Cellule 211

(Celda 211)

2009

réalisé par: Daniel Monzón

avec: Luis TosarAlberto AmmannAntonio Resines

Vous n’avez aucune envie d’y foutre les pieds, et pourtant le cinéma vous y plonge régulièrement: la prison. Plus fort encore, depuis de nombreuses années, le film qui obtient la meilleure moyenne sur IMDB reste “Les évadés”, un drame carcéral. Propice à tous les genres cinématographiques, on voyage aujourd’hui dans l’univers des geôles espagnoles avec “Cellule 211” qui tente de nous offrir un thriller plein de tension et de stress. Promesse tenue ou film à jeter aux oubliettes? On vous fait le topo.

Alors qu’il obtient un emploi de maton, Juan Oliver (Alberto Ammann) décide de se rendre sur son nouveau lieu de travail 24h avant sa prise de fonction, pour montrer son sérieux. Il n’imagine alors pas que la prison va s’embraser et que les prisonniers vont se révolter dans une escalade de violence menée par le terrible Malamadre (Luis Tosar). Réussissant à se fondre dans la masse et à se faire passer pour un taulard, Juan Oliver va tenter de sauver sa peau en se rapprochant de Malamadre.

Assez nettement, le film se repose sur son scénario et la tension inhérente au récit pour n’être que très discret en terme de réalisation. Particulièrement académique, “Cellule 211” se contente d’accélérer son montage dans les moments où la pression est intense pour accentuer le sentiment de stress.

Forcément en huis clos, le film réussit tout de même à planter rapidement le décor dans les premières minutes: tout l’espace dans lequel l’action va prendre place est présenté rapidement. Un procédé qui en plus de ne pas s’embarrasser de grandes scènes monotones permet également de s’immerger dans ce thriller sur un rythme soutenu. C’est aussi l’occasion de préparer quelques ressorts de l’intrigue qui n’interviendront que plus tard. “Cellule 211” est comme une recette de cuisine: on vous présente d’abord les ingrédients avant de faire cuire le tout.

Sans grands artifices donc, le film va dérouler un scénario parfois grotesque mais dont la montée en régime est cohérente. On ne dit pas que le script est parfait mais simplement que l’escalade de violence dans la prison est cohérente, voire légitime même.

« Plein de nouveaux copains »

Ce scénario, il va d’ailleurs intelligemment jouer des divisions de l’Espagne. En prenant en otage des prisonniers anciens membres de l’ETA, Malamadre renvoie le pays face à ses démons, anciens et actuels. La séparation entre le Pays basque et le reste de l’Espagne est un élément intelligent de l’intrigue. Pas de grand message politique, on ne va pas vous mentir, mais une portion intéressante du récit.

Malheureusement, tout n’est pas rose au pays de Marc Gasol: assez rapidement, le film va tourner à la foire aux mauvais acteurs. Pas un pour rattraper l’autre, avec une mention spéciale pour Luis Tosar qui fait passer le cerveau des opérations pour un benêt fini. Dans cette prison, les cours de comédie ne font pas partie des activités disponible aux taulards.

Mais ce constat, il peut facilement s’étendre hors des cellules, dans les bureaux où les quelques responsables de la prison tentent de trouver une solution. Parmi eux, le film va imposer un antagoniste, un gardien avec le coup de matraque facile. Et bien ce personnage est franchement mal écrit, purement manichéen et sans aucune consistance. Disons-le en un mot: ridicule.

Ce côté “too much” ne va faire que grossir pendant tout le film, jusqu’à clairement dépasser les bornes de la cohérence. Alors que la révolte des prisonniers gronde, le film va avancer l’idée que toutes les autres prisons d’Espagne s’inspirent de l’exemple du film pour également s’embraser. Cet élément scénaristique est franchement inutile, et ne sert qu’à appuyer un sentiment de stress supplémentaire complètement factice.

Cet aspect du film va revenir sous différentes formes pendant toute la deuxième moitié de la pellicule. Un exemple concret: la femme de Juan Oliver, enceinte, qui se retrouve prise dans la spirale infernale du scénario. Ce personnage, c’est assez nettement une prise d’otage émotionnelle. On ne dit pas qu’il est inutile, mais plutôt que dans la manière dont il évolue, le film ne cherche en fait qu’à appuyer trop fort sur la tension dramatique, d’une manière peu naturelle.

Cellule 211” fait selon nous partie de ses films un poil malhonnêtes qui amènent certains éléments scénaristiques juste là pour forcer la larmichette. Plutôt dommage car le long-métrage avait quelques idées intéressantes parasitées par ce procédé lourdingue.

Nicolas Marquis

Retrouvez moi sur Twitter: @RefracteursSpik

Laisser un commentaire