(地下情)
1986
Réalisé par : Stanley Kwan
Avec : Tony Leung Chiu-Wai, Irene Wan, Elaine Jin
Film fourni par Carlotta Films
Nouvelle génération
Au terme des années 1970, le cinéma hongkongais entame une profonde métamorphose qui soufflera un esprit de révolution filmique sur les décennies suivantes. Alors que de nombreux foyers restent dépourvus de poste de télévision, le septième art est toujours une source de divertissement préférentielle pour les habitants de la frénétique cité-État, livrée aux pulsions créatrices de nouveaux auteurs. Dans tous les genres cinématographiques, une génération naissante de réalisateurs bouleverse les codes et La Nouvelle Vague hongkongaise naît, empruntant à son homologue français une volonté de briser les carcans de conception habituels en s’inspirant des modèles occidentaux. D’abord sous l’impulsion des Tsui Hark, Ann Hui et autres Patrick Tam, une nouvelle école de la mise en scène émerge en 1979 et montre la voie à un second mouvement d’artistes épris de liberté qui emboîtent le pas de ses aînés, dès 1984. En deux temps, les films locaux se redéfinissent et résonnent de par le monde, comme un inépuisable vivier de talents bruts. Apôtre du romantisme et de l’étude poétique de personnages féminins langoureux, Stanley Kwan se joint à la deuxième déferlante de créateurs émergents pour émouvoir le public d’un sens aigu pour la mise en lumière du sentiment amoureux, à l’instar de l’un de ses plus célèbres pairs, Wong Kar-wai.
Enfant glorieux du monde de la télévision, Stanley Kwan s’est alors déjà fait un nom sur petit écran, mais son explosion dans les salles obscures confère à son œuvre une nouvelle aura, témoignant notamment de sa science pour le choix et pour la direction des acteurs. Replonger dans la filmographie du réalisateur, comme le propose aujourd’hui Carlotta Films avec le coffret Stanley Kwan, le romantisme made in Hong Kong, c’est prendre rendez-vous avec les visages doucement familiers des plus grands acteurs de cette époque et retrouver le jeu bouleversant de Maggie Cheung, Leslie Cheung ou encore Anita Mui. Première étape de cette restauration du travail de Stanley Kwan, Amours déchus n’est ainsi que le deuxième long métrage du cinéaste, et pourtant y gravitent déjà Chow Yun-fat, ami du metteur en scène, mais aussi Tony Leung Chiu-Wai, Irene Wan et Elaine Jin dans un subtil ballet des cœurs et des vérités tues. Le poème romantique d’une jeunesse qui se cherche réserve ses secrets à ceux qui se donnent la délicieuse peine de se perdre dans les méandres d’un Hong-Kong défait de son apparat.
Billie (Irene Wan) est une jeune mannequin qui partage son quotidien entre ses voyages pour ses séances de poses et les soirées auprès de ses deux amies d’origine taïwanaise, la chanteuse Suk-ling (Chin Tsai) et l’actrice sans grand succès Yuk-Ping (Elaine Jin). Au cours d’une nuit dans un club de la ville, la top-modèle fait la rencontre chaotique de Tony (Tony Leung Chiu-Wai), fils d’un grossiste vendeur de riz. Une idylle amoureuse se noue entre eux et l’homme est rapidement admis dans le cercle fermé de ces trois femmes soudées. Néanmoins, le meurtre sauvage et mystérieux de Suk-ling endeuille à jamais la bande qui se déchire désormais, meurtrie par la peine. Loin d’aider à la résolution de l’enquête, l’inspecteur Lan (Chow Yun-fat) ne fait que ressasser avec les amis de la chanteuse les souvenirs fugaces du passé.
