Kids Corner: Loin de moi, près de toi
Loin de moi cover

(Nakitai watashi wa neko wo kaburu)

2020

réalisé par: Jun’ichi SatôTomotaka Shibayama

avec: Mirai ShidaNatsuki HanaeJohnny Yong Bosch

En suivant leur plan de domination mondiale entamé il y a environ dix ans, les chats continuent d’envahir internet et chaque jour apporte son quota de vidéos toutes mignonnes. Tsuyu, notre jeune réfractrice, y est particulièrement sensible, sans doute à cause de la boule de poils qui habite dans sa maison et qui sert souvent de souffre douleur à ses jeux d’enfant. Pour une fois, c’est donc notre complice enfant qui a proposé “Loin de moi, près de toi”, un film d’animation disponible sur Netflix qui fait la part belle aux félins. On réfracte tout ça en mode “Kids Corner”.

On suit l’histoire de Miyo, une jeune adolescente japonnaise secrètement amoureuse de Kento, un garçon de sa classe à qui elle n’arrive pas à avouer ses sentiments. Pour masquer ses émotions, cette petite fille s’est forgé un caractère fantasque et farfelu, comme une carapace. Mais un jour, un curieux marchand aux traits félins lui offre un masque lui permettant de se transformer en chat à loisir. Un tour de magie qu’elle va utiliser pour se rapprocher discrètement de Kento sous une apparence animale.

Comme souvent pour les Kids Corner, on va partir des choses les plus visuelles pour aller vers le fond de l’oeuvre. Attardons-nous donc sur les dessins pour constater que si Tsuyu est toute jeune, on est nous de vieux aigris. Ainsi, le film mélangeant dessin traditionnel et insert en 3D nous a un peu refroidi, la faute à ce procédé qui nous laisse perplexe. Et bien notre complice a elle adoré ce mélange, sans doute habituée à travers les séries animées qu’elle aime et qui partagent cette pratique.

À l’identique, l’animation nous a paru parfois laborieuse, comme saccadée. Ce sentiment, Tsuyu ne l’a pas éprouvé. On vous le répète, vos Réfracteurs sont de vieux cons qui aiment pinailler alors que notre complice jeunesse s’émerveille encore facilement. Et bien tant mieux! Le cinéma est là pour faire rêver et si Tsuyu s’est sentie transportée, on est heureux pour elle.

« Loin de moi, près de toi”  impose également un univers spécifique aux chats, un monde visuellement fantastique qui cristallise beaucoup de légendes autour des félins. En plus des multiples clins-d’oeil au “chat de Cheshire” qu’apporte le vendeur de masque, c’est tout un monde parallèle qui est amené progressivement. Tsuyu ne savait pas que dans de nombreuses mythologies (principalement égyptienne), les chats ont un statut à part et ce fut l’occasion de l’aborder gentiment.

Loin de moi illu

« Gros bisous »

En plus de cette féerie, le film a aussi été une aubaine pour approfondir sa connaissance des cultures différentes, ici japonaise. En comparant sa vie d’écolière avec celle des nippons, tout un tas de pratiques différentes a sauté aux yeux de Tsuyu (bon ok, surtout la bouffe) et plus que jamais, le cinéma a été un outil particulièrement intéressant pour ouvrir les yeux de cet enfant sur le monde.

Abordons le fond de l’oeuvre: les émotions et comment les exprimer. Évidemment, du haut de ses 7 ans, le sentiment amoureux est encore étranger à Tsuyu. Pourtant, à travers les aventures de Miyo, elle a pu mieux comprendre ce que les adultes ont souvent du mal à verbaliser.

Mais c’est à travers nos discussions d’après séance, alors que nous avons invité Tsuyu à remplacer l’amour par d’autres sentiments, que notre complice a pu réfléchir un peu mieux au fond de l’oeuvre. En parlant de colère ou de tristesse enfouie, et la difficulté de poser des mots dessus, le film a pris tout son sens. Ainsi, lorsque Miyo passe par l’écrit pour avouer ses sentiments à Kento, Tsuyu nous a parlé de son propre vécu. Un pont essentiel pour remettre le film en perspective.

Et de là, tout est devenu plus limpide pour notre mini-réfractrice. Elle a su nous parler des enfants un peu fantasques qu’elle connaît et saisi que cette douce folie est souvent une barrière émotionnelle. L’envie de voir plus loin que le simple caractère des gens s’est invitée en elle. Une vraie leçon de vie essentielle, qui devrait permettre d’aiguiser la curiosité de Tsuyu pour les personnes différentes.

« Loin de moi, près de toi” lui a aussi permis de réfléchir à ses propres émotions et la façon de les exprimer. On n’ira pas jusqu’à dire que le film a parfait son éducation mais une réflexion personnelle s’est invitée en elle. La séance a également offert quelques larmes mais dans tous les registres: tristesse, colère et joie. Et comme on dit chez nous: “pleurer avec le cinéma n’est jamais honteux et souvent utile”.

La note de Tsuyu:

7000

Si nous, adultes, avons quelques réserves quand à la qualité du film, il a magnifiquement ému Tsuyu qui en a tiré quelques belles leçons.

Nicolas Marquis

Retrouvez moi sur Twitter: @RefracteursSpik

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