Son nom n’est pas le plus célèbre de la vague de fraîcheur venue de Corée depuis plusieurs années. Pourtant, en seulement 3 films, Na-Hong Jin a su imposer un style, une patte inimitable. Régulièrement sélectionné au festival de Cannes, il s’engouffre dans la brèche ouverte par Bong Joon-Ho et Park Chan-Wook. 3 oeuvres, 3 réussites, et une marque de fabrique: épouser les codes de genres cinématographiques différents pour mieux s’en affranchir. Aujourd’hui, les Réfracteurs vous proposent de lui rendre hommage en jetant un coup d’oeil exhaustif sur la filmographie de l’un des porte-étendard du cinéma asiatique. Mais plutôt que de (trop) détailler ses synopsis, contentons nous, à sa façon, de déposer les principaux éléments de ses intrigues, et de brièvement expliquer en quoi Na Hong-Jin se réinvente perpétuellement:
Un ancien flic devenu proxénète, une vague de disparition de prostituées, un sérial-Killer cynique,une police plus inquiète de son image que de la justice, et en fond, un Séoul de nuit, entre modernisation et tradition architecturale.
Premier film et premier coup de maître pour Na Hong-Jin. Derrière sa science du montage déjà affirmée, on découvre un polar à la structure scénaristique exceptionnelle: en 20 petites minutes, toute l’affaire est élucidée, et le meurtrier arrêté. Et pourtant, The Chaser est une course contre la montre effrénée, sans temps-mort, où chaque seconde de perdue est un espoir qui s’envole.
Une enclave nord-coréenne en Chine, un taximan endetté, un mafieux sans scrupule, un assassinat sous-traité, deux acteurs fétiches.
La montée en puissance de cette pellicule de 2h21 et son rythme dosé aux petits oignons fut la confirmation que Na Hong-Jin n’est pas le premier clampin. Combien de réalisateurs ont eu le rêve inabouti de faire d’un film social une course-poursuite virant à l’absurde et au plaisir coupable ?
Une petite ville de Corée du Sud, un meurtre macabre inexpliqué, un policier couard et maladroit, un ermite japonais installé depuis peu dans les environs, un prêtre catholique et une dose de fantastique.
L’œuvre de la maturité pour Na Hong Jin qui dirige d’une main de maître ce conte horrifique polymorphe. Un film à voir si possible au cinéma pour vivre aussi intensément que possible l’expérience sonore ahurissante d’une certaine scène à mi-film que nous ne spoilerons pas.
Au terme d’une année qui aura vu le cinéma de la péninsule sud-coréenne briller au firmament, souhaitons que la porte qu’a enfoncer “Parasite” permettent à toute cette génération de cinéaste asiatique de se faire leur place sur la scène internationale. Ces 3 films, nous ne vous les conseillons pas, nous vous ordonnons de les (re)découvrir au plus vite.