Amours pluriels
En posant un regard savoureusement attendri sur une jeune génération hongkongaise privée de tout repère, Amours déchus épouse le désespoir de protagonistes confrontés aux premiers écueils de la vie d’adulte. Approchant ou dépassant très légèrement tous la trentaine, les héros se rencontrent à l’heure des désillusions fondatrices, au moment du bilan triste d’un âge de raison qui se fait toujours plus inexorable. Le temps qui passe et auquel nul ne peut se soustraire se rappelle au spectateur, dans l’alternance méthodique de scènes diurnes et nocturnes, dans la fragilité de la vie humaine, mais aussi dans plusieurs séquences d’anniversaire, qui au-delà de la surconsommation d’alcool pour s’anesthésier sont en général des instants de grande détresse émotionnelle. À l’écran, les quatre personnages principaux sont désabusés et luttent contre l’acceptation de leurs échecs personnels, comme un groupe condamné à la dérive, ivre de la lumière artificielle des néons du club où chante Suk-ling. L’esprit de meute est nourri avant tout par le partage implicite d’une même peine pour ces cœurs alanguis, désireux d’aimer pour conjurer une solitude perçue comme une malédiction. Qu’ils soient amoureux ou amicaux, les sentiments sont cimentés par une peur de la douleur ressentie, définitivement concrétisée par la perte de la chanteuse. Dans le fracas des nuits de débauche, une jeunesse veut vivre malgré la tempête, se mélanger dans le partage hasardeux des appartements. Pourtant, lorsque le jour se lève, les protagonistes doivent contempler leurs pairs pour ce qu’ils sont : des êtres à la recherche d’un impossible essentiel affectif, séparés formellement par Stanley Kwan après le meurtre de Suk-ling, alors que ses trois amis apparaissent chacun dans le surcadrage des différents carreaux d’une même fenêtre. Billie perpétue la pénombre, derrière ses lunettes de soleil, mais même la plus rêveuse des héroïnes doit combattre l’étrange fusion entre amour et mort qui s’esquisse dans Amours déchus, lorsqu’au crématorium elle apparaît sans son accessoire fétiche. Pourtant film choral, le long métrage renvoie perpétuellement un profond sentiment d’isolement urbain, un parfum entêtant de déliquescence progressive de toute forme d’union.
“Les sentiments ressemblent à ça parfois. Que ce soit un ami ou un amoureux, pour nous, les chinois, c’est comme une dette. Chacun verse de l’acide dans le cœur de l’autre. Quand on y pense, c’est malheureux et ça fait mal”
Billie
L’amour évoqué dans le titre du film s’apparente le plus souvent à un devoir réciproque que se doivent les amants, un pacte commun initialement dépourvu de sentiment, un simple espace nécessaire que remplissent les femmes de la vie de Tony, comme autant de dévotes à son insouciance réclamée. La passion ne se découvre qu’à ceux qui acceptent d’abord un sacrifice concret. En s’unissant à Billie, le jeune homme plonge dans un mélange de considérations triviales qui s’épanouissent à l’écran avant même le premier baiser. En préambule de l’union des cœurs, Amours déchus expose un contrat social, alors que Billie vient d’abord au secours d’un Tony si ivre qu’il lui vomit dessus, et tandis qu’un apport financier du jeune homme pour la location d’un appartement destiné à la mannequin précède la connivence des corps. Si les protagonistes cherchent l’amour, ils souffrent d’une définition de l’affect proche du pensum prodigué par leurs aînés. Le père de Tony fait bien étalage dans le texte de la passion qui l’a uni à son épouse disparue, pourtant il ne cesse de réclamer de son fils une bru qui assurera la bonne tenue du magasin de riz. Enchaînés par un spectre de règles implicites, les héros de Amours déchus ne goûtent pas à la liberté d’aimer et d’être aimés en retour. L’instant suspendu de fusion spirituelle est toujours interrompu par les conséquences tragiques du papillonnage