2020
réalisé par: Dave Franco
avec: Dan Stevens, Alison Brie, Sheila Vand
Alors que la situation sanitaire dans le monde force le cinéma à repenser ses modes de distribution, chaque production américaine qui ose se jeter à l’eau est scrutée de près. Pour preuve, les attentes autour de “Tenet”, maintes fois repoussé, à coup de unes un peu trop provocatrices mais qui cristallisent assez bien l’état actuel et les envies du public. Certains producteurs n’hésitent pourtant pas à se tourner vers des voies de diffusion différentes. Exemple aujourd’hui avec “The Rental”, sorti sur internet aux USA mais qui devrait pourtant prendre le chemin des salles obscures françaises courant du mois d’août.
Dans ce film d’horreur, on suit le week-end de deux couples dans une location paradisiaque. Mais rapidement, les événements mystérieux vont se multiplier et la paranoïa va atteindre des sommets entre ces 4 jeunes américains au bord du gouffre. Un cocktail d’angoisse et de frisson dans la pure tradition du genre.
Car à bien y regarder, “The Rental” est un Slasher qui s’assume pleinement. Toutes les règles de ce genre sont respectées et on retrouve cette forme ludique du cinéma d’horreur. Concrètement, et même si on va formuler de nombreux reproches ensuite, on n’enlèvera pas à “The Rental” une certaine forme de plaisir malsain.
Le souci, c’est que malgré son côté prenant, le film n’amorce rien de nouveau et se perd en lieu commun. Comment être encore effrayé devant une œuvre qui fait autant de révérences à ses plus glorieux aînés? Un défaut scénaristique qui trouve écho dans une réalisation aussi plate que convenue.
Un cruel manque de fond qui condamne le film à un seul niveau de lecture. Certes, la jeunesse bourgeoise américaine est moquée, mais d’une façon complètement déjà vue. Impossible de réfléchir le film sur une échelle plus large: “The Rental” est un long-métrage angoissant mais strictement rien d’autre.
« À louer »
Pourtant, les dilemmes moraux sont intéressants. Ces 4 protagonistes se jalousent, se mentent, se trahissent et on espère pendant un instant que c’est ce souffle d’air frais qui sauvera l’ensemble. Pas de pot, ce sera pour un autre jour. Ici, les conflits sont balayés dès lors que l’intrigue s’accélère.
Une accélération bien trop longue à se mettre en place. “The Rental” se traîne péniblement alors que ses rebondissements sont incroyablement prévisibles. Tout est cousu de fil blanc ici et il est véritablement compliqué d’éprouver une émotion devant un long-métrage d’à peine 1h30 et pourtant interminable. Pour qu’un Slasher fonctionne, il faut une science du rythme que notre film du jour ne maîtrise pas totalement.
Mais le plus étonnant vient sans doute de la direction des acteurs qui laisse à désirer. Si le film nous présente véritablement les meilleurs prises possibles, alors le tournage a dû être un calvaire. Malgré quelques jolis noms (Dan Stevens et Alison Brie notamment), la plupart des scènes tapent complètement à côté de la plaque et l’indispensable tension dramatique retombe comme un soufflet.
Pourtant, et on n’a pas épluché “Gossip” pour le savoir promis, Alison Brie et l’acteur/réalisateur du jour Dave Franco sont mari et femme hors caméras. On se demande si justement cette situation n’a pas perturbé le film qui semble parfois bienveillant avec ce personnage. Tous sont à pointer du doigt pour leurs défauts, sauf elle, et on sent là une erreur scénaristique: la satire aurait été plus complète si chacun devenait détestable.
Rien de honteux dans “The Rental”, si ce n’est certaines prises ratées, mais rien d’original non plus. On reste au niveau zéro du Slasher, simplement porté par sa grammaire cinématographique.