The Queen of Basketball
The Queen of Basketball affiche

2021

Réalisé par: Ben Proudfoot

Avec: Lusia Harris

Film vu par nos propres moyens

Présenté sous la bannière Op-Docs, le format internet de documentaires courts du New York Times, The Queen of Basketball revient en une vingtaine de minutes sur le parcours de Lusia Harris, joueuse de basketball émérite qui rayonna sur le championnat universitaire féminin alors naissant dans les années 70.

De son enfance modeste dans son Mississippi natal à son parcours olympique, la vie de Lusia Harris est à l’image de son jeu, agressif sous le panier, prête à bondir pour récupérer le moindre ballon. Une trajectoire unique où chaque point inscrit devient un acte militant malgré lui, dans une période où les disparités entre hommes et femmes sont encore intenses. Alors que les stars de la balle orange sont de plus en plus médiatisées, devenant des icônes nationales, Lusia Harris évolue elle dans un univers où tout reste à faire: les universités américaines adoptent tout juste une forme de championnat féminin, sous l’impulsion d’une loi les contraignant à le faire. La joueuse emblématique en est l’une des premières stars, mais également un symbole malgré elle des disparitées encore vives entre les élites blanches et la population à la peau noire: Lusia est la seule femme de couleur de son équipe.

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Si Lusia Harris est la première dans plus d’un domaine, elle est aussi la seule: elle reste à ce jour, et probablement à jamais, l’unique femme à avoir jamais été sélectionée en NBA, dans une ère où l’équivalent féminin du championnat professionel de basketball, la WNBA, n’existe pas encore. Rattrapée par ses démons, souffrant notamment de bipolarité, mais également animée par l’envie de construire une famille, Lusia Harris ne foulera jamais les parquets de la prestigieuse ligue. C’est une autre facette de cette grande dame qui se découvre, celle d’une personne profondément humble, et à plus d’un égard inconsciente de la voie qu’elle a ouverte aux sportives de notre époque.

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Pour nous présenter ce destin unique, le réalisateur Ben Proudfoot fait le choix de la retenue: d’un bout à l’autre, Lusia Harris reste la seule intervenante du documentaire. Seule sa parole compte, ponctuée par son humour omniprésent, mais il convient dès lors de se demander si le court métrage ne se fait pas trop évasif sur certains sujets, à propos desquels on devine une certaine pudeur de la part de la joueuse. Le racisme par exemple, alors que Lusia naît dans un état particulièrement rétrograde et que sa famille cueille le coton, est réduit à une simple image, celle d’un drapeau sudiste flottant dans les tribunes lors d’un match, comme une injure. En vérité, c’est ce format qui interroge: au sortir de la séance, on aimerait en savoir plus sur cette femme unique, et ces 20 minutes semblent bien courtes pour restituer la splendeur de cette pionière.


The Queen of Basketball est disponible sur Youtube, sur la chaîne officielle du New York Times, et est sélectionné aux Oscars 2022 dans la catégorie “Meilleur court métrage documentaire”.

Nicolas Marquis

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