d’une jeunesse qui n’a pas le temps de vivre. Pourtant, le long métrage de Stanley Kwan apparaît comme une vive revendication du droit à l’insouciance, évoluant en parallèle contradictoire avec un futur qui semble tracé d’avance. Les femmes du film partagent un même rêve de gloire, mais il semble réservé à Billie; Tony sait pertinemment qu’il héritera de l’échoppe familiale, pourtant il hurle à l’écran, de concert avec ses partenaires, son droit d’errer, de se tromper, de s’illusionner, et en définitive de faire le choix conscient d’ignorer les réalités du lendemain. Comme les cinéastes de La Nouvelle Vague hongkongaise, les protagonistes d’Amours déchus veulent découvrir par eux-mêmes s’il existe une nouvelle voie. Suk-ling est l’incarnation évanescente même de cette opposition entre présent et futur. À mesure que les secrets de la défunte se révèlent au spectateur, la mise en évidence de la disparité entre une vie affective à Hong-Kong et sa volonté d’économiser pour la dot destinée à un fiancé qui l’attend à Taïwan expose à l’écran la revendication muette d’une femme qui veut gâcher une partie de sa jeunesse pour paradoxalement ne rien en manquer. Tony épouse un même idéal, en mentionnant dans une conversation le titre d’un film d’Akira Kurosawa, Je ne regrette rien de ma jeunesse.
“J’étais en train de gâcher ma vie. Je n’ai que 35 ans. Je voulais voir comment vous gâchiez vos vies, vos sentiments. Je me sentais moins seul, on était pareil, ça me consolait.”
Inspecteur Lan
L’intensité d’une relation affective s’éprouve néanmoins avant tout par le manque une fois que la nuit est tombée sur l’amour, pour les personnages du film. Tous semblent inaptes à constater le bonheur qui est le leur, si ce n’est lors d’instants fugaces. Seul le deuil des sentiments leur offre une pleine connaissance de l’intensité des moments du passé partagés ensemble. L’union est un bonbon amer, qui ne révèle toute sa saveur que dans le goût d’inachevé qu’il laisse à chacun des protagonistes. La mort de Suk-ling est à ce titre un moment doublement violent : d’abord sauvage, aux vues des traces de sang innombrables qu’il laisse sur les murs de l’appartement et sur un portrait d’Anita Mui, icône de la cantopop ici employée comme une manifestation esthétique de la mort des projets de carrière artistique de la défunte par un Stanley Kwan féroce; puis porteur d’une douleur lancinante, celle issue du manque d’une présence pourtant au centre du film, le souvenir perdu d’une femme disparue avant d’avoir pu prendre son envol. À l’âge de devenir pleinement adulte, les protagonistes d’Amours déchus se confrontent à la mort et font de son ombre oppressante une raison d’être qui dicte leur destin, malgré leur soif de liberté.
“L’autre jour, dans le magasin, je me suis sentie très amoureuse. J’ai eu très envie d’avoir un bébé de toi. Mais en y réfléchissant, c’est parce que j’avais peur de mourir, d’être ensevelie sous ton riz.”
Billie
Stanley Kwan se désintéresse ainsi totalement de l’enquête liée au crime, puisqu’à l’évidence la nature même de son long métrage n’a rien d’un polar. Il compose à travers le rôle de l’inspecteur Lan un personnage empreint d’un recul certain sur l’intrigue du film, à l’humour morbide, qui n’apporte aucune solution aux endeuillés. Il se contente à l’inverse de rappeler à eux la présence implicite de la défunte pour conjurer sa propre solitude. Si les protagonistes expérimentent le manque, l’officier de police démultiplie leur détresse en livrant plusieurs incarnations tacites de Suk-ling : il récite ses mots par cœur, il chante sur l’estrade où elle se produisait, et comme elle, il se tourne pour pleurer dos au public. Comme un délicieux Charon qui refuse l’ultime passage à l’âme de la défunte, Chow Yun-fat se met à nu pour faire de la mort un moment dispersé dans le temps, essentiellement dans l’après traumatisme.
