2021
réalisé par: Max Barbakow
avec: Andy Samberg, Cristin Milioti, J.K. Simmons
Le cinéma ne cesse jamais de se réinventer. Les idées d’hier servent les films d’aujourd’hui par une saine inspiration, on redécouvre avec malice et sous une autre lumière les thèmes qui nous avaient fait rêver autrefois. Dans cette émulation perpétuelle, le concept de la journée qui se répète à l’infini refait régulièrement surface. Pour beaucoup, ce principe scénaristique a été popularisé par le fantastique “Un jour sans fin” (même s’il n’a pas inventé ce procédé) avec le non moins génial Bill Murray, et le film qui nous intéresse aujourd’hui, “Palm Springs” de Max Barbakow, en est un proche parent.
Jugez plutôt: alors qu’ils sont rassemblés pour célébrer le mariage d’une de leur proche, Nyles (Andy Samberg) et Sarah (Cristin Milioti) vont se retrouver prisonniers de cette journée, condamner à la revivre éternellement sans échappatoire possible. Passé la fantaisie des premiers moments et le plaisir de ne pas se soucier des conséquences de leurs actes les plus fous, les deux êtres vont se rapprocher et remettre en question leurs façons de vivre la vie.
On revisite donc une recette bien connue avec “Palm Springs” et pourtant toujours aussi savoureuse. L’idée de la boucle temporelle fonctionne aussi bien qu’au premier jour, offrant une grande part de ludisme à un récit rythmé. Si on ne peut nier le lien fort et entièrement assumé qui uni le film à “Un jour sans fin”, notamment grâce à l’humour communicatif que partagent Bill Murray et Andy Samberg, “Palm Springs” offre un essai différent autour de cette mécanique narrative. Aussi proches soient les deux longs métrages, Max Barbakow réussit à s’affranchir de ce lourd héritage pour donner une identité propre à son œuvre.
Une personnalité qui va reposer principalement sur un excellent montage qui donne un rythme follement séduisant à l’ensemble. L’humour au cinéma est souvent histoire de timing et Barbakow maîtrise parfaitement cette notion. Les répliques tordantes s’enchaînent, les situations lunaires également et on se laisse emporter dans ce tourbillon sincèrement drôle avec délice. Un choix de chanson judicieux, des couleurs chaudes qui dépaysent et on y est! “Palm Springs” devient unique.
« Quand on respecte pas le couvre-feu. »
De quoi laisser de la marge au réalisateur pour s’amuser autour de son concept de base. Astucieusement, le cinéaste prépare ses gags et rebondissements, brode autour du labyrinthe de l’espace temps, s’amuse de ses règles avant d’en proposer de nouvelles. Une joie communicative émane du long métrage et il faut être franchement buté pour y résister: “Palm Springs” au tout compris.
Cristin Milioti et Andy Samberg peuvent peser sur l’ensemble de tout leur poids sans pour autant écraser le film de leur présence. Elle apparaît comme une femme déterminée, convaincante mais aussi par moment fragile: un personnage féminin de choix. Lui plane sur le long métrage, parsemant son humour et sa noble bouffonnerie sur toute la durée de l’œuvre. Pourtant, les deux acteurs semblent toujours au service de l’histoire, ils ne parasitent jamais les idées de Barbakow par des prestations trop putassières: “Palm Springs” a le ton juste.
Évidemment, tout n’est pas parfait dans le film. La morale que nous sert Barbakow est un peu simpliste et convenue, on y cède par sympathie pour l’œuvre plus que par réelle adhésion. On ne peut pas parler d’avalanche de bons sentiments, simplement d’un petit pincement au cœur de voir “Palm Springs” rater très légèrement sa conclusion.
Un vrai regret (qu’on pardonne rapidement) car il nous semblait que le film avait tout pour éviter ce piège et réussir à être moins manichéen. Quel est le sens de la vie dans “Palm Springs”? La droiture morale? Le regret? L’épicurisme? Toutes ces idées opposées, le long métrage semble les balayer. Non, la vérité réside davantage dans le bagage que traîne chacun: il faut vivre pour l’instant présent, et à deux c’est mieux que seul, mais sans passé ni futur impossible d’avancer. Elle est là la conclusion de cet hilarant voyage.
“Palm Springs” est une comédie solide qui repose sur un concept qui a fait ses preuves et qui ne cesse pourtant jamais de fonctionner. Une vraie petite pastille de sourire et de malice qu’on savoure volontiers d’un bout à l’autre.