
2018
avec: Mathieu Kassovitz, François Arnaud
À découvrir dans le cadre du festival « Vision d’Histoire 2020 » au cinéma « Caroussel » de Verdun, le dimanche 18 octobre 2020 à 11h00.
Fatalement, lorsqu’on a pour vocation de créer un festival du cinéma d’Histoire, le documentaire a une place de choix. La fiction aide à mettre en perspective et assimiler des sentiments complexes, mais une solide base de connaissance est souvent requise et pour parfaire sa culture, rien de mieux que quelques images d’archives. À ce petit jeu, la série de France TV “Apocalypse” remporte tous les suffrages et on s’incline devant le boulot fourni par les équipes d’historiens. Avec la diffusion de cet épisode consacré à l’après Première Guerre mondiale, on vous explique pourquoi cette séance est immanquable.
Pour ceux qui vivent en Alaska coupés de tout depuis dix ans, détaillons déjà le concept: “Apocalypse”, c’est une collection d’images d’archives mélangeant instantanés de la vie quotidienne et de grands événements, colorisées, et racontées par Mathieu Kassovitz.
Un procédé intéressant car avec l’usage de la couleur, l’Histoire nous semble plus proche, presque palpable. Bien sûr que le socle de connaissances passe par les livres d’Histoire, mais utiliser cette méthode permet également d’impliquer plus facilement les plus jeunes. Ce qui semble difficilement concevable à la lecture apparaît soudain incontournable en image.
Petit bémol, l’utilisation intempestive de citations, de grands hommes ou de quidams. Si deux ou trois fois passent encore, la manière dont le film y revient en permanence agace. Trop verbeux, trop lourd: on comprend la démarche d’authenticité mais on lève tout de même parfois les yeux au ciel. Un défaut qui reste franchement minime.
Si la série documentaire s’est rendue célèbre en colorisant les images de guerre, c’est ici la reconstruction qu’on cherche à exposer, mais pourtant, alors que les combats ont cessé, le spectre de la Première Guerre mondiale est encore partout. Chez les vaincus évidemment, dont les pays sont en ruines et qui vivent le traité de Versailles comme une humiliation, mais également chez les vainqueurs, qui pour faire place à la reconstruction n’hésitent pas à broyer des familles entières dans une logique anxiogène. Le matériel prend le pas sur l’humain dans une époque désastreuse.

« Ça va pas être la fiesta. »
“Apocalypse: la paix impossible” réaffirme aussi une vérité qu’on a à coeur chez les Réfracteurs et qu’on formule souvent ainsi dans nos articles: la guerre ne connaît pas de vainqueurs, juste des camps qui perdent moins que d’autres. Les populations civiles sont méprisées, la pauvreté et les ruines sont accablantes et pourtant, la machine politique lancée à vive allure ne fait pas cas de ces destins sacrifiés.
Ce que fait de mieux cet épisode, c’est sans conteste démontrer comment le destin du monde s’est joué entre une poignée de dirigeants qui n’avaient en tête que leurs privilèges. Tous ces pays ont semé des graines de discorde qui éclosent durant la Deuxième Guerre mondiale.
Ces graines sont plantées dans un terreau fertile à l’extrémisme: en humiliant les vaincus, et en cherchant à protéger des colonies plus ou moins légitimes, ce sont les première heures du soviétisme et du nazisme qu’on dessine. Les responsables des horreurs à venir sont parmi les gens puissants sans conteste possible.
Mais cet épisode, c’est aussi le témoignage d’une espèce de période incongrue, où se mélangent Joséphine Baker et les gueules cassées, les premiers fascistes et les foules en liesse, les infirmes et les athlètes. Un mélange qui apparaît forcément explosif à l’image et que le documentaire distille avec une science et un travail méticuleux.

Si vous n’avez jamais vu “Apocalypse” on vous le conseille chaudement car sa méthode est aussi pertinente qu’honnête. Une occasion avec “Vision d’Histoire 2020” de découvrir sur grand écran ce qui fut déjà montré sur le petit.