Espace-temps
À l’errance émotionnelle de ses personnages principaux, Amours déchus conjugue un voyage géographique en posant un temps ses caméras dans un Taïwan en complète contradiction esthétique avec l’intranquille Hong-Kong. Tony, Billy et Yuk-ping font pèlerinage sur les terres de l’essentiel en ramenant les cendres de leur amie à sa famille. Si cette portion du film aurait d’ordinaire été synonyme de tristesse profonde, le périple s’apparente au contraire à un retour joyeux mais nostalgique vers les landes du passé. Ceux qui se mentent à Hong-Kong y sont montrés tels qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes, dans une nature retrouvée après l’enfer de béton. Proche des enfants, Tony y est sincère, cabotin et heureux. Le mandarin, “une langue dans laquelle il est plus simple de dire “je t’aime”” baigne ce moment suspendu et est employée comme le levier linguistique de la vérité. Impossible de fuir ses démons et ses rêves dans l’espace culturel offert, enjoué par les plaisirs simples de la vie rurale. Taïwan et son patois est le lieu des grandes révélations et de la franchise, comme suggéré en entame du long métrage, la résurgence d’un cocon de l’enfance mélancolique.
“Aujourd’hui elle n’est pas très gaie. Alors elle chante en Mandarin”
Yuk-ping
Stanley Kwan exacerbe ce sentiment de plénitude retrouvé en ressuscitant les spectres de l’entame de son film. Les instantanés retrouvés d’une terre abandonnée éclatent à l’écran, dans un feu d’artifice tiré par des enfants aussi insouciants que les héros d’Amours déchus. Plus que tout, des éléments de la rencontre initiale entre Tony et Billy réapparaissent dans une soirée arrosée où les adultes s’adonnent aux jeux les plus enfantins. Les protagonistes voyagent à rebours dans le temps, ils revivent l’instant passé même s’ils ne peuvent que caresser l’extase perdue. Le retour de la voix de Suk-ling, à travers un enregistrement audio destiné à son fiancé, achève de faire de l’exode un épisode hors de la temporalité classique du film et confronte les tristes héros à l’acceptation d’une mélancolie sans laquelle il ne peut pas exister de plaisirs, il se heurtent à un temps de la vérité brute.
“Chung-hsiung, il y a quelques jours, sur scène, j’ai commencé à pleurer. En silence, mes larmes se sont mises à couler. Je me suis tournée pour me cacher des clients. J’ai chanté en leur montrant mon dos. Chung-hsiung, j’ignore pourquoi ce soir-là, j’ai commencé à pleurer. Peut-être parce que ma chanson m’émouvait ou parce que j’ai pensé à toi. Quand j’y réfléchis, j’ai pleuré parce que j’ai pensé à toi. Je t’aime.”
Suk-ling
Davantage que n’importe quel autre personnage, Billie est enrichie de ce périple dans une autre contrée. Celle qui chaussait frénétiquement des lunettes de soleil se confesse à Tony, lui avoue la fin de leur amour, en retirant méthodiquement les verres de montures tout juste achetées. L’héroïne n’altère plus son regard, elle constate sans ombrage la réalité de sa perdition amoureuse.
En réclamant un temps conséquent pour asseoir son intrigue dans un lieu où peuvent enfin se démêler les fils du destin, Amours déchus amplifie le sentiment initial éprouvé dans la représentation de Hong-Kong, qui n’apparaît que comme un lieu transitoire, une simple étape dans les pérégrinations d’oiseaux de nuit qui errent au long des nuits sans soif. La ville n’est qu’une carcasse de béton, en constante mutation, sans identité propre, comme l’appartement de Billie, aux murs bruts. La notion de départ nécessaire est réaffirmée tout au long du film, à travers les avions qui décollent vers des latitudes inconnues, montrés à travers une fenêtre, ou dans les multiples mentions de villes européennes et du Canada, pays qu’a quitté Tony pour s’échouer sur les rives de Hong-Kong. La cité est un carrefour du monde, un endroit qui demande du temps pour s’acclimater mais qui n’est qu’un bref arrêt avant de reprendre son périple, une simple correspondance dans le trajet d’une vie. Tout n’y est que factice, maquillé, transfiguré, comme les photos géantes de Billie qui ornent les grands magasins, temples de la surconsommation. Rien ne s’épanouit dans cet espace où viennent mourir les non-dits et les mirages d’une existence sans saveur. La nature disparaît, déracinée pour laisser place à des nouveaux immeubles sans personnalité, fausses perspectives d’un bonheur que les plus anciens savent illusoire.
