Ozark (Saison 1)

2017

de: Bill DubuqueMark Williams

avec: Jason BatemanLaura LinneySofia Hublitz 

Alors que la saison 3 est disponible depuis peu, c’est à la faveur de celle-ci que Les Réfracteurs ont décidé de combler leurs lacunes, et de se pencher sur “Ozark”, la série Netflix. Pour beaucoup, elle constitue une émulation de “Breaking Bad”, avec un niveau de qualité inférieur. Mettons tout de même en évidence quelques différences, mais aussi des traits communs, à travers notre critique de la première saison: l’occasion idéale pour vous aussi de vous plonger dans l’univers de la série.

« Ozark” c’est donc l’histoire de Marty Byrde (Jason Bateman), comptable au sein d’un cabinet peu recommandable qui blanchit l’argent de narcotrafiquants. Lorsqu’un jour, une somme importante d’argent disparaît, les criminels vont exécuter un à un les membres de la firme. Seul Marty s’en sort grâce à un plan improvisé: utiliser la zone touristique des Ozarks pour continuer l’opération de blanchiment. Marty, ses deux enfants, et sa femme dont il découvre au même moment l’infidélité, quitte donc Chicago pour aller se perdre dans ce décor de rivières et de forêts.

Il est certain qu’en jetant un oeil au résumé, certaines similarités avec “Breaking Bad” sautent aux yeux: cette famille typique, plongée de force dans l’enfer du trafic de narcotiques rappelle la série de Vince Gilligan. Pourtant, Marty et Walter White sont assez différents. Là où la série de AMC retranscrivait la déchéance des classes moyennes américaines, celle de Netflix englobe plus de problématiques, et s’attaque aux symboles typiques des États-Unis. La religion par exemple, qui sert activement de couverture à plusieurs délits. Les armes à feu également, lorsque le jeune fils de Marty éprouve une attirance malsaine pour les fusils. Mais d’une manière générale, c’est tout l’ultra-libéralisme incarné par Marty qui se voit mis à mal. Mais davantage de problématiques ne signifie pas forcément plus de qualités.

Premier écueil, la réalisation. Elle n’est pas mauvaise, mais manque cruellement de subtilité. La série, pour affirmer son identité, va suremployer la couleur bleue. Vêtements, bâtiments, ou lumière naturelle: on est à deux doigts d’un clip de Eiffel 65. On imagine évidemment que cette saturation retranscrit une espèce de “blues” ambiant, mais quel manque de finesse dans l’exécution. Quand en plus le montage est à la limite du passable, on ne peut pas ignorer toutes ces erreurs de réalisation.

Illu ozark

« Si on respecte même plus le café du matin, où va le monde? »

La famille de Marty semble aussi manquer de cohérence. D’une part à cause de toute cette histoire d’infidélité qui ne sert absolument pas le scénario, d’autre part car la jeune fille adolescente de la famille est particulièrement mal écrite. Caricaturale à souhait, elle ne sert pas vraiment à grand chose, à tel point qu’elle est quasiment absente de la fin de la première saison, comme si les showrunners s’était eux aussi lassés de ce personnage qui fait pâle figure face à son benjamin, bien plus pertinent.

Ces petites erreurs de caractérisation, plusieurs autres protagonistes vont en souffrir: la famille de Rednecks qui va rapidement s’opposer aux Byrdes est à jeter à la poubelle, à l’exception du personnage féminin, plus profond. Idem pour le policier undercover qui tente de remonter la piste des Byrdes: mal délimitée, toute sa partition semble sortie de nulle part et s’intègre incroyablement mal au reste de l’histoire. D’ailleurs, la pression qui pèse sur les épaules de Marty vient davantage du temps limité qu’il a pour blanchir l’argent que de la menace de l’enquêteur.

Et pourtant, à une certaine échelle, “Ozark” fonctionne. Cette épée de Damoclès permanente, cette course contre la montre est efficace et à l’instar d’un bon roman de gare qui nous invite à tourner les pages rapidement pour en savoir plus, on enchaîne avec plaisir les épisodes de la série et sa montée en pression. En passant par des facilités et des cliffhangers un peu bancals, mais prenant tout de même.

Surtout (et au risque de nous répéter), si le côté “famille dysfonctionnelle” est presque perturbant, le personnage de Jason Bateman apporte un regard neuf que l’on ne retrouvait totalement pas dans “Breaking Bad”. Un capitaliste en puissance, maniaque du contrôle, qui tente désespérément de reprendre la main, cela nous a paru pertinent. Un homme qui a passé sa vie à manipuler les dollars pour finir esclave de l’argent, ça fonctionne assez bien. Suffisamment en tout cas pour faire de la première saison de “Ozark” un moment sympathique, pas indispensable, mais agréable à regarder pour avoir sa petite dose de légèreté pas trop idiote.

Des défauts, “Ozark” en cumule pas mal. Mais il reste ce sentiment d’un vrai potentiel, suffisant pour que Les Réfracteurs se penchent sur la deuxième saison d’ici peu.

7000

Spike

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