(Bombshell)
2019
de: Jay Roach
avec: Charlize Theron, Nicole Kidman, Margot Robbie
À travers le portrait de trois femmes, toutes les trois d’une génération différente, et toutes les trois à des différents stades de leur carrière, Bombshell s’inspire de faits réels pour dénoncer la politique de harcèlement sexuel qui avait cours (et qui sévit sûrement encore malheureusement) au sein du géant de la télévision, Fox news.
Un film qui se veut donc très engagé politiquement, et qui livre un noble combat, dans la droite ligne du mouvement #BalanceTonPorc. Mais si l’intention est louable, la manière n’est pas au rendez vous. La faute à des partis pris de mises en scènes forts, pas toujours judicieux.
Pour incarner ces trois femmes, trois stars : Margot Robbie, Charlize Theron et Nicole Kidman. On ne peut rien reprocher à ce trio d’actrice, qui essaye de livrer une interprétation à la hauteur de la bataille. Les plus tatillons dénonceront peut être un léger surjeu en ce qui concerne Margot Robbie, mais on est loin d’une mauvaise performance.
« Le casting, découvrant notre note »
Non, le souci ne vient pas d’elles mais de cette volonté scénaristique de découper le film en 3, pour ensuite les mélanger un peu n’importe comment. On se retrouve donc avec trois personnages qui n’ont pas le temps, en 1h40, de s’épanouir pleinement, avec naturel. Tout est forcé dans Bombshell, et ce n’est pas un montage frénétiquement indigeste en début de film qui réussit à camoufler des défauts trop visibles. Au contraire, le début du film ressemble plus à une espèce de cafouillage, et on se perd dans les trajectoires de ces trois femmes, heureusement interprétées par des visages connus et reconnaissables.
Et ça tombe mal, car la mise en place du film est aussi le moment que choisit Jay Roach pour donner une petite charge politique…pour ensuite ne plus l’évoquer. Comment dissocier cet acharnement dans le harcèlement chez Fox News sans en rapprocher perpétuellement les accointances de la chaîne pour le Parti Républicain, et tout spécialement Donald Trump. Quelques secondes au début, une phrase à la fin et c’est tout ce que Bombshell offrira.
Pour preuve, Roger Ailes (interprété par John Lithgow) est de plus en plus personnifié à mesure que le film avance. On espère au début qu’il sera le symbole du patriarcat américain, mais plus on avance et plus le film réduit son champ de frappe, pour en arriver finalement à conclure simplement par un “c’est arrivé chez la Fox”.
De vrais actes manqués: Fox News est tellement symbolique du malaise américain qu’on ne peut que finir par en vouloir au film de s’être arrêté en chemin. Allons-y à fond la prochaine fois, et tant pis pour les dommages collatéraux: quand on livre ce genre de bataille il faut savoir faire tous les sacrifices et ne rien concéder.