Empire du soleil

(Empire of the Sun)

1987

réalisé par: Steven Spielberg

avec: Christian BaleJohn MalkovichMiranda Richardson

À découvrir dans le cadre du festival « Vision d’Histoire » au cinéma « Caroussel » de Verdun, le samedi 17 octobre 2020 à 20h00.

On se projette en 1987. À l’époque, Steven Spielberg est déjà un nom important de l’industrie. Le cinéaste a réussi à se faire une place de choix dans le monde du divertissement après des films comme “Les dents de la mer”, “E.T.” ou encore “Indiana Jones”. Mais le film sur lequel on s’attarde aujourd’hui montre une autre facette du réalisateur même si on retrouve un enfant en héros: l’obsession de Spielberg pour la Seconde Guerre mondiale. Durant toute sa filmographie, il aura tenté de montrer et de comprendre l’ignoble, et “L’empire du soleil” est un exemple supplémentaire de cet élan artistique.

Ce film, c’est l’histoire d’un jeune garçon britannique, Jim (un tout jeune Christian Bale), qui vit dans le luxe des enclaves occidentales de Chine. Mais du jour au lendemain, l’armée japonaise va prendre possession des lieux et expulser toute cette population. Séparé de sa famille dans le chaos, Jim va devoir survivre dans l’enfer des camps de travaux.

Ce contexte tragique n’empêche pas Spielberg de régaler: un style très académique mais qui se voit magnifié par quelques excellentes prises de vue. On peut notamment penser aux terribles scènes de bombardements et leur astucieuse mise en plan.

Autre élément intéressant, cette fascination de Jim pour l’aviation, que l’appareil soit japonais ou occidental. C’est tout un dilemme entre une passion sincère et l’utilisation mortifère de ces engins qui permet au film de rebondir régulièrement. Dans la manière, on peut penser au cinéma de Miyazaki et tout particulièrement “Le vent se lève”. Le maître japonais en a fait un de ses thèmes récurrents.

La réponse à ce dilemme ne fait pas dans le faux-semblant: la guerre n’épargne personne. Il n’y a pas de super-héros dans “L’empire du soleil”, personne n’est “acteur” de la guerre, mais plutôt des spectateurs traînés de-ci de-là. Une véritable volonté de sobriété catalysée dans le personnage de John Malkovich, l’antithèse du sauveur américain.

« Et après c’est moi qui lave! »

C’est ici plutôt une chronique pertinente des destins brisés par la guerre. De ces gens, des deux côtés ennemis, condamnés à vivre l’effroyable. Spielberg est compatissant, bienveillant, mais jamais il ne truque une réalité crue.

Parmi le peu de regrets qu’on formule, on reste perplexe sur la prestation de Christian Bale. Sans l’expérience, ce petit garçon baratineur semble d’une lourdeur redoutable, ses répliques avancent toujours un mot de trop et tuent le rythme des dialogues. Une omniprésence gênante en somme.

On sourcille un peu également devant la répétition un peu trop prononcée du message de fond du film. 2h30 c’est un peu long pour un long-métrage qui ne dispose pas des mêmes problématiques morales qui justifiaient la durée de “La liste de Schindler”. On pinaille peut-être mais on va pas vous mentir les amis, on a regardé notre montre.

Reste ce destin, cette trajectoire d’une vitesse effroyable du luxe à la misère. Ce fond du film qui dénonce l’absurdité de la guerre et les cicatrices qu’elle laisse sur les enfants. Spielberg réussit son pari: celui de l’intime.

Par sa mise en image et par son sujet poignant, “Empire du soleil” est encore aujourd’hui une expérience intéressante à vivre.

Nicolas Marquis

Retrouvez moi sur Twitter: @RefracteursSpik

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