(The New Mutants)

2020

réalisé par: Josh Boone

avec: Maisie Williams, Anya Taylor-Joy, Charlie Heaton

En terme de gestation complexe, le film qui nous intéresse aujourd’hui se pose là: reporté, annulé, ressuscité, covidé et même une apparition accidentelle (paraît-il) en VOD pendant 24h avant que les studios fassent marche arrière et propose bel et bien une sortie en salle, depuis mercredi. Beaucoup d’encre a coulé autour de cette genèse chaotique mais c’est désormais un véritable long-métrage qu’on nous propose et on va rapidement voir que “Les nouveaux mutants” est un film qui a plusieurs visages, que ce soit réussi ou non.

Son pitch est assez simple: dans une institution secrète et férocement cloisonnée, les nouveaux mutants qui découvrent à peine leurs pouvoirs sont rassemblés pour les aider à maîtriser leurs dons qui ont souvent conduit à de graves accidents. À l’arrivée de Danielle (Blu Hunt), une nouvelle patiente, la situation va dégénérer et les pires peurs des autres adolescents vont ressurgir pour les terrifier.

Avant de disséquer l’oeuvre, on doit clamer haut et fort notre amour pour les comics. Un parti-pris important car une bonne portion du plaisir du visionnage qu’on a éprouvé venait clairement du fait de voir enfin sur grand écran Sam Guthrie (Charlie Heaton), Illyana Rasputin (Anya Taylor-Joy) et tous les autres mutants du film.

La dynamique du groupe apparaît même plutôt réussie: chamailleries et rivalités sont présentes mais sans jamais virer au ridicule. Immédiatement, pour ceux qui ont grandi avec les aventures de ces héros sur papier, c’est au coeur qu’on est touché même si on va voir que le long-métrage ne brille pas dans tous les registres.

Au plus évident, “Les nouveaux mutants” est un pur huis-clos. Impossible pour ces ados de se soustraire au traitement louche qu’on leur impose et on étouffe dans cette hôpital morbide qu’une barrière d’énergie encercle. Pour un tel exercice de style, le décor est capital et le film voit juste avec ce bâtiment anxiogène.

« Power Rangers 2020 »

Ce qui nous amène directement à la deuxième facette du film: l’horreur. Assez étonnement pour un film de super-héros, c’est ici toute la grammaire des films angoissants qu’on revisite. Alors que les protagonistes revivent leur pire peur, la mise en scène laisse une bonne place aux jumpscares les plus visibles. Un bon côté du film qui donne du souffle au reste, parfois moins abouti.

Comme les peu nombreuses scènes d’action à la réalisation plate pour ne pas dire ratée. On ne hurle pas au scandale, et franchement on s’en fout même un peu, le principal n’est pas là. Toujours est-il que les quelques affrontements sont inscrits dans la continuité de ce qu’on peut voir habituellement au cinéma, sans plus.

Mais le plus visible est sûrement le côté teen-movie du film. Sans être trop con, le long-métrage réussira sûrement à parler aux ados. Certes, certains moments sont téléphonés et d’autres carrément grotesques, mais “Les nouveaux mutants” est conscient du public qu’il vise et leur parle avec honnêteté même s’il manque parfois de brio.

Mais tout cela donne une identité particulière au film: on ne va pas pas parler de génie mais “Les nouveaux mutants” tente une incursion dans un domaine où les super-héros conventionnels ne s’aventurent que peu. D’ailleurs, le long-métrage ne tente pas de forcer sa place dans un univers partagé: une petite référence aux X-men et basta. “Les nouveaux mutants” se suffit à lui-même et c’est plutôt plaisant à constater.

Ça n’enlèvera malheureusement pas les erreurs d’un récit trop balisé et donc prévisible. Franchement, aucune prise de tête, aucune surprise, l’œuvre nous prend par la main pour arpenter un sentier déjà bien connu. Originalité dans la forme mais pas dans le fond qui manque parfois cruellement de consistance.

Conscient de ses forces et minimisant ses faiblesses, “Les nouveaux mutants” ne révolutionne pas le septième art mais propose un moment plus agréable que ce qu’on pouvait craindre d’un projet si compliqué dans son élaboration.