2020

Réalisé par: Eirik Tveiten

Avec: Sigrid Kandal Husjord, Ola Hoemsnes Sandum, Axel Barø Aasen

Film vu par nos propres moyens

En 2022, la Norvège célébrait les 50 ans de la dépénalisation de l’homosexualité. Pour commémorer cet événement, Posten, le service postal local, a diffusé une publicité pour Noël, “Quand Harry a rencontré le Père Noël”, mettant en scène une romance naissante entre le Père Noël et un homme gay. Le court film a fait la une des journaux internationaux et montre à quel point la communauté LGBTQ+ est devenue acceptée en Norvège jusqu’à devenir honorée par un organisme gouvernemental. Néanmoins, la lutte pour les droits et l’égalité des LGBTQ+ se poursuit car l’intolérance existe toujours. Une récente vague d’actes de vandalisme dans toute la Norvège et même une attaque à l’arme à feu d’un bar gay en plein coeur d’Oslo, montrent que la nécessité d’éduquer la population sur ces problématiques demeure essentielle.

À Byåsen, dans les hauteurs de Trondheim en Norvège, Ebba, une jeune femme de petite taille, attend un tram au terminus par un temps glacial. Quand il arrive enfin, le conducteur refuse de la laisser monter et lui annonce que le tram partira dans une demi-heure. Plutôt que d’attendre, Ebba monte dans le tram laissé vide et en essayant de fermer la porte, le démarre par accident et se dirige vers la ville. Les passagers qu’elle récupère en chemin vont rendre la soirée d’Ebba encore plus particulière. 

Nommé cette année aux Oscars dans la catégorie court métrage de fiction, Nattrikken semble être, dans ses premIères minutes, une comédie cocasse mettant en scène une jeune femme aux commandes d’un tram dont elle prend le contrôle par accident. La deuxième partie du film prend une toute autre tournure lorsque les premiers passagers s’installent à bord de cet autobus sur rail. Eirik Tveiten en quelques minutes à peine, instaure un changement radical d’ambiance lorsque l’un des passagers décide d’importuner une jeune femme qui se révèle être, à la surprise de tous, une personne trans. Lorsqu’il le découvre, ce passager que l’on devine alcoolisé devient menaçant à son encontre et le film interroge le spectateur sur sa capacité de réaction dans une situation similaire. Les passagers présents dans le tram laissent l’incident se dérouler et c’est le courage de la conductrice par défaut, elle même victime de discrimination quelques minutes auparavant, qui permet à la jeune personne trans de pouvoir s’en sortir. Le petit film se conclut par un habile twist qui rend le sourire au spectateur avec une morale bienvenue et rafraîchissante.    

Si le film séduit par son scénario simple mais efficace, Eirik Tveiten ne convainc malheureusement pas derrière la caméra. Le huis clos est un exercice difficile qui rend les possibilités de mise en scène limitées, mais il est néanmoins regrettable que le choix d’une photographie très neutre ou le manque d’expression, pour ne pas dire de charisme de certains comédiens donnent parfois au film le sentiment d’être à la limite de l’amateurisme.   

Nattrikken est un film faussement anecdotique au message nécessaire. S’il manque toutefois de finesse, sa courte durée en fait un divertissement recommandable même si sa sélection aux Oscars peut paraître usurpée.