre, la fin du cheminement personnel, et la décision de tracer désormais une route commune, au-delà des différences. BoxBallet sait se faire doux-amer.
BoxBallet est en lice pour l’Oscars du meilleur court métrage d’animation.
BoxBallet réussit à poser des images simples sur un sentiment complexe, et à émouvoir à travers la trajectoire de ses deux personnages principaux, poussé par l’amour.
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