(Mission: Impossible – Ghost Protocol)
2011
réalisé par: Brad Bird
avec: Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg
Quatrième arrêt dans notre rétrospective “Mission: Impossible”, on s’attarde aujourd’hui sur “Protocole fantôme”. Après qu’Abrams ait redonné un peu de crédibilité à la licence, on change à nouveau de réalisateur. Si ce bon vieux JJ est toujours parmi l’équipe de production, les responsables du film vont faire un choix intéressant en choisissant Brad Bird pour la mise en scène. Pour ceux qui l’ignore, Brad Bird est un des pontes de Pixar et cette décision avait de quoi laisser perplexe. Et pourtant, le résultat va être à la hauteur de l’enjeu.
Dans cet épisode, Ethan Hunt (encore Tom Cruise, on va finir par arrêter de le préciser) et son équipe sont accusés d’avoir fait exploser le Kremlin. Alors que la “Force Mission Impossible” est démantelée, notre héros va tenter de prouver son innocence en se lançant à la poursuite des vrais coupables, alors que le sort de la planète entière est en jeu.
Avec ce pitch, on constate déjà une chose: la saga entend gonfler ses enjeux. Plus loin et plus fort, “Mission: Impossible – Protocole fantôme” n’hésite pas une seconde à immerger le spectateur dans des complots plus vastes et plus dangereux. Un procédé qu’avait tenté le deuxième épisode sans succès mais que cet opus va réussir avec panache, et surtout sans virer au grotesque comme “MI2”.
Pourtant, le ton est résolument plus “cartoon” ici. Rien d’étonnant lorsqu’on débarque un cinéaste habitué à l’animation. Cette sensation, on l’éprouve à la fois dans des cascades toujours plus folles, mais aussi dans certains personnages présents pour balancer quelques blagues, à l’instar de Simon Pegg, cette fois au centre de l’histoire.
Si on a adhéré à la folie visuelle, on est un peu plus septique sur l’humour. “Protocole fantôme” sort à une époque où Marvel commence à exploser le box-office et on devine que Tom Cruise et l’ensemble des producteurs ne sont pas restés insensibles à l’humour d’“Iron Man”. Symptomatique d’une époque, pas toujours à-propos, mais pas non plus de quoi contrarier le plaisir de visionnage.
« Pas le meilleur moyen de se rendre au boulot. »
Car si on passe outre les joutes verbales, on se rend compte que Brad Bird possède un vrai talent pour préparer des scènes grandioses sans dépareiller. Prenons pour exemple la tempête de sable qui s’abat sur Dubaï alors que nos agents secrets sont en mission. Ce phénomène météorologique ne sort pas de nulle part, le cinéaste l’introduit plus de 20 minutes avant qu’il ne devienne un obstacle. À ce niveau, le film fait presque figure d’exemple, d’autant plus lorsque Brad Bird s’appuie sur les épisodes précédents pour faire avancer le récit. Conscient d’où il vient, sûr de là où il va.
Brad Bird affirme aussi un vrai sens de la course poursuite, et cela n’a rien d’étonnant quand on y pense: c’est indéniablement une des forces des studios Pixar et le réalisateur apporte ce savoir-faire. Il réussit même à proposer ces poursuites sur plusieurs plans, chaque membre de l’équipe chassant un objectif différent. Les épisodes précédents y parvenaient aussi mais c’est là encore plus réussi. On se rappelle dans ces scènes “Les indestructibles” qu’avait déjà signé Bird, le côté enfantin en moins mais toujours avec un certain ludisme.
À l’identique, la pellicule offre de véritables sensations rares au cinéma. D’accord, votre Réfracteur du jour souffre de vertige, n’en reste pas moins la chair de poule de voir Tom Cruise suspendu à plusieurs dizaines de mètres du sol. Et ce genre de réactions épidermiques pullulent dans le film dans des registres différents: le stress, le choc, la surprise et on en passe et des meilleurs.
Si ce ressenti est aussi appuyé, c’est parce que le long-métrage avance à un train d’enfer. Aucun temps mort dans cet épisode, comme ce fut le cas avec celui qui le précède, inventant une vie sentimentale à Ethan Hunt. Si le contenu n’a rien à envier aux autres, le message du film est délivré d’une manière beaucoup plus naturelle, par petites touches parfois subtiles, même si la fin laisse perplexe.
Le vrai défaut de “Mission: Impossible – Protocole Fantôme” tient presque en un seul nom: Jeremy Renner. Alors que sa partition est plutôt restreinte, il réussit pourtant à taper à côté dans le seul vrai monologue que lui offre le scénario. C’est d’autant plus dommage que ce personnage va être solidement installé, au point d’être également présent dans le film suivant.
“Mission: Impossible – Protocole fantôme” s’appuie sur les épisodes précédents et sur les nouvelles bases qu’avaient établies Abrams pour emmener le spectateur à bord d’un grand huit cinématographique saisissant. Là encore, une belle synthèse entre film grand public et propositions de réalisation intéressantes.