(As Good as It Gets)
1997
de: James L. Brooks
avec: Jack Nicholson, Helen Hunt, Greg Kinnear
Il existe des films dont une poignée de minutes suffit à dater l’oeuvre. Parfois une impression purement visuelle, mais aussi souvent une manière d’aborder son sujet qui témoigne d’une époque plus reculée où certains concepts étaient encore mal abordés. C’est malheureusement le cas de “Pour le pire et pour le meilleur” qu’on va évoquer aujourd’hui.
Le film nous expose les destins croisés de Carroll (Helen Hunt), une serveuse qui doit jongler entre sa vie professionnelle et son enfant malade, Simon (Greg Kinnear) un artiste peintre qui vient d’être victime d’un cambriolage, mais surtout la trajectoire de Melvin (Jack Nicholson), un homme maniaque et frappé de TOC incontrôlables, aigri et irascible au possible, toujours prompt à dégainer des phrases assassines à la moindre personne qu’il croise. Épris de Carol et voisin de Simon, il va bouleverser ses habitudes pour tenter de devenir un être meilleur.
« Pour le pire et pour le meilleur” a tout de la comédie sentimentale type des années 90. Débordant de bons sentiments et de résolutions simplistes, le film est dirigiste en diable, on y retrouve tous les clichés de l’époque. Le long-métrage n’est évidemment pas le seul à avoir subi les outrages du temps mais il les prend de plein fouet et se transforme en divertissement vieillot qui tire trop sur la corde pour imposer l’émotion.
Pour garder la tête hors de l’eau, Jack Nicholson est contraint de cabotiner pendant toute la durée du film pour se démarquer. Assez concrètement, “Pour le pire et pour le meilleur” fonctionne tant qu’on adhère aux clowneries de l’acteur. Il porte tout le poids de l’oeuvre et est bien peu aidé dans la tâche, que ce soit par le reste du casting ou par la réalisation: c’est presque plus un One Man Show qu’un véritable long-métrage construit.
« La bonne idée du jour: ramasser son chien AVANT son caca. »
Il faut dire que l’essentiel des personnages sont tristement faciles, voire un peu datés, à la façon dont le film expose les homosexuels comme de douces folles par exemple. Mais là où le côté mélo se fait sans doute le plus sentir, c’est dans la manière d’aborder les maladies mentales. Une fois de plus, Hollywood tente de donner une réponse facile à un problème complexe. Un trouble psychologique profond ne saurait se résoudre avec un bon coup de bonne volonté, et c’est presque indécent pour les vrais malades de voir tant de raccourcis.
Des raccourcis qui se transforment rapidement en vrais clichés. L’enfant malade par exemple est une pure prise d’otage émotionnelle, pour accrocher les plus distraits. C’est toujours glaçant de voir un marmot malade mais si on creuse légèrement plus loin, on s’aperçoit qu’il n’est qu’un moteur un peu brusque pour amorcer la romance. Là aussi on se demande si on nous prend pas un peu pour des trompettes: un changement de médecin et l’enfant va mieux? Pas incohérent aux USA mais d’une facilité absolue.
Mais le plus terrible, c’est sans doute la réalisation: “Pour le pire et pour le meilleur” ne propose absolument rien du tout, il se contente de faire avancer sa petite histoire avec un côté académique flagrant. Probablement que l’essentiel est dans le montage et la mise en parallèle de ses destins croisés, mais même là, le rythme est loin de l’excellence.
On retiendra sans doute le personnage du chien de Simon que Melvin garde le temps de la convalescence de son voisin malgré ses réticences. Adopter régulièrement le point de vue de l’animal n’est pas ce que le film fait de pire, même si là aussi on est pas loin de forcer la larme en utilisant un clébard comme piège à émotion. Un grand classique des 90’s.
C’est sûrement une question d’âge: “Pour le pire et pour le meilleur” a tout simplement terriblement mal vieilli: des dialogues bien trop écrits, balancés sans naturel, traduisent une direction d’acteurs aux fraises. C’est assez complexe à définir comme sensation, mais dans leurs manières de se mouvoir en plein dialogue, les acteurs deviennent incohérents, trop calés sur un script qui accumule les élans larmoyants.
Vous aimez Jack Nicholson? Alors vous pouvez donner une chance au film si vous voulez vivre une histoire facile. Pour les autres, on ne saurait trop recommander des films plus denses et profonds que ce qu’offre “Pour le pire et pour le meilleur”