“-Hong-Kong semble toujours plein d’espoir. Ça n’arrête pas de construire.
Tony et son père
–Mais qu’en est-il des gens qui l’habitent ?”
Il ne reste de la ville que des lieux vides après le drame des amours contrariés, des décors dépeuplés de leurs acteurs, montrés dès le générique de début de Amours déchus. De la passion, il ne subsiste que quelques meubles, comme la scène d’un théâtre déserté. Tout est alors affaire d’adieux dans le long métrage. Un douloureux au revoir à la ville, à la jeunesse perdue et irrattrapable, à l’amour insouciant et à la présence de celle qui unissait jadis le groupe d’amis autour d’un repas traditionnel. Le trait d’union s’efface doucement, gommé par le chagrin. Le refus du deuil apparaît ainsi comme une vaine tentative de lutter contre le temps qui passe pour des hommes et des femmes qui s’accrochent aux bribes d’un âge révolu. À travers plusieurs étranges divinations qui se révèlent toujours exactes, Billie témoigne au spectateur sa parfaite connaissance du passé, pourtant, au terme de son odyssée ordinaire, c’est vers le futur et l’inconnu qu’elle est vouée à se livrer. Comme la Nouvelle Vague hongkongaise, une nouvelle génération doit prendre son envol dans le film de Stanley Kwan, mais elle ne peut s’affirmer qu’à la lumière des blessures d’antan et au regard de ceux qui nous ont quittés sur l’itinéraire tortueux du destin. Le cinéaste livre un vibrant témoignage d’une mélancolie à fleur de peau et d’une sensibilité dont il habille chacun de ses personnages. À la recherche du temps perdu, comme l’inspecteur Lan, tous tentent de retarder l’inévitable fatalité du départ, mais tous sont également voués à accepter leur sort et à tracer un sillon personnel, désunis par la réalité mortifère d’une vie déjà bien vécue.
“À ce moment, Mlle Chiu espérait pouvoir tirer ce store, ouvrir la fenêtre, et s’envoler comme un oiseau. C’est triste. Ça fait longtemps que je n’ai pas vu d’oiseau”
Inspecteur Lan
En bref :
Lettre sentimentale adressée à une jeunesse qui se cherche et réclame de pouvoir se tromper, Amours déchus bouleverse de sa nostalgie et de sa sensibilité sincère.
Amours déchus est disponible dans le coffret Stanley Kwan, le romantisme made in Hong Kong, édité par Carlotta Films, qui contient aussi les longs métrages Rouge, Center Stage, Lan Yu et Yin ± Yang : Le genre dans le cinéma chinois.
En bonus, retrouvez dans le coffret :
• 2 entretiens inédits menés par Yves Montmayeur : “Un cinéma des genres made in HK” par Stanley Kwan (36 min) + “Maggie Cheung par… Maggie” (27 min)
• 2 entretiens avec le réalisateur Stanley Kwan (24 min)
• Un entretien avec le critique et historien du cinéma Paul Fonoroff (13 min)
• Le making-of de “Lan Yu” (37 min)
• 4 bandes-annonces originales
• Bande-annonce de la rétrospective “Stanley Kwan, le romantisme made in Hong Kong” (HD)