Le garçon au pyjama rayé

(The Boy in the Striped Pyjamas)

2008

réalisé par: Mark Herman

avec: Asa ButterfieldDavid ThewlisRupert Friend

À découvrir dans le cadre du festival « Vision d’Histoire » au cinéma « Caroussel » de Verdun, le dimanche 18 octobre 2020 à 11h00.

Voilà un dilemme auquel tous les parents sont confrontés un jour ou l’autre: comment expliquer les pires horreurs de la guerre à nos enfants? Comment aborder le sensible sujet des terribles camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale? Pour ça, on dégaine notre arme favorite, le cinéma, et on se penche sur “Le garçon au pyjama rayé”, présent dans la sélection jeunesse du festival “Vision d’Histoire”.

Mais avant de détailler forces et faiblesses de l’oeuvre, on se doit de vous prévenir: “Le garçon au pyjama rayé” est un film dur, sans concession avec la triste réalité. Avec cette logique narrative, on est presque obligé de mettre en garde ceux qui essaieraient de vivre la séance avec de trop jeunes enfants: oui, le film est pensé pour un public jeune, mais on destinera plutôt son message si important à une audience de collégiens, déjà au fait des plus hideuses horreurs de la guerre et un peu plus aguerris que leurs cadets.

Le synopsis: Bruno (Asa Butterfield), un jeune garçon allemand de 8 ans déménage à proximité d’un camp de concentration dont son nazi de père a la charge. D’un esprit aventureux, il va se lier d’amitié avec un jeune enfant juif prisonnier, avec qui il dialogue à travers les barbelés dans le plus grand secret. Le patriarche de la famille cachant la cruelle réalité à sa famille, c’est peu à peu que Bruno va saisir toute la logique mortifère de la réalité.

La plus belle réussite du “garçon au pyjama rayé” est sans conteste le parti pris de se placer à l’échelle de l’enfant. Innocent du fait de son jeune âge, Bruno se confronte à ses parents et dans leurs échanges se dessine toute l’absurdité de la situation. En opposition aux adultes, ce petit bout de garçon critique malgré lui toutes les exactions les plus mortifères de son père, alors qu’au loin s’élèvent des cheminés du camp de terribles nuages noirs issus des fours crématoires. Bruno ne sait rien du massacre qui se déroule à deux pas de chez lui et à mesure qu’il découvre la vérité, son jeune regard réussit à mettre en évidence l’horreur inhumaine qui prend place.

« Le fameux garçon donc. »

Si Bruno est plutôt intelligemment écrit, on est légèrement plus sceptique concernant sa soeur aînée, un peu plus au fait de la réalité de l’époque. Cette fille de douze ans apparaît comme une groupie nazie, affichant carrément des posters d’Hitler dans sa chambre. Un personnage un peu “too much” et pas franchement indispensable au récit, mais reconnaissons tout de même qu’il témoigne de l’endoctrinement des plus jeunes.

Les personnages adultes pourraient eux aussi être plus travaillés mais en les exposant, le film suit une logique assez claire. Le dilemme moral est bien amené que ce soit lorsque la mère de famille découvre la terrible réalité, ou lorsqu’un soldat allemand est arrêté pour ne pas avoir dénoncé son père qui a fuit en Suisse. “Le garçon au pyjama rayé” se destine à un jeune public et on comprend que si ses protagonistes sont un peu simplistes, ils n’en suivent pas moins un chemin clair.

Le garçon au pyjama rayé” est un film qui entend ne pas camoufler l’histoire. D’un bout à l’autre, son terrible message n’est pas parasité par des élans d’héroïsme incongrus. Non, ici on ne concède rien aux horreurs du régime nazi: voilà peut-être pourquoi on le destine à un jeune public déjà aguerri, mais on partage cette envie de ne pas travestir l’Histoire.

Fatalement, le film est à plusieurs endroits légèrement larmoyant, mais impossible de ne pas susciter l’émotion avec un tel sujet. Préparez vos mouchoirs, la séance peut être éprouvante moralement mais une fois de plus, on salue cette envie d’authenticité.

Un bémol toutefois: le découpage par endroit redondant. Il existe dans “Le garçon au pyjama rayé” un ventre mou qui offre malheureusement quelques répétitions dans son propos. Pas de quoi vociférer, mais indéniablement un coté perfectible de ce film si bouleversant.

Le cinéma, c’est aussi ça: un outil pour ne jamais oublier qu’il y a finalement peu de temps, à l’échelle de l’humanité, la folie des hommes a conduit au pire. Un regard sur l’Histoire mais également une mise en garde pour le futur.

Nicolas Marquis

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