2007
de: Danny Boyle
avec: Cillian Murphy, Rose Byrne, Chris Evans
Deuxième arrêt dans notre rétrospective consacrée à Alex Garland, on évoque aujourd’hui “Sunshine”. Un film qui renoue avec une partie de l’équipe qui nous avait offert “28 jours plus tard”: Garland à l’écriture, Boyle à la réal, Murphy devant la caméra. Seulement voilà, on ne peut pas faire mouche à tous les coups, et on va voir que si ce staff avait réussi à dépoussiérer le film de zombies, elle a été beaucoup moins à l’aise dans le registre de l’horreur spatiale.
Alors que notre Soleil se meurt, une mission de sauvetage est chargée de délivrer une “bombe stellaire” en plein coeur de notre étoile pour raviver son éclat. L’équipage de “l’Icarus 2” se lance donc sur les traces de leurs prédécesseurs disparus quelques années plus tôt, pour tenter de sauver l’humanité.
Là, on va devoir poser une question, complètement conne mais à laquelle on n’a pas trouvé de vraie réponse: si un jour une mission habitée se rend à proximité du Soleil, quel genre d’esprit putain de tordu choisirait de l’appeler “Icarus”. Non là, franchement, faut vraiment avoir un pet au casque inexplicable. C’est comme si vous emmeniez votre famille en balade à bord de votre voiture nommée “accident mortel”. Un détail pas si anodin.
Si on lui consacre un mois spécial, c’est qu’on aime Alex Garland, mais on est obligé de constater qu’au-delà de notre boutade initiale, certaines faiblesses de scénario pointent régulièrement le bout de leur nez. Ce n’est qu’un deuxième scénario à l’époque, et Boyle n’aide pas à digérer le tout, mais défauts majeurs il y a.
Le postulat de base, on l’affectionne pourtant. Une mission spatiale vers le Soleil, on était client. D’ailleurs, toute cette fascination pour un astre dont on doit éviter le contact visuel sans protection, c’était probablement un axe de réflexion intéressant. Mais quel manque de talent dans l’exécution.
Ce fameux scénario pour commencer, il nous a semblé bien trop rocambolesque. On multiplie les rebondissements, au mieux invraisemblables, et le fil conducteur est noyé dans cette bouillie.
« Une métaphore efficace de la plomberie »
Pour ne rien arranger, les personnages sont franchement caricaturaux: le psy mystique, la botaniste monomaniaque, l’antagoniste froid et patibulaire… On collectionne les clichés et en plus on ne les fait pas bien s’entremêler. Mis à part quelques envolées peu nombreuses, le film est globalement mal dialogué.
Mais on pouvait malgré tout ça espérer un fond de réflexion autour de la notion de sacrifice, de la prise de risque, des choix cornéliens de ces femmes et hommes qui doivent tout faire pour réussir. Et bien c’est dommage pour nous, mais c’est aujourd’hui le mauvais Danny Boyle qui est derrière la caméra. On avait loué sa retenue pour “28 jours plus tard”, il apparaît ici comme une espèce de gamin en manque d’attention qui multiplierait les pitreries.
Une bouillabaisse visuelle alors que la photo n’est pas mauvaise: c’est plutôt dans le montage que Boyle se perd. Épileptique à la moindre trace de tension, ce n’est pas tellement que le réalisateur alterne mal calme et danger, mais plutôt qu’il essaye de multiplier les cuts en permanence. En ressort une espèce de film mal défini et irritant d’une manière très sensorielle, et au final complètement flingué.
Si le scénario est imparfait, Boyle ne le réhausse pas non plus. Toujours coincé entre l’envie de livrer un film qui satisfera grand public, cinéphiles, psys de comptoir et astronomes amateurs, le cinéaste finit par ne contenter personne à part lui-même.
C’est une vraie avalanche de mauvaises décisions techniques qui condamne le film à n’être qu’un simple divertissement mou du genou. En plus de cela, Boyle semble décidé à nous offrir de biens mauvais clins d’œil. Les codes de bases de l’horreur spatial, il les maîtrise, il en fait d’ailleurs un étalage presque putassier. Pour ce qui est des éléments de constructions plus complexes, le cinéaste est définitivement aux fraises. Un sous-genre qui ne semble franchement pas lui convenir.
Un scénario pas très bon, une réalisation ratée et des acteurs peu impliqués: “Sunshine” aurait presque des airs de bon gros ratage si son sujet ne nous avait pas un peu emporté vers d’autres horizons.