On ne va pas se mentir: c’est compliqué. Depuis vendredi, c’est même avec une certaine forme de dégoût que l’on associe “cinéphile” et “francophone”. Deux mots qui nous décrivaient si bien jusqu’à présent. Alors on ne va pas revenir sur la grande soirée de la honte, nous ne l’avions d’ailleurs que extrêmement peu évoquée de notre côté, contrairement aux Oscars que notre CM s’était amusée à live-tweeté. Mais au terme d’une année pourtant si riche qualitativement pour le cinéma français, il aura finalement fallu qu’une poignée d’imbéciles, convaincus que leur bêtise détient la vérité absolue, gâche tout en honorant l’infâme. Comment répondre à ça? On y a pas mal pensé, puis comme une évidence, on s’est dit que puisqu’il a été si peu question d’art, la meilleure solution était de sortir de notre mémoire 4 films qui tentent de faire avancer la cause des femmes dans le monde. Messieurs les affreux, à vous les distinctions fantoches, à nous les films !
Dans ce classique de l’animation japonaise, Mima, une chanteuse de pop, délaisse derrière elle sa carrière musicale pour embrasser un registre plus dramatique. En plus de la pression du monde artistique, elle va se retrouver victime d’un fan qui la harcèle, et qui multiplie les menaces.
Le combat:
Perfect Blue s’inscrit parfaitement dans la lutte des femmes du monde artistique. Non seulement le maître Satoshi Kon restitue parfaitement la pression des agents, de producteurs, et autre financiers, mais il démontre aussi à quel point une femme artiste est prisonnière de sa propre image au moment où elle tente de s’élever vers un art plus complexe.
2. 4 mois, 3 semaines, 2 jours (2007)
Dans la Roumanie des années 80, sous le terrible régime de Ceausescu, une jeune femme va tenter, avec l’aide d’une amie, d’avorter. Un crime passible de la peine de mort alors que la pilule est illégale elle aussi.
Le combat:
Au coeur du film, il y a bien sûr un plaidoyer pour la liberté de disposer comme une femme l’entend de son corps. Mais la palme d’or 2007 est aussi l’exemple parfait de la pression sociale qui s’exerce sur ces femmes et qui reste bien actuelle. Réduites à un simple rôle de “reproductrices”, les héroïnes du long métrage invitent le spectateur à se questionner sur le rôle des femmes dans la société. 13 ans plus tard, ces thématiques restent désespérément actuelles.
3. Wadjda (2012)
Wadjda, petite fille saoudienne, a un rêve simple: posséder un vélo. Redoublant d’ingéniosité pour lever les fonds nécessaires, elle va se heurter de plein fouet à la société saoudienne et aux conventions de son pays qui contrarient son désir.
Le combat:
Bien évidemment et malheureusement, c’est ici la place de la femme moyen-orientale qui fait débat. Tout le génie du film réside dans son scénario simple et efficace: quoi de plus naturel pour nous occidentaux qu’un enfant à vélo? Or, on démontre ici rapidement qu’un simple plaisir enfantin peut déclencher une véritable crise familiale et bouleverser le quotidien.
4. Portrait de la jeune fille en feu (2019)
À la fin du 18ème siècle, une artiste peintre est engagée pour réaliser le portrait d’Héloïse, destinée à son futur époux dont elle ignore l’existence même, dans le cadre d’un mariage arrangé. Recluse sur son île, le modèle va progressivement lier une relation forte avec l’artiste, alors que la date du mariage approche tel un couperet.
Le combat:
On vous voit venir: “forcément” diront les plus critiques. Et pourtant, loin du coup d’éclat salutaire et saluable d’Adèle Haenel pendant les Césars, c’est le film qui nous intéresse par-dessus tout. Réfracteurs contre réfractaires. Des luttes féminines, le “Portrait de la jeune fille en feu” en englobe plus d’une. Liberté d’émancipation sociale, de disposer de son corps et de ses biens, et désir simple d’aimer la personne de son choix, peu importe son sexe: derrière ses airs de film d’époque à l’esthétique parfaite, notamment en terme de cadrage, le film renvoie sans cesse à notre époque et aux débats que l’on a crus trop rapidement derrière nous. Il interroge, il interpelle, il bouleverse.
Que l’on soit homme ou femme, ces films ne s’oublient pas. Peu importe leur époque et origines respectives, ils invitent au questionnement de chacun. Du talent artistique, nous n’en avons que très peu sur notre humble petit site internet perdu dans les méandres du web. Mais si un jour, par hasard, un anonyme tombe sur ce petit édito sans prétention, et change un peu son regard sur le monde grâce à nos recommandations, alors c’est que cet article aura rempli son office. Et vous, quel film sur ce sujet vous a le plus marqué? On attend avec impatience vos recommandations, pour qu’ensemble, enfin, on réussisse à faire un tout petit peu avancer les choses.
