L’immortale

2019

de: Marco D’Amore

avec: Marco D’AmoreGiuseppe AielloSalvatore D’Onofrio

On a beau être des spectateurs assidus de la série “Gomorra”, cette info nous était un peu passée sous le nez: la sortie d’un long-métrage, centré sur Ciro, en guise de spin-off. On plonge donc ensemble dans “L’immortale” et on fait le bilan.

La première impression, elle est mitigée: si comme nous vous êtes des inconditionnels de la série, le retour de Ciro, alias l’immortel, sur le devant de la scène a de quoi étonner. Et on est bien d’accord avec vous les gars: saugrenu, tiré par les cheveux, voire léger foutage de gueule,entamer un film par ce genre de sentiment est rarement bon. Toujours est-il qu’on retrouve Ciro en Lettonie, pris en étau entre locaux et russes dans une guerre sans pitié pour le contrôle du trafic de drogue.

C’est d’autant plus étonnant que l’équipe technique responsable du film partage énormément de membres avec le format télévisuel, à commencer par son réalisateur, Marco D’Amore (également acteur principal). Là par contre, c’est d’ailleurs impossible de s’y tromper, le film emprunte bien logiquement à la série, en conservant parfois d’ailleurs son côté feuilleton agaçant.

Ce sens de la musicalité (le même thème sonore que la série entre autres) lors des mouvements de caméra les plus allongés, c’est du “Gomorra”! Cette façon également de jouer avec la perspective, mettant souvent en scène les protagonistes dans de grands espaces vides, une autre griffe de la série.

À bien des égards, “L’immortale” peut s’assimiler tel un double épisode (ce qui explique en partie un problème de rythme sur lequel on reviendra). C’est un peu comme si à la manière de “El Camino”, les showrunners avaient voulu offrir un ultime tour de piste à Ciro.

« C’est classe la chaine. »

Mais le problème, c’est que rendre hommage à leur personnage, pourquoi pas, mais ne rien inventer non plus, vraiment? Il y a bien quelques scènes sur l’enfance de Ciro intéressantes, qui montre comment un simple gosse a pu finir dans le milieu, mais pour ce qui est du présent, on a l’impression d’aller nulle part: le sentiment qu’en 40 minutes le tout était parfaitement emballé, tout simplement.

On ne reprochera rien à l’acting, ni même à la réalisation, c’est réellement l’écriture trop maigre qui condamne “l’immortale”. Une espèce de sentiment que toutes les raisons, dont les plus mercantiles, étaient bonnes pour que Marco D’Amore renfile le bleu de travail.

La série avait-elle vraiment besoin de cela? La trajectoire de Ciro était plutôt claire et cohérente, et le film n’y apporte pas grand chose, préférant se nourrir du personnage plutôt que de l’enrichir.

Dans ce contexte, et à plus fortes raisons en spin-off d’une série déjà par moment très contemplative, le rythme de “L’immortale” est franchement mauvais. Son découpage n’est pas bien pensé et laisse trop de creux. On ne ressent même pas la pression du monde de la Mafia: à force de s’ennuyer, on finit par ne plus du tout adhérer à ce héros qui méritait mieux.

On peut même étendre notre réflexion à l’ensemble des films de ce genre: qui contentent-ils? Pas les fans de la série, atterrés par tant de mauvais traitement. Pas les nouveaux spectateurs non plus, qui auront sans doute peu de curiosité après un film si barbant. Peut-être les producteurs qui font encore un peu d’argent, mais franchement, les gars! Faîtes semblant de faire un effort quand même!

L’immortale” a tout de l’acte manqué. Non seulement il remet en lumière un personnage qui semble avoir livré tout son potentiel, mais en plus il le fait d’une manière peu efficace, à peine de quoi raviver les bons souvenirs de Ciro l’immortel.

Nicolas Marquis

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