Ruby, tombée du nid
Ruby, tombées du nid affiche

(Robin Robin)

2021

Réalisé par: Daniel Ojari, Michael Please

Avec: Bronte Carmichael, Richard E. Grant, Gillian Anderson

Film vu par nos propres moyens

Fidèles à la grande cérémonie des Oscars qui les ont souvent nommés pour ses oeuvres d’animation, les studios Aardman, à qui on doit notamment la série des Wallace et Gromit ou Chicken Run, sont encore en course cette année, cette fois dans la catégorie “Meilleur court métrage d’animation”. C’est à Ruby, tombée du nid que revient cet honneur, œuvre en stop-motion d’une trentaine de minutes, disponible sur Netflix. Un film ponctué d’humour, qui retrace les aventures de Ruby, un rouge-gorge élevé par une famille de souris. Le volatile a toutefois bien du mal à s’intégrer: il ne possède pas la finesse des rongeurs pour s’infiltrer dans les habitations humaines afin d’y dérober de quoi manger, et engendre souvent de nombreuses catastrophes sur son chemin. Décidée à prouver sa valeur, Ruby choisit de se rendre seule dans un logis, mais une série de péripéties l’entraîne dans des aventures rocambolesques, à la lisière du monde des hommes.

Ruby, tombées du nid

C’est une version quelque peu revisitée du Vilain petit canard qu’offrent les cinéastes Daniel Ojari et Michael Please, où la place d’un enfant différent au sein d’une famille d’adoption est interrogée. Sans jamais renier son humour profond, souvent fruit d’un comique de situation, Ruby, tombée du nid met en avant le cocon qui se crée davantage que celui dont on hérite. Certes le ton est un peu mièvre, la bienveillance absolue du papa souris ne ment pas, et destine le court métrage aux plus jeunes, mais le fond de son histoire est universelle. Peut-être faut-il voir au-delà des apparences pour trouver plus de consistance: à plus d’un détour, Ruby, tombée du nid convoque également des thématiques écologiques pertinentes. La famille de rongeurs vit des restes du monde humain, souvent dans les détritus qui s’amoncellent, et la survie de leur espèce semble plus que précaire. Comme un écho à notre société décadente, un personnage bien particulier interpelle, celui de Magpie, la pie voleuse. Véritable symbole du consumérisme, elle ne vit que pour l’accumulation de biens rutilants, s’extasiant même très symboliquement d’une pièce de monnaie, joyau de son trésor de bric et de broc.

Ruby, tombée du nid illu 2


Pour communiquer avec le public, Daniel Ojari et Michael Please font usage de deux ressorts principaux: la musique et le décor. La bande son de Ruby, tombée du nid transforme la courte proposition en petite comédie musicale, jouant des accords pour appuyer la narration. Outre les instruments invités au bal qui soulignent le caractère des personnages, l’interruption spontanée du tempo et les cassures de rythme apportent un peu de souffle aux gags délicieusement potaches du film. Pour ce qui est des décors où évoluent Ruby, le lien avec des questionnements autour de la pollution semble palpable. Toujours très fournis, les arrières plan regorgent de divers immondices laissées par l’homme qui entachent le monde animal. Notre société semble déborder, vomir ses horreurs et perturber l’équilibre naturel des choses.

Ruby, tombée du nid est disponible sur Netflix.

Si Ruby, tombée du nid est à réserver aux enfants, voire à ceux en bas âge, sa démarche n’en est pas moins saluable. Parfait techniquement, intéressant dans le fond, le court métrage séduit les cœurs sensibles et fragiles.

Nicolas Marquis

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