Dredd

2012

de: Pete Travis

avec: Karl UrbanOlivia ThirlbyLena Headey

On continue notre progression dans la filmographie d’Alex Garland pour l’un de ses derniers projets avant de passer à la réalisation: “Dredd”, pour lequel il est scénariste et producteur. Un film à la genèse franchement compliquée, pour lequel Karl Urban, l’interprète du juge Dredd, s’est battu bec et ongles. 

Mais dans le même temps, on doit aussi évoquer une rumeur qui semble pour le moins pertinente: le comédien chargé de porter à l’écran une nouvelle fois cette figure mythique du monde du comics a révélé depuis la sortie du film que “Dredd” fut en réalité réalisé par Alex Garland lui-même, ce qui en fait officieusement son premier film.

Une nouvelle itération de “Judge Dredd” donc, et de son univers dystopique où l’humanité n’est plus que rassemblée dans une gigantesque cité où la criminalité règne. Dans cette ville, la loi est administré par les “Juges”, des sortes de flics un brin réac chargés d’enquêter, juger et appliquer la sentence aux criminels qu’ils croisent, y compris la peine capitale. Le Juge Dredd va ainsi être contraint d’affronter le clan de Ma-Ma (Lena Headey), la traficante locale du SlowMow, une drogue qui ralentit notre perception des choses, dans un immeuble en lockdown complet et accompagné par une jeune rookie, l’aspirante Juge Anderson (Olivia Thirlby).

Et c’est une évidence à certains moments, Karl Urban dit vrai. Certes “Dredd” est un pur film d’action, et on reviendra sur les limites que ça impose, mais il n’en découle pas moins des scènes visuellement saisissantes graphiquement, ralenties à l’extrême, où les couleurs sont tellement particulières, acidulées, irréelles. Ce feeling, il est tellement proche de celui qu’on éprouvera par la suite pour les réalisations d’Alex Garland qu’il est impossible de ne pas imaginer l’homme à qui on consacre notre mois spécial derrière la caméra à de nombreuses reprises. Même si l’action pure et dure n’est pas sa spécialité, le cinéaste livre un film efficace, aux vraies propositions de photo, mais également avec un certain ludisme additionné à un rythme plus que soutenu.

« OK, vu comme ça, on dirait que c’est pas crédible pour un flic. »

Cette certaine folie visuelle s’accompagne d’un vrai travail sur le son. En dehors de l’excellente bande originale, une réflexion autour de la distorsion sonore pour accompagner les joyeuses scènes sanglantes est bien présente. “Dredd” occupe la vue et l’ouïe.

Mais malheureusement, un peu moins l’esprit. Soyons d’accord, on ne critique pas le script d’Alex Garland, qui est globalement bon et qui épouse les codes du genre: “Hard Boiled”, “Piège de cristal” ou encore “The Raid”, “Dredd” leur adresse à tous un respectueux salut. Mais dans le même temps que le film choisit d’être un pur film d’action, il se condamne lui-même à n’être que cela. Toute la recherche plus psychologique autour de l’utopie fasciste que dépeint presque “Dredd”, Alex Garland ne l’aborde pas et c’est pour le moins étonnant.

Ici, le long-métrage préfère rester palpable, cohérent et surtout haletant. Plutôt court, “Dredd” administre son petit shoot d’adrénaline efficacement, trouvant savamment du rebond, comme à travers la mécanique de l’arme du Juge, aux munitions dotées de propriétés différentes selon la situation et qui amène toujours de nouvelles confrontations accompagnées de propositions dans le rendu.

Alors pour une fois tant pis: on aurait pu trouver un film au fond égal à la forme, mais au moins “Dredd” n’essaye pas de faire trop pour y parvenir. Il préfère rester un actionner qui fonctionne et après tout, pourquoi pas?

On ne parle même pas de plaisir coupable: on assume parfaitement avoir une certaine sympathie pour “Dredd”. Efficace visuellement et auditivement, on ne lui en demandait pas beaucoup plus et on s’en contentera pour une fois.

Nicolas Marquis

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