The Vigil

2020

réalisé par: Keith Thomas

avec: Dave DavisMenashe LustigMalky Goldman

Alors que l’heure est à la relance pour nos salles de cinéma, on ne le répétera jamais assez: acheter une place n’est pas anodin, c’est un acte de soutien. Bon, ceci étant dit, l’offre n’est pas faramineuse même si quelques excellents films tirent leur épingle du jeu comme on l’a déjà vu. Dans ce contexte, “The Vigil” entend jouer la carte de l’horreur, un genre encore relativement discret pour cette “rentrée”. On a donc tenté l’expérience de l’angoisse et on vous livre nos réflexions.

Yakov (Dave Davis) est un jeune homme né dans la tradition juive orthodoxe. À la suite d’une agression antisémite aux conséquences graves, il va quitter la communauté et tenter de vivre sa vie loin de la religion. Un parcours difficile qui laisse Yakov avec quelques troubles psychologiques et une difficulté à s’insérer dans la société. En manque d’argent, il va être choisi pour être “Shomer”, c’est à dire pour veiller le corps d’un défunt durant une nuit. Mais dans l’angoissante maison, les phénomènes paranormaux vont se multiplier.

Ce cadre religieux, il est pertinent. En mélangeant mythes juifs ancestraux, horreurs du siècle passé et antisémitisme actuel, le film pose déjà une chape de plomb sur le récit qui maintiendra la tension durant toute la séance. Tout ce folklore se prête bien au genre horrifique et affirme un angle d’attaque intéressant.

Pourtant, “The Vigil” n’est pas un film partisan qui viserait à vendre la religion juive comme une solution aux soucis de Yakov. Au contraire, dès l’entame, on devine que les difficultés que notre héros a à s’émanciper sont une pique adressée au communautarisme. Respect de la religion, oui, mais en même temps critique de son organisation: plutôt bien vu.

En terme de réalisation, l’originalité sera malheureusement moins au rendez-vous. Alors que l’ambiance s’installe doucement et que le film se rapproche d’une tradition d’horreur plus sous-entendue qu’ouverte, le long-métrage va d’un coup se réfugier dans des jumpscares parfois gratuits. On aurait préféré un crescendo plus progressif, davantage qu’un changement de ton si soudain.

« Comme un truc derrière toi… »

C’est d’autant plus dommage que le cinéaste Keith Thomas possède un style à lui bien présent dans les premières minutes. Il joue assez bien de plans coulissants qui décrivent rapidement mais efficacement le lieu de tous les dangers: la maison du défunt. Une science indispensable à qui entend délivrer un film d’horreur en lieu confiné.

« The Vigil » porte aussi malheureusement les stigmates inhérents à quantité de premiers films, comme c’est le cas pour Keith Thomas. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais quand dans la première scène des bouteilles de Coca sont posées sur la table, étiquettes arrachées pour ne pas exposer la marque, on se demande tout simplement pourquoi avoir fait le choix de les disposer plutôt qu’une simple bouteille d’eau. Comme toujours, vos Réfracteurs pinaillent mais des petits soucis de la sorte il y en a assez régulièrement et ils sortent par moment le spectateur du récit.

Assez dommage car l’acteur principal et quasi unique du film (un pur huis-clos d’ailleurs), Dave Davis, vend plutôt bien son personnage. Entre crise de foi (sic) et déséquilibre psychologique, le comédien trouve un équilibre intéressant. Il est la clé de voûte de toute la charpente de “The Vigil”. Un cadre minimaliste qui implique un peu plus le public.

Un mot enfin sur la musique relativement étonnante. La bande son de Michael Yezerski est loin des traditions religieuses. Au contraire, il délivre des morceaux aux consonances électros mais qui s’imbriquent parfaitement dans le film. Elle en devient un véritable outil narratif, un fil rouge qui nous emmène jusqu’au bout de l’horreur voulue par l’œuvre.

The Vigil” ne révolutionnera pas le film d’horreur. Mais par son cadre original et quelques partis pris intéressants, il délivre une pellicule tout à fait correcte avec son quota de sueurs froides.

Nicolas Marquis

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