Ceux qui veulent ma mort
Ceuw qui veulent ma mort

(Those Who Wished Me Dead)

2021

Réalisé par: Taylor Sheridan

Avec: Angelina Jolie, Finn Little, Jon Bernthal

Film vu par nos propres moyens

Hannah dans le Montana

Trouver de l’originalité dans un film d’action n’est jamais chose facile. Sorti des éternels super-héros et des affrontements entre flics et voyous, le genre peine à se réinventer, quitte à se réfugier dans des formules faciles. En mettant en avant le travail des pompiers, et plus spécialement celui de ceux qui protègent les forêts, Ceux qui veulent ma mort trouvait un soupçon de différence qui aurait pu faire son charme: le destin des soldats du feu n’est pas inédit sur grand écran mais relativement peu exploré et le mélange avec des scènes à la mise en image potentiellement épique semblait attirante. Un pari intéressant à tenter mais qui s’avère rapidement raté tant le long métrage de Taylor Sheridan est creux, convenu et probablement une pellicule de commande plutôt qu’un travail d’auteur.

Dans les montagnes du Montana vit Hannah (Angelina Jolie), un femme pompier intrépide et casse-cou, recluse pour l’été dans sa tour de garde d’où elle peux surveiller la forêt environnante. Son destin va être chamboulé lorsqu’elle va croiser la route de Connor (Finn Little), un tout jeune garçon poursuivi par deux tueurs à gage froids et sanguinaires qui voudraient éliminer ce témoin gênant. S’en suit bastons, pétarades, grands incendies… Ceux qui veulent ma mort est un pur actionner proche de l’esprit des 90’s sans réussir à émuler ce qui en faisait le charme.

Forêt vide

Car c’est sûrement là le principal point de discorde autour de l’œuvre: son manque d’identité. Rien ne semble laisser de trace dans Ceux qui veulent ma mort, pas une scène, pas un dialogue, pas même un personnage qui sortirait du lot. Taylor Sheridan apparaît presque désintéressé, désinvolte dans une réalisation sans ambition réelle. Certes, les esprits facilement impressionnables retiendront l’incendie qui grossit au fil de l’histoire, mais impossible d’y voir une preuve d’originalité tant ces visuels sont communs. Jamais le cinéaste ne semble décidé à tirer parti de son cadre géographique pourtant enchanteur, comme il se dédouane aussi de toute profondeur humaine.

Those Who Wished me dead
Ceux qui veulent ma mort

Ce manque de substance dans les confrontations entre les personnages répond ceci dit à ce qui semble être une volonté scénaristique de rester très schématique et de ne pas s’aventurer trop profondément dans la psyché des protagonistes pour garder une approche directe. Une idée intéressante, qui paye parfois, mais qui semble ici plutôt tirer Ceux qui veulent ma mort vers le bas: dans l’absence de vraie réalisation jouissive, on aimerait se réfugier dans des personnages travaillés et Taylor Sheridan nous les refuse, pas franchement aidé par un casting sans intensité dans le jeu malgré quelques grands noms.

Faute professionnelle

En faisant fi de toute réel profondeur dans son script, le film commet également l’erreur d’imposer des ennemis un brin pathétiques: tous leurs plans semblent complètement lunaires, pour ne pas dire idiots. Les deux compères cherchent perpétuellement à compliquer les choses plutôt que d’aller à l’essentiel et semblent peu performants pour des tueurs dans les quelques scènes d’action qui les mettent en valeur. On a ressenti un sentiment étrange devant les rôles conjugués de Nicholas Hoult et Aidan Gillen, comme une réminiscence des heures de gloire de Minus et Cortex.

L’autre écueil majeur de Ceux qui veulent ma mort réside sûrement dans la façon dont Taylor Sheridan idéalise la profession de pompier. On est face à un film presque promotionnel par moment, un peu comme le cinéma américain le fait régulièrement pour l’armée. Alors forcément, un soldat du feu qui sauve des vies est moins problématique idéologiquement qu’un militaire qui les prend, mais tout de même, on bascule ici dans une espèce de fantasme grotesque, entre franche camaraderie et canettes de bière autour du barbecue. On est pas sûr qu’en reniant aux pompiers leur côté humain qu’il doivent dépasser pour justement vivre une vie de sacrifice, on leurs rende un hommage pertinent.

Ceux qui veulent ma mort


Ce n’est pas le traumatisme franchement cliché dont on affuble Hannah qui viendra rehausser notre opinion: vite expédiée, on comprend que cette tranche du récit n’intéresse que très peu Taylor Sheridan et n’est là que pour forcer une adhésion complètement artificielle à cette héroïne un peu plate moralement. De là presque tout s’écroule: son duo avec le jeune Connor devient barbant, sans affect, et l’ennui n’est plus qu’à quelques pas que le long métrage va franchir volontiers.

Ceux qui veulent ma mort est distribué par la Warner.

Ceux qui veulent ma mort prend des airs de film de commande où la plupart des membres de l’équipe vient cachetonner en attendant un projet plus intéressant.

Nicolas Marquis

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