Baby Driver
Baby Driver

2017

Réalisé par: Edgar Wright

Avec: Ansel Elgort, Lily James, Jon Hamm

Film vu par nos propres moyen

Baby Driver, c’est un projet qu’Edgar Wright souhaitait faire depuis un long moment, après de nombreuses écoutes de l’album Orange de John Spencer Blues Explosion. Le concept a même évolué avec le temps : le réalisateur a d’abord imaginé une poursuite en voiture à grande vitesse. Cette idée est devenue par la suite une séquence complète accompagnée par la chanson Belbottoms. Le clip du morceau Blue Song qu’il réalisera en 2003 servira de test et lui donnera même l’inspiration pour le début de son film. Pendant ces trois minutes, nous voyons un chauffeur qui conduit des braqueurs et écoute des morceaux en attendant que le casse se fasse. Si les images de ce que fait Wright nous montre cette manière d’aborder la narration par la mélodie, on peut se demander comment le cinéaste Britannique a réussi à construire tout son film autour du médium de la musique.

Baby, c’est le personnage qu’incarne Ansel Elgort, un pilote pour des malfrats avec pour particularité de rouler au rythme de sa propre playlist. Sa vie va changer quand il rencontrera Debora (Lily James), qui va lui donner envie de mettre fin à ses activités criminelles afin de tracer une route plus saine et tranquille. Mais il est forcé de reprendre cette activité par le grand patron du crime (Kevin Spacey) pour lequel il travaillait. À la suite d’un braquage qui tourne mal, c’est toute sa liberté, son avenir, la fille qu’il aime et aussi sa vie qui seront en jeu.

Ta playlist, elle raconte quoi comme histoire ?

Quand j’évoque un film d’Edgar Wright, je ne peux pas m’empêcher de parler de son utilisation de la bande son. C’est quelque chose d’important dans chacun de ses films. Quand je parlais de Shaun of the Dead, il me semblait essentiel de revenir sur cette scène d’action avec l’utilisation du morceau Don’t Stop Me Now de Queen qui offrait quelque chose de très vivant à l’intérieur de cette séquence. Lors de notre podcast sur Scott Pilgrim, on soulignait l’OST accompagnant de bout en bout le long-métrage et ses personnages. Baby Driver ne fait pas exception. Edgar Wright ne cesse jamais de réfléchir sur comment il peut associer la musique et le cinéma, ses deux passions. Le long-métrage peut être perçu comme une finalité de sa démarche, mais en somme, ce n’est qu’une nouvelle étape de son cinéma où l’on ne perçoit jamais l’envie d’appuyer sur pause.

On a déjà parler de l’impact des chansons populaires sur les réalisations d’Edgar Wright durant notre rétrospective de sa trilogie Cornetto. On peut également parler de ce que les mélodies ont pu apporter à la vie de Wright. Pour cela, on peut tisser un parallèle sur ce que vit au quotidien le personnage principal de Baby Driver. Comme le cinéaste britannique, Baby souffre d’acouphène. La musique l’aide à ne plus sentir cette douleur. Dans le premier braquage, le personnage Elgort fait un peu le show exactement comme dans le clip Mint Royal que met en scène le réalisateur. Le cinéaste nous montre à quel point les chants peuvent nous aider à vivre. Baby a eu son trouble auditif à cause d’un accident de voiture. Il y a un véritable traumatisme chez le jeune homme. Outre le fait que la musique l’aide à moins souffrir, l’utilisation du 4e art lui offre une forme de confort. Il peut oublier le choc d’avoir perdu ses parents et s’enfermer dans une bulle confortable. La mélodie qui ressort des chansons de la playlist de son Ipod, l’aide aussi à supporter qu’il est entouré de malfrats comme le personnage de Jamie Foxx qui a en lui quelque chose de cruel. Tout simplement, il est déconnecté du chaos qui l’entoure.

Baby Driver

Sa rencontre avec Debora, dans le café où la jeune femme travaille, va l’aider se rendre compte du monde dans lequel il est. Le cinéaste profite des moments entre ses deux personnages pour que Baby s’ouvre à nous, pour qu’on soit touché par ce qui va lui arriver. Lily James n’incarne pas qu’un protagoniste qui partage la même passion que celui d’Ansel Elgort. Elle l’aide à affronter la réalité. Ainsi, quand elle sera en danger, il cherchera à la sauver. C’est la même chose, quand il sentira qu’il doit aider son père adoptif : Joe. Avec ces deux personnes dans son entourage, le jeune homme comprend qu’il est dans un environnement dangereux pour lui, mais aussi pour les personnes qu’il aime réellement. C’est un élément déclencheur dans le choix de Baby de changer de vie et d’affronter ce qu’il faisait avant.

La musique comme moyen de renouveler le cinéma d’action

La proposition de Baby Driver paraît originale, mais en réalité, Edgar Wright renoue avec une façon de concevoir le cinéma qui faisait la force d’Hollywood. Aujourd’hui, quand on voit beaucoup de films appartenant au cinéma de divertissement grand public, on peut constater que ce sont des œuvres se reposant pour beaucoup sur des effets spéciaux. Effectivement, cela peut faciliter beaucoup de choses dans la création d’un film, mais à trop vouloir en faire, on s’éloigne de ce que nous propose le 7ème art. On ne peut plus croire ce que l’on voit. Wright, ne voulant pas céder à cette facilité, décide de préparer malicieusement ce qu’il entreprend. Cela passe par un story-board qui raconte toutes les intentions de l’auteur. Les cascades et les chorégraphies sont préparées en avance afin de voir si c’est réalisable ou non. Uniquement, quand il n’y a pas le choix, les effets numériques sont utilisés afin de pouvoir réaliser cette scène. Tout cela permet d’avoir une œuvre dont on ressent chaque cascade, dans laquelle on a cette sensation d’assister à des courses-poursuites. On se laisse emporter par ce que l’on voit sans réfléchir.

Baby Driver

On se demandait comment le réalisateur arriverait à construire la narration de son film par le divertissement auditif : il y arrive en nous proposant une véritable comédie musicale. Lorsque Baby parcourt les rues d’Atlanta pour aller chercher son café, on voit ce côté gigantesque d’une chorégraphie entraînant tout le monde sur le rythme de Harlem Shuffle. Quand on a de l’action, elle n’écrase jamais le reste, parce que c’est la bande son qui la guide. Le 6ème film d’Edgar Wright est rafraîchissant, parce que ce réalisateur assume de faire un show musical d’action. Il est dans une exploration du mélange des genres pour proposer de nouveaux horizons au cinéma.

Baby Driver est distribué par Columbia TriStar

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