
2019
de: Philipp Käßbohrer, Matthias Murmann
avec: Maximilian Mundt, Danilo Kamber, Lena Klenke
Dans la famille des séries internationales un peu barrées du catalogue Netflix, je demande l’Allemagne. Alors que le géant de la SVOD semble de plus en plus déterminé à mettre en avant ses productions du monde entier, voilà que nous parvient du pays de Beckenbauer le très singulier “How to sell Drugs Online (Fast)” et son pitch incroyable. Réussite ou échec?
L’histoire fait sourire (tellement que la série perd de sa tension): alors qu’elle revient des USA, Moritz (Maximilian Mundt) trouve sa copine Lisa (Lena Klenke) changée. Besoin d’une pause pour mettre des distances entre eux d’après elle, Moritz va en fait découvrir qu’elle prend depuis peu de l’ecstasy et se rapproche affectivement du dealer et beau gosse de l’école. De quoi faire griller un neurone a Moritz, grand geek devant l’éternel, qui avec l’aide de son meilleur ami Lenny (Danilo Kamber) et malgré ses mises en garde, va mettre en place une plateforme de vente d’ecstasy en ligne. Son succès est fulgurant et Moritz devient peu à peu un baron de la drogue.
Déjà, on vous voit sourire derrière vos écrans, et vous avez bien raison. On ne saurait dire à quoi cela tient mais “How to Sell Drugs Online (Fast)” est l’une de ses séries prenantes qui dictent un rythme soutenu et alimente perpétuellement l’envie du “un de plus et dodo”. Le duo formé par les deux amis fonctionne et on s’y attache malgré quelques travers.
En premier lieu desquels, il faut souligner que la série peut parfois être extrêmement naïve dans les confrontations de ses personnages. Comme si une bonne discussion suffisait à tout effacer. Une candeur qui serait presque de mauvais goût couplée au sujet principal, mais aussi à des éléments de scénario plus dramatiques. Clash ou coup de coeur, bien difficile de mordre à l’hameçon.

« Quand Papa devient trop envahissant »
Surtout quand certains personnages semblent aussi versatiles, à l’image de Lenny mais surtout de Lisa. La jeune fille est paumée, certes, mais elle a aussi bien du mal à choisir une ligne directrice. Bien sûr l’adolescence est faite de coups de coeur, mais ici on peut rapidement décrocher si on ne fait pas de vrais efforts.
Idem dans toutes ces séquences où des conversations Whatsapp ou autres écrans de téléphone sont insérées à l’écran. Une fois on sourit, deux fois on acquiesce, cent fois on meurt à petit feu. Cette espèce de réminiscence du cinéma est bien trop utilisée (et souvent problématique lorsqu’on ne maîtrise pas la langue inscrite).
Tout cela nous permet d’établir une vérité: “How to Sell Drugs Online (Fast)” tente bien trop ouvertement de séduire les geeks, et peu tomberont dans le panneau. Cette tranche de la population semble encore résister aux assauts répétés du monde du cinéma et des séries, et c’est ici d’une manière putassière qu’on tente d’en capturer une partie.
Pourtant, on rejoint la série sur un point: sa façon de détruire la “Succes Story” à l’Américaine de ces geeks. Si le monde actuel est entouré de patrons puissants issus de cette tranche de la population, les places coûtent cher et le talent ne garantit rien. Cela, la série n’hésite pas à le dénoncer avec vigueur après quelques épisodes et dès lors, on comprend que “How to Sell Drugs Online (Fast)” est aussi une mise en garde.

Pour son côté attachant et certains moments prenants, on continuera notre périple pour une saison 2 déjà promise. En espérant toutefois que la série saura faire son autocritique.